Tout le monde en parle !

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Ça y est, c’est fait. Le Conseil du gouvernement vient d’examiner et d’endosser quatre projets de textes relatifs aux assemblées locales. Si cette démarche a d’ores et déjà eu le mérite de mettre fin au scepticisme affiché par les uns, et de narguer les menaces formulées par les autres, elle n’est assurément, toujours pas en mesure d’enterrer la polémique. Tout au contraire, les débats portant sur la révocation des indus élus en Kabylie n’en seront que plus houleux.La population locale, en sa qualité d’observateur avisé, en parle copieusement (déjà !) depuis ce week-end. Pas uniquement parce qu’elle se sent directement concernée par une telle décision, mais aussi, et surtout, dans le souci de meubler des discussions qui commençaient à devenir franchement ennuyeuses depuis l’entame de la saison chaude. Les avis, bien que dénudés de toute approche politicienne, ne divergent que sur certaines futilités. Dans l’ensemble, une seule et même vision est partagée par les citoyens ; celle de ne pas trop s’“émicer” dans les affaires des politiques, auxquels on préfère laisser le soin d’“agir dans l’intérêt général”. Inéluctablement, une telle attitude témoigne d’une impassibilité avérée, voire exagérée, pour une région aussi portée sur la chose politique. Mais à bien y regarder, la chose n’a rien de surprenant. Depuis octobre 2002, date de la tenue des élections locales, la Kabylie n’a fait que centrer ses débats, ses réflexions, ses intérêts, (et même sa protestation !) dans un cadre exclusivement réservé à ces même assemblées. Aujourd’hui que l’Etat décide de concrétiser la dissolution, ou de la prolonger pour quelque temps encore, ça ne semble pas susciter un intérêt particulier au sein de la communauté kabyle. Une communauté qui continue d’en parler, certes, mais d’une manière incroyablement désintéressée, très distante des véritables enjeux qu’une telle démarche peut contenir. “Que le renouvellement des instances localement élus se fasse par décret ou par consentement des élus, ça ne diffère guère pour moi. Personnellement, je préfère plutôt attendre et vérifier que cette décision est vraiment porteuse pour notre région…”, nous disait Samir, un ingénieur exerçant à Tizi Ouzou. Boualem, son copain, est encore plus explicite : “Peut-être qu’une telle décision permettra d’assainir la situation, toujours pendue, des 33 communes qui demeurent sans maires depuis bientôt 3 ans, mais je trouve qu’on ferait mieux de changer, préalablement, nos mœurs de gouvernance avant de changer nos maires. Notre kabylie a besoin d’hommes, et non d’institutions administratives…!” Le message est donc plus clair que jamais, les Kabyles demeurent sceptiques, mais confiants.Ceci étant, il serait naïf de croire que cette réaction, mi-froide, mi-attentionnée, soit également partagée par la classe politique. A l’heure qu’il est, les archs jubilent, le FFS proteste, et les élus du FLN et du RND, trop indécis jusque-là, préfèrent se taire. Eux aussi ont trop parlé de cette dissolution, au point de défier leur propre direction. Pour tout ce beau monde, la polémique ne fait que commencer.

Ahmed B.

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