Kateb Yacine et Muhya revisités à Tifilkout

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Le deuxième jour des journées théâtrales Boubekeur-Makhoukh en hommage à Kheireddine Amroune qu’organise l’association culturelle Tafat de son village natal, a consacré la nuit d’avant-hier à deux monuments du théâtre algérien, à savoir Kateb Yacine et Muhya. En effet, la troupe théâtrale de l’association Tigmi d’Iguersaffen, qui a assuré le premier spectacle, a présenté la pièce de Muhend U Yahia, «Muh Uperpuche». La pièce en question est une adaptation «du malade imaginaire» de Molière, ajustée à la réalité kabyle par feu Muhia. Les comédiens venus d’Iguersaffen se sont montrés très lucides en interprétant merveilleusement les personnages tels qu’ils sont conçus par Muhya. Le public était attentif au jeu imprégné de la réalité que vit une famille kabyle. La pièce raconte l’histoire de ce garçon chéri d’une famille écartelée entre l’envie de vivre dignement et les plaisirs « démesurés » de Muh Uperpuche, épris d’une fille de son bourg. Le deuxième spectacle, tant attendu par le public, était le retour tonitruant de la troupe «Les Rigolos », eux même issus de l’association Tafat. Ces anciens élèves de Boubekeur ont présenté leur série de café-théâtre, comprenant, une série de sketchs, où s’entremêle comédie et tragédie. Au début, c’était à Boubekeur Allik de jouer un monologue de Muhend U Yahia, « Miss N-Tajalt », qui raconte cette histoire d’un homme sans repères familiaux. Déambulant entre une vie d’errance qui déclamait l’amour raté et la situation peu enviable devant la réussite de tous les proches. Le jeu de Boubekeur Allik a laissé surpris tout un public. Entre expression corporelle adaptée à la comédie d’un texte ficelé par l’auteur, il se bascule vers une tragédie qui réveillait en le public les arbitrages d’une conscience ébranlée par une vie de misère. Après cette tragicomédie, les rigolos ont laissé place au rire et à la joie. Une série de sketchs excitée les milliers de présents. « Le Médecin », interprété par le trio Madjid, Arezki et Madjid, s’en suivra, encore une fois, Boubekeur Allik dans un passage du Cadavre encerclé de Kateb Yacine. Le texte adapté en kabyle et une mise en scène de professionnels sonnait le glas à l’amateurisme d’un art réduit à sa simple expression. De son côté, Amar colombo a interprété la célèbre monologue de Slimane Ben Aissa, Ana Djeddi.

Pour la journée d’hier, M. Saïd Chemakh, maître de conférence à l’Université de Tizi Ouzou; donnera une conférence sous le thème du théâtre d’expression amazighe.

Pour la soirée, ça sera à la troupe de Draâ Ben Khedda de présenter leur travail. Ensuite, la troupe de Baraki pour clôturer la soirée. La deuxième soirée des journées théâtrales Boubekeur Makhoukh de Tifilkout, est cette occasion de remémorer nombres d’artistes disparus.

A l’instar de Muhend U Yahia, Kateb Yacine, Bouguermouh…, Tifilkout est devenue la capitale de l’art. Les jeunes artistes des Beaux arts de Azazga ont réalisé des tableaux de peintures et des fresques sur les mûrs des places publiques du village.

Mohamed Mouloudj

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