A Béjaïa, les femmes parviennent à conquérir des espaces. Mieux que ça, elles se rendent de plus en plus à l’évidence que leur émancipation passera inévitablement par l’unification des rangs. Et l’association des femmes cadres de Béjaïa inscrit sa démarche dans cette optique. “Nous voulons être la locomotive pour aider les femmes à améliorer leurs conditions sociales, les orienter et les sensibiliser”, nous déclare Nadhira Tlemçani, présidente de l’ AFAC de Béjaïa. Ainsi, femmes au foyer, écrivaines, journalistes, enseignantes, chefs d’entreprises et cadres œuvrent collectivement pour le changement en vue d’équilibrer les rapports hommes/femmes. “Nous travaillons dans un cadre organisé pour impulser une nouvelle dynamique à même d’apporter des changements”, souligne notre interlocutrice, en rappelant que les nouveaux amendements apportés au code de la famille ont amélioré un tant soit peu la condition de la femme. Elle estime cependant que beaucoup reste à faire pour rendre à la femme la place qui lui revient. A Béjaïa, comme ailleurs, le 8 mars constitue un tremplin pour les femmes de conditions diverses pour mettre en exergue leurs aptitudes à entreprendre. Qu’elles soient d’un niveau d’instruction élevé ou non, les femmes ouvrent des brèches là où l’on présume les cantonner. En témoignent du reste les différentes activités organisées aux quatre coins de la wilaya par des associations féminines. Sous la bannière de l’association AFAC, une exposition d’articles décoratifs mettant en relief le savoir-faire de la femme se tient depuis hier, mardi, au théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa. La femme écrivaine était aussi à l’honneur avec la vente-dédicace du livre La Veuve de Fatiha Bourouina, journaliste et directrice du bureau “Eriadh” (Arabie Saoudite). Plusieurs conférences figurent également au menu des activités élaborées par AFAC à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme. Des conférences traitant, entre autres, de “l’expérience dans l’écriture féminine, le rôle de la femme intellectuelle dans le développement des sociétés, la femme et les médias, que devient la littérature féminine”. La même association projette d’organiser une course de voitures avec les équipes de la DJS et de la sûreté de wilaya de Béjaïa, le 12 mars prochain. Selon la présidente de l’association AFAC, une trentaine de femmes prendront part à cette manifestation sportive. A la maison de la culture Taous-Amrouche, des expositions, des conférences, des défilés de mode et un gala artistique ont été organisés hier par le comité des fêtes de la ville de Béjaïa. Dans le cadre des activités du café-ciné de la même infrastructure culturelle et à l’occasion du 8 mars deux films : La Douleur du silence de Mina Kebar et Houria de Mohamed Yergui ont été projetés hier. “La femme est l’élément le plus dominé parce qu’elle est celui auquel il est le plus demandé ; les proverbes eux-mêmes évoquent son caractère utilitaire et sa nécessaire soumission (…)”, écrit Georges Balandier dans son livre Hommes et Femmes ou la moitié dangereuse. Soutenir un discours exhaustif et raisonné sur la situation de la femme en Algérie relève de la gageure philosophique. Pourquoi ? Au code de la famille conjugué au tout masculin s’ajoute la perpétuation quasi-aveugle des valeurs, pourtant contraignantes, par les femmes elles-mêmes, au point où leur situation actuelle n’est pas valorisée à juste titre. C’est-à-dire que les générations d’aujourd’hui aspirent à des changements sur tous les plans, mais hésitent toujours à les adopter en tant que valeurs ! Et pourtant, d’aucuns reconnaissent aux femmes algériennes leur participation à l’édification du pays. Ces dernières années, leur arrivée massive sur le marché du travail témoigne, du reste, qu’elles peuvent bien assumer le partage des rôles sociaux entre genres ! Un partage des rôles qui trouve en partie une explication dans l’amélioration du niveau d’instruction des femmes. Celles-ci affichent désormais une réelle volonté pour participer à la vie politique, économique, sociale, associative et autres. Elles sont désormais partout en termes de travail féminin, mais pas encore ailleurs!
D. S.