Abdelkader Bouhi qui a plus de 30 ans de carrière, qui est bien aimé de la population de Béjaïa dont il chante l’accueil toujours chaleureux de l’étranger, la générosité et la tolérance, s’est en effet éclipsé ces derniers temps de la scène musicale pour des raisons de santé. Et, Dieu merci, le voilà qu’il reprend le micro pour le plus grand bonheur de ses innombrables fans. Dimanche soir, à la Maison de la culture, c’est avec un véritable tonnerre d’applaudissements que le très nombreux public venu lui souhaiter la bonne reprise l’a accueilli.
Avec sa silhouette élancée dans un trois pièces gris et ses cheveux grisonnants qui lui tombent sur les tempes, il rend dignement les salutations au public et d’une voix émue par tant de sollicitude pour sa puissance et pour son art, il entame l’interprétation de sa chanson fétiche Vgaet a thamurtiw athin iazizen fouliw ourez miregh ara akem s’hough”, chanson où il loue chaque quartier de la ville en allant d’El Houma Ouvazine à El Houma Oucherchour en passant par Sidi Ouali et autres quartiers chers au cœur des Bédjaouis. Sa fille Silya, à peine sortie de l’adolescence, d’une beauté éclatante, lui emboîte le pas en interprétant de sa voix encore toute fillette deux de ses chansons aimées du public.
Pour Mourad Nacer, directeur de la Culture de Béjaïa, Abdelkader Bouhi est le chanteur qui symbolise le plus la ville de Béjaïa. Il est accueillant, attachant et tolérant tout comme la ville qui l’avait vu naître. Il est fragile par sa santé et sa silhouette frêle mais il est puissant et indestructible par son âme et les textes de ses chansons. Et ce concert, organisé en hommage à son talent, même s’il ne lui apporte rien sur le plan financier puisque les entrées sont gratuites, lui permettra tout de même, grâce aux retombées bénéfiques pour son aura de bien opérer son retour sur la scène artistique. Approché, le chanteur chaâbi bien aimé des jeunes, H’ssinou Fadli, dit H’ssinou Oued Ghir, déclare que pour lui c’est un plaisir et un honneur d’apporter quelque chose à son ami Abdelkader Bouhi qui se relève d’une longue maladie.
Yacine Zouaoui, un autre chanteur qui a répondu spontanément à l’appel de Abdelkader Bouhi, souligne, lui, le fait malheureux qu’il n’existe en Algérie aucun statut qui protège l’artiste sur le plan social, ce qui oblige les artistes à s’organiser entre eux pour s’entraider. De l’Indépendance à ce jour, l’argent alloué à la Culture a toujours été utilisé pour le prestige des gouvernants au lieu de servir à aider les jeunes talents à s’épanouir ou les artistes dans le besoin.
B. Mouhoub
