Grandiose !

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Le premier constat que l’on puisse faire avec cette édition de 2009 est que celle-ci, en plus du fait qu’elle soit devenue une tradition annuelle, commence réellement à prendre de l’ampleur. En effet, il suffit de jeter un regard sur le nombre de participants, croissant, depuis la première édition de 2003 pour s’en rendre compte. Ensuite, ce qui est très important, c’est que ce genre de manifestations culturelles grandioses ne se déroule généralement que dans les grands centres urbains et encore, elles sont toujours organisées sous l’égide d’un “patronage”, ce qui n’est pas le cas pour ce festival et c’est une exception en Algérie et cela même si les autorités de la wilaya de Béjaïa ont octroyé une subvention conséquente pour sa réussite, sans oublier les sponsors. Ainsi, c’est un grand défi que viennent de relever l’Association Adrar n fad et toute la commune d’Aït Smaïl. Un hommage doit être rendu donc, à juste titre, aux organisateurs et à cette population qui honorent les valeurs kabyles. Venons maintenant au déroulement de cette 7e édition du Festival de la poésie d’expression amazighe : pas moins de 106 poètes, entre les sélectionnés et les participants étaient présents à Aït Smaïl durant trois jours du 27 au 27 mars 2009. Si la majorité d’entre eux étaient des Kabyles venus de plusieurs régions du pays, à l’instar d’Oran, les Chaouis ont été représentés par deux poètes de Khenchela et de Batna, sans oublier la participation d’un candidat touareg (Tamanrasset.) Quant aux Chenouis et aux Mozabites, leur participation n’a pas eu lieu à cause des empêchements qu’ont eus leurs représentants. En tout cas, il est à parier qu’à l’avenir, cette manifestation prendra concrètement une dimension amazighe au sens propre du terme. D’ailleurs, avec la réussite de cette édition de 2009, il est fort probable qu’une rencontre exceptionnelle soit organisée avant l’année prochaine. C’est, en tout cas, le vœu des organisateurs qui aimeraient bien que cette édition extraordinaire se déroule en juin prochain. Sinon, mis à part l’absence du grand chanteur Chérif Kheddam, annoncé comme invité d’honneur, qui n’a pu être présent pour des raisons de santé, le programme a été strictement respecté et l’organisation a été plus qu’à la hauteur. En effet, l’Association Adrar n fad d’Aït Smaïl a réalisé un travail de vrais professionnels en prenant totalement en charge les participants, sans oublier l’édition d’une revue spéciale de la manifestation qui a été distribuée. Par ailleurs, en plus du concours de poésie organisé sous forme de récitals publics en présence des membres du jury, l’animation était au rendez-vous, notamment avec des représentations théâtrales et de la chorale locale. Bien entendu, des conférences-débats relatives à la poésie, tout en lieu du cours de cette manifestation mais aussi une table ronde ainsi qu’un atelier de poésie qui ont eu pour effet des échanges d’idées entre les poètes participants, les lauréats des éditions précédentes, les universitaires et les enseignants de tamazight.

Enfin, le jury composé de quatre enseignants universitaires de tamazight, connus, en l’occurrence Kamal Bouamara, Mohamed l’Hacène Mahrouche, Zahir Meksem et Allaoua Rabehi, ont nommé trois lauréats et octroyé des prix d’encouragement. C’est ainsi que le premier prix a été remis à Takfarinas Naït-Chaâbane (Aïn El Hammam), le deuxième à Nadia Benamar de l’Association Numidya d’Oran et le troisième à Miria Saïd de Tizi El Korn et étudiante à l’université de Béjaïa. Quant aux prix d’encouragement, ils sont au nombre de trois également et ont été remis, respectivement, à Amar Akriche de Ouaguenoun pour sa fidélité (de 2005 à 2009), Kania Rabdi (prix de la meilleure participation féminine) et Khaled Aziri qui a été désigné le meilleur classé de la jeunesse. Quant à Dda Lmulud n Ath Maâmmer auquel l’hommage est rendu chaque année avec ce festival, en plus des autres objectifs de l’Association Adrar n Fad, il est question d’œuvrer dans le sens de faire du 10 mars une Journée nationale de la poésie en hommage aux poètes puisqu’il y a déjà une Journée mondiale à cet effet, à savoir le 21 Mars. Car, ce que beaucoup de jeunes d’aujourd’hui ignorent, c’est que la goutte qui avait fait déborder le vase en déclenchant le douloureux Printemps berbère d’Avril 80 était l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri sur la poésie kabyle ancienne à l’université de Tizi Ouzou un certain 10 mars 1980.

Amastan S.

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