Dans un entretien accordé jeudi dernier au quotidien arabophone Ech Chourouq, le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, a expliqué la position de son parti par rapport à la nouvelle situation créée par la décision du gouvernement Ouyahia consistant à dissoudre les assemblées locales en Kabylie et y organiser de nouvelles élections.En développant les thèses classiques de son parti et en s’opposant énergiquement à ce qu’il considère comme étant un “fait accompli”, le responsable du FFS tire à boulets rouges sur le chef du gouvernement et les délégués des archs de Kabylie qu’il considère comme des “agents de l’Etat en mission commandée”. Avant de rentrer dans le vif du sujet, M. Laskri a tenu à revenir sur les “révélations” de Ali Tounis, directeur gnéral de la Sûreté nationale, qui avait déclaré la semaine dernière que les services de sécurité savaient, deux ans auparavant, que des évènements graves allaient se dérouler dans la région en avril 2001. Le premier secrétaire du FFS dira que ces événements étaient programmés et préparés dans les laboratoires de la police politque ; nous l’avions dit en son temps. Le colonel Tounsi a aussi déclaré que, quelques jours avant le départ de la première étincelle, il avait avisé les parties concernées de ce qui allait se passer : cependant, personne n’a bougé. Les événements se sont déroulés comme ils ont été programmés, d’où la grande question : qui gouverne l’Algérie ? Car les propos auxquels nous faisons référence émanent du premier responsable de la sécurité dans le pays.Ali Laskri a aussi rappelé que, depuis le début de la crise en Kabylie, le président du parti, Hocine Aït Ahmed, avait affirmé que les archs sont le “produit des services de renseignements”. “Aujourd’hui, ajoute Laskri, on nous apprend que les archs se sont réunis avant le début de la crise et ont discuté de l’évolution qui allait s’y produire”. Il rappelle également les termes du mémorandum que son parti avait adressés alors au chef d’état-major de l’armée, au DRS (services de renseignements) et au président de la République pour, dit-il, “le rétablissement de la sécurité et la cessation des actes de violence, mais nos efforts ont été vains, car des parties ont parié sur le pourrissement de la Kabylie, et les résultats, nous les voyons bien aujourd’hui”.Le premier secrétaire du FFS dit craindre que “les mêmes cercles qui ont mené la région à l’explosion en avril 2001 s’emploient à brouiller les cartes de nouveau ; les signes de la provocation sont flagrants et la situation risque de devenir incontrôlable une nouvelle fois”.Pour revenir au sujet de l’actualité que sont les élecions partielles en Kabylie, M. Laskri réfute l’idée que cette opération revête un caractère d’apaisement, car, soutient-il, “des échos d’un refus de cette décision me parviennent chaque jour”. Le parti du FFS ne compte pas se taire devant cette situation qui s’apparente, selon ses responsables, à un fait accompli”, qui singulariserait la Kabylie. “Lorsque nous avions participé aux élections d’octobre 2002, nous avions participé réellement à des élections nationales pour des raisons politiques, et cela après avoir senti un danger imminent qui menaçait l’unité nationale avec les voix qui revendiquaient la sécession”.Pour Laskri, la question ne se pose pas en termes de participation ou non aux élections programmées par le gouvernement, il insistera plutôt sur le fait que son parti ne se laissera pas faire et qu’il alertera l’opinion nationale et internationale.“Nous continuerons à refuser ce genre de méthode pour le traitement d’une crise préfabriquée. Si des parties veulent retourner à la politique du pourrissement qu’elles assument leurs entières responsabilités et les résultats auxquels aboutront les partisans d’une telle politique”.Le responsable du FFS s’étonne que des élections validées par le ministère de l’intérieur soiet remises en cause trois ans après par un gouvernement composé pratiquement du même personnel.“Les archs font partie du système. En réalité, Abrika et son groupe ont empêché le déroulement des élections : pour cela, ils méritent d’être jugés et emprisonnés. En outre, ils ont ncendié des sièges de partis politiques. Un citoyen est mort brûlé à l’intérieur d’un siège de parti. Et comme aujourd’hui ces gens sont libres, c’est la preuve qu’ils sont avec le gouvernement ou des chargés de mission”, ajoute Laskri.Interrogé au sujet du fonctionnement du parti et de l’existence d’un “cabinet noir” qui déciderait de tout dans les structures de l’organisation, le responsable du FFS réfute d’un revers de la main ces “élucubrations” et assure que “Hocine Aït Ahmed me laisse prendre les décisions, que lamajorité au sein du parti juge pertinetes et convenables. Je jouis de toutes mes prérogatives, perosnne ne me dicte ses recommandations ou ses ordres”.M. Laskri dénonce la loi qui fait l’éloge de la colonisation, votée par le Parlement française le 23 février dernier et conditionne la signature du traité d’amitié entre l’Algérie et la France par la reconnaissance des crimes que la puissance coloniale a commis en Algérie, ses efforts de repentance et les dédommagements qu’elle doit aux Algériens.
Amar Naït Messaoud
