Cela ne relève malheureusement pas de nos prérogatives et laissant les concernés faire leur travail. Quant à nous, occupons-nous à décrire la rue de Maâtkas pendant ces derniers jours où la rage, l’envie et la volonté de gagner à Khartoum se fait de plus en pus sentir. Les citoyens des deux sexes et de tous les âges ne parlent que des Verts. Les disquaires de toute la localité ne font diffuser que des chansons en faveur du onze national, y a el khedra diri hala sur toutes les lèvres.
Des liesses, des rassemblements populaires des symbioses, le même rêve et le même objectif constitue plutôt reconstitue la fraternité légendaire des Algériens. Plus personne ne s’occupe des tracas du quotidien et même la grogne des professeurs et leur grève est passée sous silence et contribue à la fête en déversant à la rue tous ces écoliers qui animent merveilleusement bien les ruelles de Souk El Khemis, Souk El Tenine et de tous les villages. Les data show sont maintenus, les écrans géants sont installés pour assister au rendez-vous du mercredi soir, dans l’union et la convivialité. Dès 8 heures du matin, alors que les yeux peinent à s’ouvrir les bouches se délient, la discussion reprend de plus belle quoi que la peur tente d’occuper une place dans les ventres. Certes, l’optimisme est grand mais qui peut se vanter de prévoir l’issue de l’empoignade de ce mercredi, pas comme les autres. Il est 10 heures du mat, les bouchons, des rassemblement coloriés du vert de l’espoir, les one, two, three viva l’Algérie fusent de toutes les bouches.
Midi, les estomacs sont vides mais l’envie de manger n’est pas au rendez-vous. Le café noir faisait l’affaire. L’angoisse, la peur, la joie et le rêve s’entremêlent mettant à l’épreuve les nerfs qui résistent bien pourtant.
14 heures, le rendez-vous s’approche, 16 heures l’ultime match arrive au portail du stade, les quatre chaînes étatiques enclenchent le débat tandis que le match est au vestiaire, il se met aux couleurs algérienne, le match surprend One, two, three viva l’Algérie, dopé, boosté et regorgé de vert, le match entre sur la pelouse. C’est le début de la rencontre qui a suscité le rêve algérien !
Maâtkas / Souk El Tenine / Mechtras Après la pluie, vient le beau temps !
Les sueurs froides du samedi 14 et la grande stupeur engendrées par la défaite des Verts sont très vite évacuées. Faisant place à l’espoir grandissant de voire les fennecs revenir par la grande porte en clouant les becs des pharaons une bonne fois pour toute. Il faut dire que la première manche a été gâchée par le mauvais traitement et le sinistre accueil réservés à tout ce qui est vert. Ils ont failli nous happer avec leurs mâchoires béantes, tranchantes et prêtes à mordre jusqu’à la mort le vert, pourtant synonyme d’espoir, de fraternité entre les peuples et d’amitié à travers le sport roi. La scène nationale, hélas, n’a pu que constater les dégâts avec désolation et amertume. Le monde entier a découvert ce qu’est la fraternité pour les Egyptiens. Pourtant, ces mêmes égyptiens étaient accueillis avec des fleurs à l’aéroport Houari-Boumediène, il y a seulement quelques mois. C’est peut-être ça la réciprocité chez nos voisins du Nil. Peut-être qu’ils ne savent pas faire la différence entre jeter des pierres et offrir des fleurs ! Quant à la Fifa qui n’a pas daigné bouger le petit doigt pour rendre justice aux Algériens malmenés au vu et au su du monde entier. Cela n’honore guère cette instance internationale et M. Blatter devra coûte que coûte revoir sa feuille de route pour éviter à l’avenir des dérives de ce genre qui risquent sérieusement de porter atteinte aux relations entre les nations car le foot ici et ailleurs n’est pas seulement un simple sport. La coupe du monde constitue un enjeu très important pour les pays en voie de développement. Seule l’application de la loi dans son intégralité peut mettre le monde à l’abri de conflits, tel que celui qui est entrain de s’installer entre l’Algérie et l’Egypte. Il serait dommage d’arriver à des incidents diplomatiques à cause d’une rencontre de football. A voire la tournure que prenne les évènements, le tapage médiatique suscité par la rencontre Algérie-Egypte et ce qui s’en suivra après le match de Khartoum. Il y a fort à parier que les conséquences seront pénalisantes pour beaucoup d’actionnaires. Quant aux relations que l’on qualifiait de fraternelles entre les deux pays, elles seront certainement misent à mal pour plusieurs années. Et dire que l’application stricte du règlement de la FIFA aurait tué l’embryon dans l’œuf !
Le moment de vérité
L’heure de vérité arrive, les deux équipes sont face à face, les supporters aussi. L’arbitre siffle, c’est le début des 90 minutes les plus longues de l’histoire du foot algérien. A Maâtkas, à Souk El Tenine, à Mechtras et partout en Algérie. La fête bat son plein. Les écrans géants, les DJ et les cortèges se sont tus pendant les 90 minutes du plus grand match de l’histoire, de l’équipe des Verts. Khartoum s’est habillée du vert algérien. Un match difficile, un match serré, une vraie bataille entre les 22 acteurs mais Antar Yahia Chaouchi et tous les autres ont su gérer la partie en remportant du stade haut la main tous les duels. Antar comme un gladiateur surgit des fins fonds de l’histoire met le ballon au fond des filets, assommant les pharaons qui ne se sont jamais remis de leur mésaventure soudanaise. Les Maâtkis, les souk el teninois et les mechtrassois rassemblés devant les écrans géants installés pour la circonstance ont commencé à faire la fête bien avant le coup de sifflet final. Dieu est juste et nous rendra justice, disent-ils. L’arbitre ne veut pas siffler, les aiguilles des montres s’immobilisent mais les jeunes joueurs de cette équipe nationale résistent bien et repoussent les assauts des pharaons devenus au fil des minutes méconnaissables. Le stade d’El Merikh, orné de drapeaux algériens tonnent et résonnent “One, two, three viva l’Algérie”, au grand dam des bourreaux d’un certain 14 novembre. Novembre des miracles, novembre de la libération est toujours du côté des Algériens. En novembre, tout est permis pour les Algériens, c’est pourtant connu. 94 minutes, le referee met fin à la rencontre permettant aux Algériens de faire la fête avant d’aller au mondial. A Maâtkas, à Souk El Tenine et à Mechtras, la joie est immense, la liesse populaire a atteint le summum rappelant aux anciens qui étaient aussi dans la rue, les festivités d’un certain mois de mars de l’année 1962.
Les musiques des DJ, et les klaxons fusent de partout et à volonté. Les youyous font danser les plus timides. Toute la nuit, toute la matinée et pour de nombreuses journées encore, le bonheur et l’extase seront au quotidien. Désormais, la joie est de retour et elle est plus intense que jamais. Les Kabyles et les Algériens ont bien le droit de goûter enfin à ce bonheur qui nous a faussé compagnie depuis des lustres.
Hocine T.