Parfums et mélodies du Sud à Béjaia

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Le décor est planté depuis samedi après-midi, dès l’installation de l’inévitable Khaima en peau de chameau sur l’esplanade de la maison de la culture de Béjaia, qui a eu l’immense honneur d’abriter les activités de quatre associations culturelles de Tindouf, lesquelles ont tenu, une semaine durant, diverses activités culturelles et artistiques. Pièces théâtrales jouées avec brio par les jeunes comédiens de la troupe Enoussour. Exposition d’objets d’art traditionnel, argenteries et poteries berbères. Gandouras aux couleurs vives et éclatantes et autres articles d’habillement et de décoration typiquement sahariens. Mélodies envoûtantes du célèbre fils du désert Alla, en l’occurrence, de son vrai nom Abdelaziz Abdellah, qui a pu s’imposer même en Europe avec son “luth errant”. De tous les moments forts qu’a eu à déguster le public Bgayti, on distinguera particulièrement celui où le chekh Abdessalam Omar : (mon ami qu’on acclame ici à Bougie) est monté sur scène avec son luth accompagné de sa chorale, composée de cinq jolies femmes et de trois beaux gaillards. Le Cheikh ne tarda pas à conquérir l’auditoire et ce dès les premières notes de son Istikhbar. Et la grande salle de spectacle, rénovée récemment, s’est enflammée sous les applaudissements et les youyous du nombreux public, non découragé par le retard des organisateurs qui ont mis plus de deux heures pour installer le matériel de sonorisation. A la fin de la soirée, Idir, artiste et animateur culturel infatigable nous présente quelques uns de ses amis Tindoufis. Présentations faites, nos aimables compatriotes nous invitent à passer le reste de la soirée avec eux à Tichy, dans un camp de toile. Arrivés sur place, on est malheureusement surpris par l’incurie des responsables locaux, qui fidèles à leur nature égoïste et ingrate, n’ont pas daigné s’acquitter du devoir d’accueillir et d’entretenir, comme il se doit, les invités venus de très loin. “Nos responsables sont trop occupés à s’accrocher à leurs sièges menacés”, dis-je à Idir, en français-kabyle. Mokhtar un jeune luthiste, élève du Chikh, comprit quand même, “ils ne sont, sans doute pas au courant”, rétorqua-t-il. “Objection, nous avons placardé toute la ville de Béjaia d’affiches, avisant la population de vos activités” répliquât Idir avec rage. Ni couvertures, ni draps, ni oreillers ! En guise de literie, des matelas rabougris que le chef de camp a emprunté non sans difficultés. Mais la gaité et la générosité ne se sont aucunement, altérées sur les visages de nos amis. A peine installés dans la tente du Chekh, qu’un plat en argent, contenant une théiére merveilleusement seulptée et des verres, atterrit au milieu de notre Halaqa. Le Chekh nous servit la première “tournée”, il y en aura deux autres au cours de cette soirée inoubliable. Après quelques anecdotes et histoires rocambolesque du désert. Idir sollicita le Chekh pour qu’il nous joue du luth. Celui-ci obéit illico, malgré la fatigue évidente sur son petit visage de bonhomme. Plus de quatre heures de ballades enchanteresses, de musiques surprenantes, douces et fragiles comme une prière destinée à l’apaisement des cœurs. Ni moi, ni Idir n’avons cru nos montres indiquant les trois heures du matin passées.Mon ami Idir et moi avons eu beaucoup de mal à retenir nos larmes au moment des adieux, vendredi matin, nos amis ayant déjà plié et chargé leurs harnachements dans deux bus attribués par le ministère de la Culture, prêts à embarquer pour une autre semaine d’animation et d’aventures. Direction Boumerdés.

Farid Sidali

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