“Il faut revaloriser la formation”

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Rubrique animée par Hamid Oukaci

La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord, être gardien de but était-il un choix pour vous ?

Bien sûr, j’ai choisi ce poste de mon propre gré, en plus, c’est un poste passionnant et qui me motivait dès mon jeune âge. D’ailleurs, j’ai signé ma première licence à l’âge de 14 ans en catégorie minimes avec le RC Kouba, ensuite j’ai intégré le NA Hussein Day en cadets avant de revenir au RC Kouba, où j’ai fait pratiquement mes premiers pas en équipe seniors jusqu’en 1974 où j’ai rejoint la JSK

Et comment cela s’est-il fait ?

Vous savez, durant la saison 1973-1974, la JSK souffrait d’un manque au poste de gardien de buts, d’ailleurs l’équipe s’est inclinée en Coupe magrébine par trois buts à un contre une équipe tunisienne, ce qui a poussé les dirigeants de l’époque à se mettre à la recherche d’un grand gardien de buts pour renforcer ce poste. Le défunt Hadj Oumnia m’a contacté et tout a été fait pour que je sois à la JSK.

Pourquoi avez-vous opté pour la JSK ?

Tout d’abord, il faut que vous sachiez que j’avais pas mal de contacts à l’époque, mais étant jeune et ambitieux, j’ai préféré la JSK, parce que tout d’abord c’est un grand club qui ne se refuse pas, et chaque joueur rêve d’être parmi l’effectif surtout après ses deux premiers titres du championnat, et bien entendu, il recèle dans son effectif de grands joueurs, donc il y avait pas mal de challenges.

Dans votre poste, vous avez trouvé deux gardiens en place, comment avez-vous géré cette situation ?

Au début, on était trois, Cerbah, Tahir et moi. Il fallait donc en sacrifier un et le choix s’est porté sur Tahir, puisqu’il était plus âgé que nous et il était en fin de carrière. Durant la saison 1974-1975, on jouait Cerbah et moi et on alternait match par match, mais de plus en plus mes titularisations commençaient à se raréfier ; je n’ai pas voulu changer de club, car pour moi, si j’étais parti à l’époque, cela voulait dire que j’avais échoué. Au contraire, je n’ai jamais douté de mes capacités et boien que j’étais remplaçant au club, j’étais titulaire en équipe nationale.

Vous avez fini par quitter le club, quelles en sont les raisons ?

Effectivement, en 1978, la formation de la DNC m’a fait appel pour la rejoindre étant donné que les dirigeants de l’époque voulaient monter une grande équipe avec l’arrivée de plusieurs bons joueurs à l’image de Bencheikh. Pour moi, c’était beaucoup plus pour jouer puisque je le faisais rarement avec la JSK, cela est dû au choix de l’entraîneur que je respectais, mais malheureusement, j’ai contracté une blessure au genou, ce qui m’a éloigné des terrains pendant plusieurs mois. Mais dès mon retour à la compétition, j’ai encore prouvé mes qualités et j’ai même participé aux éliminatoires de la CAN 1980, d’ailleurs c’était l’année où j’ai réintégré la JSK pour terminer ma carrière avec elle en 1983.

Durant votre carrière quelle est la rencontre qui vous a le plus marqué ?

Les gens me disent que c’est la finale de 1977 jouée contre le NAHD. J’ai été pour beaucoup dans la préservation du score puisqu’on a mené deux buts à un et j’ai fait des arrêts décisifs, malheureusement je n’ai pas pu revoir ce match à cause du manque de moyens à l’époque, mais je dirais que cette saison-là restera particulière et pour moi et pour toute l’équipe puisqu’on a remporté le premier doublé de l’histoire du club.

Quels étaient les défenseurs sur qui vous comptiez beaucoup ?

Il faut que vous sachiez que c’est nous les gardiens de buts qui metttions en confiance notre défense. C’est nous qui dirigions parce qu’on a une bonne vision du jeu, mais je dirais que j’étais très à l’aise avec Hannachi, Iboud, Maghrissi et Larbès, c’était un véritable bloc défensif où toutes les attaques trouvaient d’énormes difficultés pour le passer.

La JSK était toujours un réservoir de l’Equipe nationale dans le poste de gardien de buts, quelles en sont les raisons à votre avis ?

