Les youyous des femmes volaient dans le ciel d’Alger, des chants repris en chœur par des enfants, des vieux, et un brouhaha monstre ont caractérisé cette qualification que seul le football peut procurer.
Des embouteillages extraordinaires se sont formés, aucun quartier n’a échappé à cette liesse qui se lisait sur tous les visages.
Cela nous rappellait presque les scènes de joie et d’euphorie sur les champs-Elysées, suite à la victoire de la France sur le Brésil en finale de la Coupe du monde 1998. On crie, on hurle, on court dans tous les sens. A la rue Didouche-Mourad, c’est le rush. Il n’y a pas une place où mettre les pieds, des enfants âgés à peine de cinq ans expriment avec des chants et des cris leur bonheur. C’est le football qui a pu rassembler toute cette foule, il n’y a guère de différence.
A la place de la Grande-Poste, c’est l’hystérie, la quasi-totalité des voitures est ornée de drapeaux et de posters à l’effigie des joueurs de l’équipe nationale, la génération qui a vécu la qualification de l’Algérie au Mondial de 1982 et 1986 n’en revient pas. “C’est une ambiance de fou, c’est un rêve qu’on vit” dira un père de famille.
Les voitures sont pleine à craquer, on a sorti les tambours et des visages sont peints aux couleurs nationales. “Depuis qu’on attendait ce moment, ce suspense nous a fait finalement du bien, le Mondial nous attend maintenant pour de vrai”, lance un jeune, les larmes aux yeux.
A l’avenue Zighoud-Youcef, l’ambiance est la même, les supporters ont carrément arrêté leurs voitures, bloquant du coup la circulation et s’adonnent à la danse.
Cette nuit, les habitants de certains quartiers ont sorti baffles et chaînes Hi Fi, diffusant des chansons en boucle à la gloire des Verts. Des feux d’artifice sont allumés un peu partout donnant au ciel des couleurs extraordinaires.
Sur les balcons, on aperçoit des familles entières le drapeau national à la main lançant des youyous qui portent loin. Cela nous rappelle la joie de l’Indépendance et les scènes qui s’en sont suivies. Des vieilles dansent en pleine rue, les petits aussi habillés avec des maillots de l’équipe nationale. “One, two, three, viva l’Algérie” est le slogan qui revient le plus pour agrémenter leur joie. Il n’y a pas de mots plus forts pour décrire l’ambiance, il faut juste admirer et chanter. Ce sont les scènes qui reviennent à chaque fois dans tous les quartiers d’Alger. Tout le monde a scandé le même slogan “Afrique du sud, on arrive”.
La fête se poursuit et les Algérois ne pourront pas dormir. Nuit blanche pour tout le monde et personne n’échappera, à cette ambiance survoltée. Il y aura des blessés et les urgences ne désemplissent pas, les véhicules affluent même des autres wilayas du pays pour se joindre aux habitants de la capitale.
Femmes, hommes, petits, grands, sont tous là, à sauter de joie, le football a pu procurer de la joie, a pu réussir là où les politiques ont échoué.
Hacène Merbouti