Il est notoire que s’acheter un livre à Larbaâ Nath Iraten relève quasiment de la chimère. Aucune librairie digne de ce nom n’existe : tout juste si les kiosques à journaux consentent à étaler quelques ouvrages, désormais classiques, tels Le fils du pauvre, Les chemins qui montent de Mouloud Feraoun, ou Le sommeil du juste de Mammeri. Un nouvel espace vient cependant d’ouvrir, alimenté par les éditions El Amal au quartier Tizi N’semlal. On y trouve exposés des livres d’auteurs algériens principalement, tels Tassadit Yacine, avec notamment son recueil sur Aït Manguellet dont les lecteurs espèrent y retrouver au moins en partie la maîtrise du verbe à défaut de la magie de la mélodie. On y trouve aussi Yasmina Khadra, Tahar Djaout, Mammeri, Dib, Feraoun ainsi que le livre de S. S. Khodja. La majorité des rayonnages des librairies d’ici sont plutôt pris par les manuels scolaire, les journaux et les fournitures de bureaux, comme si le livre, à lui seul, ne peut prétendre à une quelconque rentabilité.
L’indisponibilité du livre à Larbaâ Nath Iraten n’empêche pas les férus de lecture de s’en procurer. Occasionnellement, des libraires de Tizi s’installent au Centre culturel pour écouler leur marchandise; sans vente promotionnelle, ni même de remise car les prix pratiqués sont les mêmes qu’à la librairie mère sinon même légèrement supérieurs. Il n’y a pas non plus d’espace de lecture, mis à part la bibliothèque du Centre culturel qui a besoin d’une rénovation logistique mais surtout organique.
Si le livre reste un instrument privilégie pour la transmission du savoir et un vecteur essentiel de la culture, il ne bénéficie pas ici d’une politique d’encouragement. Encore cantonné au statut de marchandise, il est boudé par ceux qui préfèrent vendre des produits beaucoup plus prosaïques. Une simple pizzeria rapporte beaucoup plus qu’une librairie ! Mais si la demande de lecture existe bel et bien, il n’y aucune politique allant dans le sens de l’encourager en mettant le livre à la disposition de tout le monde.
M. Amarouche