Je dirais tous simplement, que c’est le travail qui paie. A la JSK, il y avait le travail et la discipline, ce qui lui permettait d’être à l’avant-garde du football national, voire africaine. Pour le poste de gardien de buts, je crois que le fait de jouer à la JSK c’est déjà une motivation de plus. En outre, on jouait des compétitions internationales ce qui a permis aux gardiens de s’aguerrir et de prouver toutes leurs classes, sans oublier bien sûr la formation. Personnellement, j’ai formé Gaouaoui et Hamenad très jeunes et voyez ce qu’ils sont devenus, des internationaux par la suite.

Vous avez évolué dans plusieurs clubs, à l’image du NAHD, du RCK et de la DNC, quelle est la différence entre ces derniers et la JSK ?

Je veux signaler au début que la plupart des clubs de l’époque étaient connus par leur rigueur et cela est dû à mon avis, au comportement des joueurs qui était exemplaire, soit sur le terrain ou en dehors. Pour la JSK, je dirais que sa force résidait dans les qualités des joueurs et les moyens mis à leur disposition. Il y avait aussi la touche des entraîneurs étrangers qui ont beaucoup apporté au club, sans oublier la direction de l’époque qui était toujours près de ses joueurs pour les soutenir, dans un autre contexte. En plus du challenge sportif, la JSK était un club particulier, ce qui incitait chaque joueur à donner le meilleur de lui-même afin de satisfaire toute une région.

Après votre retraite vous avez directement entamé une carrière d’entraîneur ?

Effectivement, j’ai arrêté de jouer en 1983 et j’ai intégré directement le staff technique avec Khalef et Zywotko, j’assumais la fonction d’entraîneur de gardiens de buts et je suis resté dans ce poste pendant 15 années consécutives soit de 1983 à 1998 et j’ai travaillé pendant ce temps avec plusieurs entraîneurs, à l’image de Fergani, de Benzekri, de Nourdine Saâdi et de tant d’autres. En 1998, j’ai fait un passage au club koweitien El Kadissia. Juste après mon retour en Algérie, je suis parti avec Harouni et Menad à la JSMB où on a contribué à l’accession du club en première division. Par la suite, je suis revenu à la JSK pour assumer la fonction de coordinateur de jeunes, puis, j’ai réintégré le staff avec Sandjak et Mouassa Aït Djoudi, mais avec l’arrivée de Larbi El Hadi, j’ai quitté le club pour intégrer le staff du MCA en 2005.

Pourquoi justement après l’arrivée de Larbi ?

Vous savez en 2004, on avait de très bons gardiens à la JSK. La preuve Gaouaoui était en équipe nationale A, Berfane en équipe juniors et Mazari en équipe nationale espoir, donc il y a rien à se reprocher sur le volet technique des gardiens. Quand Larbi est venu, il ne savait rien sur le club, il a commencé à critiquer le niveau technique des gardiens, et c’est une chose que je ne supportais pas étant donné que j’étais leur entraîneur.

Et après, vous avez réintégré la JSK ?

Non, Je n’ai réintégré la JSK qu’au milieu de cette saison, puisqu’après mon départ du club, j’ai fait un passage au MCA ensuite au NAHD mais par la suite, j’ai pris du recul pour me reposer un peu. En février dernier, le président de section des jeunes m’a fait appel pour prendre en main les juniors de première année puisqu’ils se trouvaient sans entraîneur.

Comptez-vous y rester ?

Pour l’avenir, seul Dieu sait ce qu’il nous réserve, mais je dirais que la qualité de la formation des jeunes est très en deçà de ce qu’elle pourait être. D’ailleurs pour la JSK, beaucoup disent que ce volet est ignoré. Je vous dirais que la JSK privilégie toujours la formation, la preuve, beaucoup de jeunes joueurs ont percé à l’image d’Adghigh, Hamenad, Sadmi pour ne citer que ceux-là, bien que la JSK recrutait à notre époque des joueurs d’Alger. On donnait la chance aux jeunes issus de la formation, afin de prouver leurs capacités, malheureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui où en trouve rarement un joueur qui perce et cela est dû au manque de formation qu’il faut absolument valoriser.

Un mot pour conclure…

Je profite de l’occasion pour dire halte à la violence, le football est avant tout un spectacle et j’espère de tout cœur que ce phénomène cessera dans nos stades.

Pour les supporters de la JSK, je leur dirais que notre galerie est connue pour son fair-play, il faut soutenir notre club dans les moments difficiles et arrêter de faire pression sur les joueurs pour qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain.

H. O.

Pour vos contactes : itranddk@yahoo.fr

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