“Le Mouloudia de Béjaïa a vu le jour après la fusion de l’USB et du CSB ; j’étais parmi le premier groupe qui a donné naissance à ce club avec les Saïd Aouchiche, président de l’USB, Kasri Allaoua, Oudali, Ali Hadahoum, Talantikit, Tebbache, Tazarout, Djaouadi Amar, Redouane Redouani, Said Babacha,…’’ Dda Allaoua, qui a joué au MOB pendant 6 mois avant de tenter sa chance en France, ajoute : “En 1954, j’ai pris mes bagages pour me rendre à Marseille à bord d’un bateau de marchandises. J’ai joué dans un club amateur pendant une saison avant d’intégrer Château Gambart où j’ai gagné la coupe provençale (sud-est) en 1957. Une année après, j’ai fait un test convaincant avec l’OM mais mon président m’a orienté vers le SETE où j’ai passé de très bons moments….’’
La rencontre, qui est restée gravée dans la mémoire du professionnel bougiote est ce- du tournoi de la Coupe de France. “Cette année-là, en 1958, on a eu la chance d’avoir été loin contre la grande équipe de Reims ou évoluaient presque la totalité des joueurs internationaux français, détenteurs de la 3e place au mondial de Suède tels Collona, Vandelin, Janquet, Piantonnet, Coppa, Jean Jaques, Fontaine. Ce match, joué au stade du Vélodrome de Marseille, est revenu à cette grande team après prolongations grâce à une erreur de notre arrière droit à la dernière minute. L’espagnol Balmania, notre entraîneur, a su trouver la tactique pour contrecarrer ces stars françaises. On a joué aussi plusieurs matchs ici, en Algérie, à Constantine, Bel Abès et Oran….’’ Le militant nationaliste a quitté Sete pour Cherbourg où il a passé 3 bonnes saisons
Concernant l’équipe du FLN, il nous affirme : “J’étais dans la 2e vague qui devrait rallier Tunis avec Ahmed Arab, Soukhane, Bouchache et les autres mais comme j’étais marié et père de 2 enfants, les responsables politiques m’ont autorisé à rester en France. Après l’Indépendance. Je n’ai pas voulu faire de carte de moudjahid malgré mon engagement total pour la cause nationale. J’étais responsable de section en France et j’ai fait çà par devoir envers ma patrie c’est tout…’’
Après l’indépendance, en 1964, il est revenu à sa ville natale et directement au MOB où il a passé 2 saisons comme entraîneur / joueur. À une question sur les contacts à ce moment-là, il nous repond : “J’avais plusieurs contacts avec le CRB, le NAHD et le MCA, j’ai même fait des essais avec le CRB et le NAHD mais je n’ai pas voulu quitter Béjaïa malgré l’insistance de Ali Benfeddah pour m’enrôler au RC Kouba et de Soukhane au MCA. Le MOB était méconnu à cette époque et c’est grâce à moi qu’il a pris une autre dimension…’’
Dda Allaoua a aidé et entraîné beaucoup de clubs de la région comme le MOB, la JSMB, Akbou, Amizour, Tichy, le CCB, la Sonama, l’armée et la police.
Il regrette l’amitié qui a disparu chez nos sportifs d’aujourd’hui en affirmant que “au temps de l’USB, il y avait une grande camaraderie alors qu’à mon retour de France j’ai découvert un autre visage surtout avec l’apparition des clans au sein du MOB, vraiment j’étais très déçu,” avant de continuer : “…Parmi les présidents qui m’ont marqué il y a Saïd Aouchiche,et Abboud alors que j’ai évolué avec de talentueux joueurs tels Hamid Oualdali, Hafid Khellil, Bouzemboua, Gaoua Azzedine, Kennane Hafid, Zahir Ladjouze….’’
A une question sur la star mobiste de l’époque, à savoir Mokhtar Bouzemboua, Dda Allaoua nous explique : “Il est pétri de qualités, j’ai changé de poste pour lui laisser plus de champ libre afin de s’exprimer, son défunt père n’a pas voulu qu’il parte ailleurs, même Oualdali et Fuster sont de très bons footballeurs….’’ L’homme qui a passé plus de 62 ans dans les stades regrette la situation désastreuse de notre sport roi en affirmant : “Actuellement, beaucoup de personnes courent pour présider les différents clubs ; ils s’intéressent trop aux affaires au détriment du sport et la raison essentielle qui a fait régresser le niveau du football est l’argent.
Si les responsables ont créé un vrai professionnalisme avec des contrats de 2 à 3 ans, les clubs et l’équipe nationale tireront profit car il y aura des résultats probants…’’
Dda Allaoua revient sur la coupe d’Algérie arrachée hautement par la JSMB en disant “…C’est un très bon succès pour toute la wilaya ; ils ont honorés Bougie et ce n’est que le début car ils vont reprendre confiance. Ils peuvent arracher d’autres titres : pourquoi pas le championnat, puisqu’ ils ont un très bon groupe…..” Malgré son âge très avancé, 78 ans, Khima n’est pas resté à l’écart du football “…J’ai créé une équipe sport et travail du quartier Taâssast et une équipe de jeunes que j’ai nommée l’ USB avec laquelle je n’ai pas moins de 35 enfants de 11/14 ans. Malgré l’aide de l’APC et de la DJS, que je remercie au passage, je manque de l’essentiel pour moi, à savoir, un local où je peux inculquer à ces chérubins les schémas tactiques et leurs emplacements sur le terrain ; j’ai beaucoup de jeunes qui ont intégré cette année le MOB et la JSMB. Un autre inconvénient réside toujours, à savoir, le manque de compétition car la ligue n’a pas jugé utile d’organiser une coupe de wilaya pour cette catégorie donc on comble ce vide par des matchs amicaux…’’ Le dernier mot de Khima Allaoua est un message de remerciement à “…Nacer Yahiaoui, les membres de l’APC, les membres de l’APW et le directeur de la DJS. J ’appelle ses responsables à aider plus ces jeunes qui pourront être de grandes stars s’ils sont bien encadrés ; je ne peux pas oublier les anciens joueurs du MOB et de la JSMB qui sont de très bons amis et très reconnaissants envers moi sans oublier mon ami intime Salah Addour…’’ Espérons que les responsables locaux rependront à ces appels qui viennent d’un monsieur de 78 ans et dont la carrière est derrière lui. L’amour du football et la volonté de transmettre son savoir aux futures générations sont des preuves tangibles que Khima Allaoua est un éducateur hors pair.
Zahir Hamour