Un ramadhan sous haute surveillance

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Le mois de ramadhan a débuté hier pour les Algériens, précédant la rentrée scolaire de dix jours et sous un climat de haute tension. Que ce soit sur le plan sécuritaire ou social, les Algériens entament le jeûne la tête ailleurs. Tout d’abord, la flambée des prix des produits alimentaires additionnée à un climat de psychose surtout après les attentats perpétrés ces derniers 15 jours. Ainsi, la capitale vit à ce rythme avec un dispositif de sécurité qui quadrille la ville laquelle enregistre durant ce mois une affluence record. A l’entrée d’Alger, les bouchons interminables n’en finissent pas et les automobilistes sont livrés à eux-mêmes dans leurs véhicules sous une température caniculaire. Lors de notre tournée dans l’Algérois, nous avons visité quelques marchés afin d’y prendre la température qui y règne ainsi que les prix des fruits et légumes, les viandes et les produits alimentaires de première nécessité.

Un dispositif sécuritaire imposant

Que se soit en civil ou en uniforme, les services de sécurité quadrillent la capitale. Risques d’attentats, criminalité en hausse, banditisme, Alger se transforme durant le ramadhan en véritable  » favéla  » grandeur nature. Il faut l’avouer, cette période est très sensible. Le jeûne rend la personne incontrôlable et souvent des rixes éclatent, les vols aussi sont monnaie courante. Les grands boulevards et les places ou endroits menacés par les attentats sont quadrillés par les services de sécurité, des hélicoptères font des va-et-vient en survolant toute la ville. Même scénario la nuit pour assurer la sécurité des famille friandes de balades nocturnes en ce mois.

A l’entrée de la ville ce sont des bouchons interminables qui caractérisent le début de ramadhan, les fouilles sont monnaie courante surtout celles des camionnettes ; des rues seront même fermées à la circulation avant el adhan, des policiers en civil scrutent les passants d’un œil de lynx. Ainsi, le ramadhan de cette année est placé sous le signe de “la vigilance et de la tension” surtout après les derniers attentats perpétrés dans les wilayas de Boumerdès et Bouira. Ali Tounsi a procédé hier à l’inauguration de huit sûretés urbaines de proximité à Alger coïncidant avec le mois de ramadhan tout en rassurant les citoyens surtout ceux habitant les quartiers populaires.

Un coup de massue pour les petites bourses

Notre première halte a été le marché  » Ali-Mellah  » du Champ de Manœuvres, à l’intérieur un monde fou se précipite afin de faire les derniers achats tôt le matin pour éviter toute surprise désagréable. Durant le mois de ramadhan le marché ferme ses portes à 14h, sur les étals des marchands les prix affichés ont augmenté de plus de 50 % en à peine une semaine. Produit basic pour les ménages algériens, la pomme de terre est cédée entre 35 et 55 DA, la tomate entre 60 et 80 DA, la carotte à 50 DA. À la sortie du marché, plusieurs pères de famille rentrent le couffin presque vide, un citoyen visiblement déçu nous dira à ce sujet :  » Je suis marié et père de cinq enfants, et avec la rentrée scolaire qui arrive en même temps que le ramadhan ça dépasse mon salaire de misère ne suffit plus ; les viandes rouges c’est une fois par semaine dans notre chorba. Pourquoi les autorités laissent faire « . A côté, des enfants et des jeunes ont installé des tables de fortune pour vendre du céleri, epinards, blettes et, surtout, les fameux  » diouls  » produit très prisé durant le ramadhan, d’autres vendent des œufs et des conserves à même le sol. A l’intérieur du marché des queues se formes au fur et à mesure que le temps passe. Il est 10h30. Le marché grouille de monde, un commerçant a accepté de nous donner quelques explications sur l’origine de la hausse des prix durant ce mois :  » Cette année, je juge que la hausse des prix reste raisonnable par rapport aux années précédentes, jugez vous-même : la tomate avant le début du ramadhan affichait un prix avoisinant les 50 DA et maintenant elle est vendue à hauteur de 70 DA. Alors que l’année dernière elle avait doublé, cela s’explique par la forte demande « . A côté, au marché des viandes. Peu de monde comparé au marché des fruits et légumes : des Chinois, des Européens font leurs achats, les Algériens quant à eux se ruent vers les rayons de viandes congelées plus à leur portée.

Les prix affichés sont raisonnables entre 320 DA et 400 DA le kg. Autre lieu, le marché Meissonnier ici, les prix sont supérieurs au marché  » Ali-Mellah  » La viande rouge est proposée entre 620 et 900 DA.  » Je suis ici juste pour voir, je n’ai prévu aucun achat de viande, jugez vous-même le contenu de mon couffin « . Ainsi, les petites bourses devront se serrer la ceinture pour joindre les deux bouts pour s’en sortir vu la flambée des prix.

Les autorités face aux vendeurs occasionnels

A chaque approche du mois de ramadhan, certains commerces se convertissent en vendeurs de  » zlabya « , autres brioches et qalb elouz, Cette année, les pouvoirs concernés ont décidé de livrer une bataille sans merci contre ces pseudo commerçants qui profitent du mois sacré pour tirer un maximum de profits sur le dos d’honnêtes citoyens. La lutte contre le respect des règles d’hygiène n’est pas en reste ; ainsi, les services de l’hygiène de la wilaya d’Alger inspectent régulièrement les commerces dont la marchandise est sensible à la chaleur, comme les boucheries, les vendeurs de volatiles ainsi que les conserves et les vendeurs de zlabya. Dans les magasins d’alimentation générale, des produits dont la date de péremption approche sont cédés à prix cassés, comme la mayonnaise, le ketchup et autres conserves. Ainsi, un dispositif spécial a été mis en place par les autorités afin de venir à bout de ces pratiques illicites. Plusieurs commerces ont été fermés pour pratique frauduleuse et absence de registre du commerce : des saisies record en matière de produits alimentaires avariés. Mais le produit alimentaire le plus surveillé cette année est la viande congelée ou des rumeurs courent comme quoi elle se serait  » hallal « . Au sein des marchés, des discussions tournent autour de ça. Le mois de ramadhan reste le mois le plus sensible en matière d’alimentation.

Hacéne Merbouti

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