Au cimetière de Zemmouri, quelques heures plus tôt, l’enterrement des deux jeunes- Nadjib et Wassim âgés respectivement de 20 et 23 ans, s’est déroulé en présence d’une foule nombreuse où l’on, remarquait les notables de la commune et d’autres responsables de la wilaya de Boumerdès. Un sexagénaire eut, alors, ces mots : “S’ils ( les terroristes) comptent nous intimider, ils se trompent lourdement.” Comprenant certainement le geste de son voisin qui lui aurait enjoint alors de se taire, le même citoyen assénera : “Tôt ou tard, les hordes terroristes seront anéanties.” L’on a compris un peu plus tard, que de telles phrases sont signées par un ancien GL dont la famille est elle-même, victime du terrorisme. Comme d’autres résidants, il veut maintenant être de nouveau pleinement engagé, comme naguère, dans la lutte antiterroriste. La mission des Groupes de légitime défense se limite à fournir des renseignements aux services concernés, en plus de la surveillance, ici et là, de certains sites sensibles. Vigilance. Le mot est sur toutes les lèvres. Mais comment traduire dans les faits, cette antienne constamment réitérée par les instances de sécurité. L’on peut presser le pas, chaque soir, en regagnant son domicile. Et prendre garde en en ressortant pour faire ses courses ou se rendre à son travail. Mais maintenant, s’inquiète -t-on, l’horreur peut s’abattre sur nous, partout, et à n’importe quel moment. Pour commettre ces carnages, les commandos de l’ex-GSPC recourent à de nouvelles techniques diaboliques qu’on ne pouvait prévoir, il y a quelques années. Dans le petit port de Zemmouri, ce samedi vers 21h30, le décor d’horreur a été brusquement planté en quelques secondes. Là aussi- après des scènes apocalyptiques similaires vécues, durant ces derniers mois à Tizi-Ouzou, Lakhdaria, Naciria et Thénia- une attaque kamikaze a fait de nombreuses victimes. Après l’explosion, on avait retrouvé les corps calcinés de Wassim et Nadjib. Un jeune vendeur de tabac fut, lui aussi littéralement projeté en l’air par la forte déflagration, ce dernier, est étranger à la région. Trois autres morts y ont été recensés dont deux originaires de Jijel et le troisième de Lakhdaria, a-t-on signalé. Le bilan des morts reste mitigé selon le témoignage des riverains, puisque le jeune H’Mimid (surnommé Oulid El Moumen), donné pour mort, était hier, quoique dans un état grave, alité dans un hôpital à Alger… Parmi les blessés évacués à Boumerdès et Thénia il ne restait, selon le bilan d’hier, que deux (2) sous surveillance médicale. L’ex-GSPC avait planifié, là encore, son coup d’éclat en s’appuyant sur un de ses éléments candidats au suicide, mais suffisamment endoctriné pour tuer d’autres Algériens qualifiés d’infidèles ou suppôts des “taghout” (tyrans). L’explosion fut si violente que les plafonds de deux bungalows, heureusement inoccupés au moment du drame, se sont effondrés. Dans une autre habitation voisine, fortement détériorée par le souffle des explosifs- que contenait la camionnette Hilux du kamikaze- un enfant de cinq ans a été blessé à la tête. Les vitres de certains locaux ont volé en éclats. Dans la même circonstance dramatique, la loge de l’Office national des eaux usées (ONA) fut pratiquement écrabouillée. Le gardien était sorti, quelques minutes plus tôt, pour prendre un café quelques mètres plus loin. Au siège de l’ONA, il y a eu la destruction de la cellule de moyenne tension (30 000 volts,) l’affaissement de nombreux pans de murs et la détérioration du déquilleur servant à rammaser les déchets solides charriés par les eaux usées. Le siège des garde-côtes a été lui aussi sérieusement touché par l’explosion de la voiture piégée. “Pourquoi ces tueries?” se demandaient, hier encore, les riverains. “Sommes-nous toujours en guerre” enchaîne un jeune avec ironie. D’autre personnes seules ou accompagnées démontraient, hier matin par le geste qu’elles ne céderaient jamais au chantage de l’islamisme. Elles pressaient le pas pour faire trempette sur la plage de Dzira, jouxtant le périmètre ciblé. Ce site et d’autres encore, réputés pour leur sable fin, grouillaient de monde ce lundi. Mais tous veulent profiter des vacances loin du bruit des bombes et des râles des victimes de la horde islamiste.
Salim Haddou