“Se connaître avant de connaître les autres”

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La Dépêche de Kabylie : Pour commencer que peut attendre, en matière d’aide, un jeune créateur, chanteur, écrivain ou autre, de la direction de la culture ?

Mourad Nacer : La direction de la culture est là pour promouvoir et encourager les jeunes talents. Elle les accompagne à travers leurs expressions diverses : théâtre, musique, peinture ou autres en leur permettant d’exposer, de s’exposer et de se peser dans une saine émulation et de se faire connaître du public. Elle les aide, matériellement en mettant à leur disposition ses structures qui sont la Maison de la culture, le TRB, la Casbah, le musée les festivals et autres espaces publics, financièrement par des subventions locales ou nationales en ce qui concerne les associations culturelles notamment, lors des festivals et des semaines culturelles, les acteurs culturels, en plus de leur prise en charge totale quant à l’hébergement et au transport, reçoivent des cachets qui vont parfois jusqu’à 20 millions de centimes. Les poètes et les peintres sont payés à travers leurs expressions, les musiciens travaillent avec les orchestres et sont pris en charge. En catalyseur d’énergie, la direction de la culture cherche à déclencher des volontés qui vont réoccuper les espaces culturels laissés depuis longtemps en jachère. Elle confirme les professionnels que le public réclame et encourage les amateurs pour les motiver.

Quelle évaluation faites-vous des différentes semaines culturelles que votre direction a tenu dans les autres wilayas ?

Le festival local des arts et de la culture populaire (c’est le nom officiel des semaines culturelles) est institutionnalisé depuis avril 2008. Ce festival qui est engagé par le ministère de la Culture permet à la culture son développement socio-économique et s’emploie à la cohésion sociale et territoriale. L’année passée, en 2008, Bgayet a reçu cinq wilayas qui sont Khenchela, Relizane, Batna, Sétif et Illizi. Et elle s’est également, engagé avec ses artistes, qui se sont rendus dans cinq wilayas. Ce qui a permis des échanges culturelles artisanaux et historiques dans tous les aspects. Le principal objectif du festival est de faire connaître son pays pour qui’il puisse s’identifier, construire ses racines et défendre son authenticité. Qui ne connaît pas son pays le détruit. L’Algérie recèle en son sein une histoire magnifique, faite de courage, d’abnégation, d’honneur et de dignité. Sa géographie est un merveilleux paradis. Les traditions dénotent une sagesse, une humilité, une simplicité et un don de soi. Le don d’hospitalité et de générosité, on le perçoit à travers le produit culturel présenté. L’Algérie qui a de tout temps été violentée a su garder ses traditions, sa langue et grâce à ses zaouïas, faut-il le souligner, sa religion. Cette année, en 2009, nous avons reçu Mostaganem, Aïn Témouchent, Guelma, Oum El Bouaghi et Boumerdès. L’engouement et l’intérêt suscités par la qualité de ces semaines ont transporté l’activité culturelle dans les chefs-lieux des communes. Et il est à remarquer des dénominateurs communs qui prouvent que nous sommes en Algérie, sous la bannière d’un même drapeau et d’une même religion. Et on ne peut pas, ne pas essayer de rassembler toutes ces diverses expressions culturelles pour se connaître avant de connaître les autres.

Qu’en est-il du Festival national de la chanson kabyle de Bgayet, dont la première édition a eu lieu l’an dernier et qui devait être institutionnalisé ?

C’est le festival local de la chanson et de la musique kabyles institutionnalisé en 2008. On ne peut pas ne pas avoir un festival de la chanson et de la musique kabyles dans une région amazighophone où il y plus de 500 chanteurs dans toutes les spécifités : “malouf”, “haouzi”, “chaâbi”, “rai”, “moderne”, “religieux” et autres. Ce festival est là pour distinguer le bon grain et de l’ivraie. Il permet de mettre en compétition les artistes pour mettre en exergue l’excellence, de redynamiser la recherche de la musique et des textes, il permet également la recherche sur les instruments de musique et leur rénovation, il a également pour mission d’encourager et de récompenser les meilleurs, parce que sans émulation il n’aurait pas sa raison d’être. L’édition 2008 a été rehaussée par des ténors de la musique kabyle à l’instar d’Aït Menguellet, Kamel Hamadi et Taleb Rabah. Il existe également mais encore en gestation, un festival de théâtre d’expression amazighe.

