Autant dire que le ministre n’est pas dupe de l’agitation des dirigeants du port qui pensent voiler leur faillite managériale par le recours à l’organisation de séminaire “pointu” tel que celui qu’avait abrité, hier, le campus d’Aboudaou.Il faut rappeler que la privatisation a été toujours pensée dans l’optique des pouvoirs publics comme la sanction de l’échec du mode de gestion public.“Le secteur des transports ne répond pas de manière satisfaisante ni aux besoins de l’économie, ni aux attentes de la population”, a lâché de but en blanc Mohamed Maghlaoui.S’il fait l’honneur à l’EPB de présider à l’ouverture de son séminaire, c’est parce que justement, explique-t-il, cette entreprise s’est engagée à travers son partenariat avec le Singapourien Portek, dans la direction de la privatisation. “Si nous sommes aujourd’hui à Béjaïa, c’est parce que c’est ce port qui a été le premier à ouvrir un segment de son activité au partenariat public-privé”, a clairement déclaré le ministre des Transports. Reste à savoir si le pilotage des opérations de privatisation par les actuelles équipes managérialles constitue le meilleur moyen de parvenir à une meilleure efficience dans la gestion des entreprises portuaires.Le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia avait indiqué, lors de sa déclaration de politique générale devant l’APN, que le port de Bgayet constitue une entité à privatiser en toute urgence. “Nos ports ne sauraient demeurer dans un état qui fait le coût de transport d’un conteneur entre l’Europe et l’Algérie est de 1 000 dollars alors qu’ailleurs, entre les Etats-Unis et l’Europe, il n’est que de 400 dollars”, indiquait Ahmed Ouyahia comme illustration de la faillite de la gestion des ports du pays.La sonorité toute magique de certains intitulés ne peut voiler l’éclat des clignotants qui virent au rouge sur le tableau de bord de la gestion de cette entreprise.La SNCM avait renoncé à desservir le port de Béjaïa, en basse saison, en raison du coût de remorquage jugé “exorbitant”. La récente initiative de dragage du port a engendré la mort par asphyxie de plusieurs centaines de poissons. Des soupçons de vétusté pèsent encore sur l’équipement du terminal à conteneurs fourni dans le cadre du partenariat avec Portek, terminal présenté aujourd’hui comme un premier jalon dans la démarche de privatisation.
Mohamed Bessa
