Le poisson surgelé à la rescousse

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Il est bien loin le temps où les vendeurs de sardines sillonnaient artères et quartiers du chef-lieu de wilaya en traînant derrière eux une charrette pleine de cassettes de sardines. Dés les premières heures de la matinée, les hurlements de ces revendeurs faisaient savoir aux ménagères de quoi serait composé le plat du midi. Depuis plusieurs semaines, inutile de dire que la sardine est introuvable à Bouira, et lorsqu’elle est commercialisée, son prix est tout bonnement inaccessible. A croire que de Boumerdès ou d’Alger, ce sont des limousines qui acheminent la poiscaille à l’intérieur du pays. Poiscaille effectivement, car la qualité de ces produits de la mer laisse à désirer. En tentant de retrouver un de ces marchands de poissons dans la ville de Bouira, nous avons fait chou blanc. Pourtant la demande existe bel et bien, mais si les revendeurs de sardines ont cessé leur activité, c’est que les pêcheries et les marchés à la criée des wilayas côtières pratiquent des prix inabordables pour les revendeurs. “La dernière fois que des poissons ont été aperçus au chef-lieu de wilaya, leurs prix oscillaient entre 200 et 250 DA, et de qualité médiocre et ce n’était pas des sardines ’’ affirmera un propriétaire de fast-food spécialisé dans le poisson. Etant donné que Bouira doit être une des rares wilayas du pays à ne pas posséder de pêcherie, les restaurants spécialisés dans les produits de la mer ont préféré se rapprocher de la Méditerranée. Pourtant, les poissons surgelés se vendent comme des petits pains, si l’on en croit les dires des différents propriétaires de superettes interrogés à ce sujet. ‘’Le merlan, le rouget, le chien de mer sont autant de produits surgelés d’importation qui se vendent très très bien et nos stocks s’épuisent rapidement. Même les poissons panés sont très prisés par les gens de Bouira.’’ Il est vrai que les poissons surgelés sont bien plus attractifs d’un point de vue qualité et surtout prix par rapport aux poissons dits frais. Pour pouvoir déguster des poissons frais, il reste cependant l’opportunité pour ceux habitant non loin d’un point d’eau ou d’un barrage d’aller taquiner le goujon. Façon de parler bien sûr, car en guise de goujon, seules des tanches ou des carpes argentées sont disponibles dans la région. Pour cela encore, il faut avoir la patience de décortiquer ces spécimens car, bourrés de petites arêtes, mais succulents tout de même. Ainsi, la sardine qui boude le consommateur à Bouira, ne sera pas la source de protéines, nécessaire à l’apport vital, ni d’ailleurs les viandes blanches qui demeurent toujours inaccessibles aux modestes bourses. Si pour les volailles, les éleveurs prétextent la cherté des aliments qui se répercute sur le prix des poulets et autres dindes et même les œufs, le consommateur de Bouira se demande si les poissons également sont nourris avec du maïs importé à coups de devise. Pour que les tarifs des poissons atteignent des pics jamais enregistrés, on se demande vraiment si l’Algérie est bordée par la Grande Bleue. Cependant, faits vérifiables dans n’importe quelle épicerie, même les sardines en conserves proviennent de Tunisie, alors que dire ?

Hafidh B.

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