Tous au FLN !

Partager

Quand ils ont rejoint le Parti des travailleurs, ils étaient au trotskysme à peu près ce que Ali Benhadj est à la démocratie. Mais ça ne les dérangeait pas. Ils ont découvert la politique comme un vendeur à la sauvette découvre le “créneau porteur” du moment. Il fallait juste trouver un parti d’accueil, là où la concurrence est moins féroce et les places donc plus accessible des vocations sortaient de terre, sans parcours, sans culture et sans conviction en dehors du fait qu’un tremplin de promotion sociale était finalement à portée de main pour qui avait du culot. Ils ont rejoint un parti qui a largement entamé les limites historiques de sa doctrine, mais en conserve la sève populiste qui justifie les nouvelles amitiés islamistes et le pas franchi vers les délices du pouvoirs. Un parti qui a commencé par vendre son âme au diable avant de la perdre. Ces “militants” sont députés ou cadres du parti, ils n’ont peut être jamais songé à en être des militants. Alors sans état d’âme, ils émigrent vers d’autres partis, plus rassurants en termes de perspectives de carrière et parfois même plus clairs en termes d’“options” Réalistes, ils veulent mettre toutes les chances de leur côté pour l’avenir et si, à Dieu ne plaise, la carrière venait à être interrompue, il vaut mieux être dans la posture de celui qui en a le plus profité. Réalistes, mais logiques aussi. Comme il vaut mieux avoir affaire- c’est vraiment le cas de le dire- au bon Dieu qu’à ses saints, autant aller dans la maison-mère plutôt que de prendre le risque, même minime, d’une succursale. M. Belkhadem, qui vient d’annoncer en grande pompe le ralliement de députés du PT au FLN, minimise, à son corps défendant, la dimension qu’est en train de prendre son parti. Il est vrai qu’il nous a habitués à être le dernier informé de ce qui se passe, mais il doit y avoir quand même quelqu’un pour lui chuchoter à l’oreille : “Mais tout le monde est maintenant au FLN, Monsieur le secrétaire général !” Prenez, par exemple, les députés “indépendants.” Ils viennent non seulement de se fondre dans le grand moule de l’Assemblée nationale, mais ont débordé de ses murs pour être dans l’air du temps. On ne leur connaît aucun moment de mobilisation particulier alors que les opportunités n’ont jamais manqué, on ne savait même pas qu’ils pouvaient être capables de parler de la même voix, on ignorait ce qui pouvait les rassembler ou les séparer, voilà qu’ils nous font une leçon magistrale : ils s’entendent finalement sur “l’essentiel” ! Parrainés par des cercles occultes jamais loin du sérail, cooptés en représailles des partis dont ils sont les dissidents programmés ou simplement “élus” grâce à l’argent qu’ils ont pu mettre, on ne sait jamais rien d’eux en termes de programme, de discours et de proximité politique. On a même découvert que “l’indépendance” pouvait être une famille politique et suffire à la formation d’un groupe parlementaire. Un “indépendant” islamiste peut donc parfaitement s’allier à un “indépendant démocrate” Et vogue la galère. Ils ont fait campagne en nous disant qu’ils “n’étaient avec personne.” Normal qu’à l’heure de vérité, ils nous disent qu’ils “sont avec tout le monde.” Surtout quand le “tout le monde” est si commode.

S. L

[email protected]

Partager