Inauguration d’un cimetière de chouhada au village Ath Annan

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Onze ossements ont été déterrés du lieudit Si M’hand Amer et 15 autres dans des endroits différents, soit 26 au total, et tous ont été inhumés dans de nouvelles tombes portant leurs noms au nouveau cimetière.

Parmi les chouhada, on retrouve Larbi Touati dont une rue d’Akbou porte le nom. Abderrahmane Mira a été encerclé et tué dans les environs. Le village, le hameau des Ath Annan comptait à l’époque de la guerre de libération 12 familles, 22 de ses jeunes sont tombés au champ d’honneur. Ath Annan est un petit village situé à la limite entre les wilayas de Tizi Ouzou et de Bgayet. Il est perché à quelques 1000 m d’altitude dans la haute montagne qui domine la vallée de la Soummam d’où il est possible d’admirer ses plaines aux terres fertiles qui s’étendent le long de l’oued homonyme. La route qui y mène, récemment revêtue en béton bitumineux, devient étroite dès la sortie du village Ichalladen mais le paysage y est plus accueillant et reposant. La vue des figuiers et des vignes plantés sur les modestes lopins de terres que le relief abrupte et accidenté dégage par endroit, des chênes lièges accrochés aux roches, des arbustes sauvages en fleurs qui bordent les chaussées, conjuguée à la fraîcheur de l’air pur et aux eaux claires qui coulent des sources, nous imprègnent d’une satisfaction béate par le temps caniculaire qu’il fait ces jours-ci.

Plusieurs délégations représentant les différentes organisations de la “famille révolutionnaire”, des associations de villages, de collectivités locales, des partis politiques et beaucoup d’anonymes venus de Bouira, Tizi Ouzou et des communes d’Ighram, Ouzellaguen et Ichalladen ont honoré de leur présence cet événement grandiose. Un accueil et une considération particulière ont été réservés à la forte délégation de la commune d’Illoula, notamment du village M’zegguen, relevant de la daïra de Bouzeguène, wilaya de Tizi Ouzou.

Après l’inauguration du cimetière, les membres représentant les différentes délégations ont intervenu, lors d’une prise de parole organisée en face du cimetière. Les intervenants ont insisté sur le caractère révolutionnaire de la guerre de libération ; ils ont suggéré aux présents de se serrer les coudes pour vaincre les difficultés présentes. L’intervention la plus émouvante est celle de la moudjahida Djaoui, présidente de l’Association pour le développement de la femme rurale “Fadma N’Soummer” venue avec la délégation de M’zegguen. Avec une voix de soprano digne des grands opéras du monde, elle a fait vibrer et l’assistance et la montagne avec les strophes des poèmes que les maquisards chantaient autrefois.

De l’avis de tous, le fait que des jeunes du village rendent hommage aux valeureux martyrs de la guerre d’Algérie en édifiant ce cimetière, constitue un gage pour la continuité du combat. Néanmoins, un responsable de FFS que nous avions approché pour nous faire part de ses impressions, tout en exprimant sa joie, reste sceptique et nous dira : “tant que les jeunes ne s’investissent pas dans la politique, l’avenir de notre nation reste hypothéqué !” L’APC d’Ichalladen, notamment le président Maibeche, a été remercié en cette occasion pour les efforts qu’il a consenti pour la construction de ce cimetière. Le P/APC, lors de son intervention, dira : “Notre problème est le manque de repères, aujourd’hui, ensemble, nous en avons dressé un : il nous fait face !”

B. Sadi

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