Où en est-on avec La bougies d’or, autrement dit avec le concours culturel initié par M. le wali et qui concerne le théâtre, la poésie, la peinture et la littérature ?

Il s’agit du comité des Olympiades culturelles et artistiques de la wilaya de Bgayet. Ce comité qui se compose de l’APW et des responsables du secteur est initié par M. le wali, Ali Bedrici. Il a pour rôle de donner à la culture ses lettres de noblesse et à l’activité culturelle un souffle important sur toute l’étendue de la wilaya. Il permettra à tous les artistes de s’exprimer, chacun dans sa spécialité, c’est-à-dire le théâtre, la littérature, la poésie et la peinture. Les sélections des œuvres se feront au niveau des communes avant d’arriver à la wilaya et les cinq meilleures de chaque spécialité seront primées. En ce qui concerne le théâtre édition 2009, on est déjà à la phase finale qui se déroulera du 22 au 30 juillet au TRB Mallek Bouguermouh.

Le TRB vient d’être rénové et baptisé, en plus de faire peau neuve qu’a-t-il gagné en matière de places, de machinerie ?

Le TRB vient en effet d’être rénové et d’être baptisé officiellement du nom de Mallek Bouguermouh. Les travaux de rénovation ont permis d’avoir un théâtre qui répond aux normes internationales en termes d’acoustique, de scène et d’éclairage spécifique. Le public de Bgayet qui est très connaisseur aura à apprécier tout le confort du TRB lors des spectacles qui seront donnés à l’occasion du mois de Ramadhan qui approche. Il aura d’ailleurs à apprécier le même confort à la salle de répertoire (ex-cinémathèque) dont les travaux de rénovation sont en voie d’achèvement. Elle sera dotée d’une médiathèque et d’archives.

Le public cinéphile de Bgayet pourra ainsi se réapproprier le cinéma et visionner les films algériens et universels dans les meilleures conditions.

Concernant La Casbah où se trouve la mosquée d’Ibn Khaldoun et Bordj Moussa qui abrite le musée, les études pour la restauration vont bientôt être finalisées. Les travaux d’urgence ont toutefois été engagés.

Lors de sa visite à Bgayet, il y a 6 ou 7 ans, Mme la ministre de la Culture avait promis à la population de Bgayet que le bâtiment de l’ancien tribunal qui se situe sur le front de mer serait transformé en annexe de l’Ecole nationale des beaux-arts, or, à ce jour, les ronces et les mauvaises herbes poussent toujours sur le perron de ce qui fut le meilleur édifice de la ville. A quand le lancement des travaux de transformation ?

L’étude des travaux de transformation de l’ancien tribunal en annexe de l’Ecole nationale des beaux-arts est terminée. Les travaux d’urgence, c’est-à-dire la toiture et l’assainissement autour de la bâtisse ont été engagés. La réévaluation a eu lieu et deux appels d’offres ont paru dans la presse, mais malheureusement, ils sont restés infructueux du fait que le confortement de cette bâtisse dite de pieux est très complexe et n’incite pas les entrepreneurs à soumissionner. Aussi, je saisis cette occasion pour inviter les entrepreneurs en génie civil à se rapprocher de la direction de la culture de Bgayet. Car cette structure est d’une importance capitale pour le secteur.

Qu’en est-il de la classification des monuments culturels et historiques ?

Gouraya a été classée monument historiques depuis fin 2008. Elle sera aussi en timbre-poste. Aussi, nous avons demandé des autorisations de programmes au ministère des Finances pour la restauration pour l’ensemble monumental de Yemma Gouraya. Il y aura aussi des travaux de restauration pour Bab El Fouka, pour Bab El Bahr ainsi que l’université de Sidi Touati.

En attente de la classification nationale, certains monuments sont inscrits sur l’inventaire supplémentaire de la wilaya. Il s’agit de la Kelaâ des Beni Abbès, du Fort Sidi Abdelkader, de l’acqueduc de Toudja, des grottes d’Affalou Bourmel à Melbou monument de Cheikh Belhaddad à Seddouk.

Interview réalisée par B. Mouhoub

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