“Certains de vos chiffres datent de 2005”

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De prime abord, c’est le DSP de Tizi-Ouzou qui prendra sur lui d’énoncer un long exposé chiffré portant sur tout ce qui a trait à son secteur. Des infrastructures aux potentialités humaines en passant par la couverture sanitaire, le schéma organisationnel, les prestations hospitalières et les préventions, le DSP à, deux heures durant, passé le secteur de la santé et de la population au peigne fin, et ce, suivant une démarche méthodologique très stricte.

Le secteur privé représente 8% de capacité d’hospitalisation de la wilaya

Le dispositif infrastructurel déployé sur le territoire de la wilaya de Tizi-Ouzou est réparti comme suit. Il y a, d’abord, les structures hospitalières implantées dans les chefs-lieux des daïras de Aïn El Hammam, Azazga, Boghni, Drâa El Mizan, Larbâa Nath Irathen, Azeffoun et Tigzirt, lesquelles totalisent une capacité globale de 1 124 lits.

À cela, il faut ajouter le dispositif médical du CHU de Tizi-Ouzou, qui est constitué de deux unités hospitalières (hôpital Nédir-Mohamed et hôpital Belloua) totalisant 1 033 lits. Il y a aussi, toujours à Tizi-Ouzou, des établissements hospitaliers spécialisés (EHS) dans les spécialités de gynécologie-obstétrique (82 lits) et de psychiatrie (330 lits) implantés à Oued Aïssi.

En matière de « structures légères », le secteur de la santé recèle 57 polycliniques et pas moins de 268 salles de soins. Ces structures, comme leur nom l’indique insidieusement sont déployées à travers les communes et les villages de la wilaya et sont destinés pour couvrir la population en besoins de santé de base.

Pour ce qui est de la formation, le secteur compte deux écoles de formations paramédicales, l’une au chef-lieu de wilaya et l’autre à Aïn El Hammam.

Ces deux établissements totalisent une capacité pédagogique de 560 places et 400 lits d’internat. Une école paramédicale privée, d’une capacité de 50 places, verra le jour lors de la rentrée scolaire 2008/09. En tout, ils sont pas moins de 952 élèves à suivre une formation paramédicale dans les options de soins infirmiers, anesthésie et réanimation, sages-femmes, puéricultrice, laboratoire, radiologie, etc.

D’un autre côté, et à la faveur d’un assouplissement notable de la réglementation portant sur l’investissement dans le secteur, et pour renforcer la logique pronée par les autorités portant sur  » un secteur public de santé fort et un secteur privé complémentaire”, l’infrastructure privée s’est développée, selon le DSP, d’une manière relativement accélérée à Tizi-Ouzou. Lors de la décennie, 12 cliniques médico-chirurgicales ont été créées à Tizi-Ouzou, Drâa Ben Khedda et Mekla, trois autres cliniques ambulatoires spécialisées dans l’ORL et l’ophtalmologie et trois centres d’hémodialyses dotés de 56 postes de dialyse ont également vu le jour à Tizi-Ouzou.

A eux tous, ces établissements totalisent une capacité de 180 lits. Six autres cliniques sont actuellement en projet dans la wilaya.

La présentation du secteur, telle que faite par le DSP, s’est terminée sur le volet des ressources humaines.

À cet effet, il a été dévoilé que le CHU de Tizi-Ouzou emploie 278 médecins spécialistes, 69 médecins généralistes, 23 chirurgiens dentistes, 4 pharmaciens et 830 paramédicaux. Pour les autres structures de santé, les statistiques font état de 138 spécialistes, 408 généralistes, 241 chirurgiens-dentistes et 2 375 paramédicaux.

Le secteur privé compte, lui, 230 cabinets de spécialistes, 232 cabinets de généralistes, 266 de chirurgie dentaire, 206 pharmacie et 76 paramédicaux.

Notons, ici, que malgré un développement assez significatif, les établissements hospitaliers privés ne constituent que 8 % de la capacité d’hospitalisation totale de la wilaya. Le personnel médical exerçant dans les cliniques privées ne représente que 2,5% des effectifs globaux.

Cap sur la nouvelle carte sanitaire de la wilaya

Lors des travaux d’hier, une explication très consistante a été donnée aux présents quant au tout nouveau plan organisationnel décidé par la tutelle ainsi que les nouvelles dénominations qui en découlent.

Si l’ancienne organisation a opté pour des établissements communément appelés hôpital, polyclinique, centre de santé, salle de soins, etc, la nouvelle approche organisationnelle a induit une séparation organique des ex-secteurs sanitaires en entités autonomes.

Désormais, on devrait plutôt parler EPSP (établissements publics de santé de proximité), destinés aux soins de base et les actions de prévention.

Cette structure s’articulera essentiellement sur les polycliniques et les salles de soins.

Aussi, les centres de santé qui constituaient un palier intermédiaire sont ainsi érigés en polycliniques ou réorganisés en salles de soins à une série de critères tels que l’état physique du centre de santé, la nature des activités a dispensés, les possibilités d’extension… etc.

De fait, 38 centres de santé sur les 46 que comptait la wilaya ont été transformés en polycliniques.

Quinze (15) EPSP devraient être crées à Tizi-Ouzou malheureusement, la commission ministérielle chargée du dossier n’en a retenu que huit (8).

La deuxième “nouveauté” concerne la dénomination d’EPH (établissement public hospitalier). Sept (7) structures de ce type existent à Tizi-Ouzou. Elles sont implantés à Azazga, Boghni, Draâ El Mizan, Azeffoun, Aïn El Hammam, Larbaâ Nath Irathen et Tigzirt. La clinique S’bihi a été érigée, quant à elle, en EHS (établissement hospitalier spécialisé) et dotée d’un statut particulier ainsi que d’une autonomie de gestion.

Quand le DSP cache les déficits du secteur

A la fin du long exposé du DSP et après l’intervention du directeur du CHU, c’est au wali Hocine Mazouz d’apporter son appréciation sur le sujet. Tout en reconnaissant que les autorités et la DSP ont consenti des efforts considérables pour rehausser les prestations de ce secteur souvent contesté, le premier magistrat de la wilaya a toutefois regretté que certaines statistiques présentées hier n’aient pas été actualisées.

“Certains chiffres datent de 2005, ce qui rend toute possibilité de comparaison avec l’année 2008 impossible”, a-t-il lancé à l’adresse du DSP, avant d’ajouter : “J’aurais également voulu que les données concernant les maladies à transmissions hydriques (MTH) soient plus claires. Je voulais savoir s’il y a augmentation ou pas des intoxications et autres contaminations, car si cela est le cas, des failles devraient être comblées et les énormes investissements réalisés avec la DHW seront mis à l’index. Je dirais, en définitive, que ce n’est pas complet…”, a-t-il conclu avant d’exhorter les concernés à constituer un groupe de travail pour tenter de soulager le CHU de Tizi-Ouzou des énormes pressions qu’il subit en matière d’admissions. Pour finir, c’est Kamel Abbas, le SG de la wilaya, qui a émis certaines remarques sur le sujet du jour. Direct et objectif, il fera signaler au DSP que le bilan qui venait d’être exposé ne comprenait aucun chapitre consacré aux déficits du secteur.

Ce déficit, dira-t-il, “se traduirait par des manques en ressources humaines, en matériel, en ambulances, etc, serait d’un apport plus que considérable dans le diagnostic qu’on veut établir aujourd’hui.” Et d’ajouter : “Je regrette aussi que les activités du secteur privé n’ait pas été suffisamment précisées, notamment en ce qui concerne l’étendue de leur champ d’intervention…”

Avant de conclure, M. Abbas a annoncé une proposition et une bonne nouvelle. La proposition consiste à lancer des caravanes médicales à travers toute la wilaya pour toucher les zones dépourvues de structures sanitaires, et effectuer un travail de fond en matière de vaccination, de consultation et de dépistage.

La bonne nouvelle, c’est la construction imminente d’un établissement “mère et enfant” à Tizi-Ouzou. Le choix de terrain d’une assiette de 2 hectares à déjà été fait. Le début des travaux est prévu pour 2009.

Ahmed Benabi

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