Larfi Naïma est une jeune handicapée de 35 ans qui ne célèbre jamais le 8 mars. Elle est toujours occupée à travailler. Plus qu’un travail, c’est une passion. Elle se consacre en permanence à ses semblables. Elle s’occupe, en effet, depuis 1999, des personnes en détresse au sein de l’Union des handicapés moteurs de la wilaya de Bouira. Mais bien avant d’occuper ce poste, elle avait pratiqué le bénévolat auprès du milieux associatifs opérant parmi des handicapés. Après avoir longtemps “galérée” en l’absence de moyens financiers et humains et surtout faute d’interlocuteurs au niveau des différentes administrations, Naïma commence à voir ses rêves se concrétiser. La réception prochaine d’une ambulance pour transporter les personnes handicapées est une des nombreuses missions qu’elle s’était fixée. Auparavant, Mlle Larfi se déplaçait avec ses propres moyens financiers à travers les 45 communes de la wilaya de Bouira pour prendre attache avec les handicapés qui ne pouvaient effectuer le déplacement vers le chef-lieu de wilaya. En prenant ainsi connaissance de la situation des uns et des autres, la représentante de l’union des handicapés de Bouira, a réussi à apporter aide et soutien aux handicapés et à leurs familles. Ne voulant tirer aucune gloire de ses efforts qu’elle attribue aux généreux donateurs qui l’accompagnent dans l’achat de matériel tels les couches pour adultes, des poches, des béquilles, des cannes anglaises et autres fauteuils pour paraplégiques, Mlle Larfi se refuse de parler d’elle. Les handicapés semblent être sa seule raison de vivre au vu du temps, de l’argent qu’elle leur consacre quotidiennement. Même des couvertures et des couettes ont été offertes aux handicapés qui n’avaient pas de quoi se couvrir durant la période hivernale, un don d’un généreux mécène que Naima a sollicité. Moussa, un handicapé présent, nous dira : “C’est grâce à Naïma que les généreux donateurs se manifestent, elle fait un travail formidable il faut le dire…” Avant que Mlle Larfi lui coupe la parole gentiment en lui disant “C’est mon devoir”. Bien plus qu’un devoir serions-nous en droit de dire, puisque sa raison d’être et sa force sont tirées de la satisfaction des handicapés qu’elle voit sourire. “Je n’ai besoin que d’un simple mot d’encouragement et de soutien pour me donner à fond dans mes projets…” Des projets qu’elle arrive à mener à terme avec l’appui des bienfaiteurs et parfois même de l’administration bien que ce ne soit pas évident chaque jour. “Nous avons réussi à former 45 jeunes filles, une dans chaque commune, pour qu’elles puissent nous rendre compte des besoins des handicapés résidant sur l’ensemble du territoire de la wilaya, de ce fait, les P/APC et les chefs de daïra nous ont aidé dans notre tâche, mais il demeure néanmoins des obstacles auprès de certaines administrations qui “omettent” de nous recevoir”. Mlle Larfi est assurément une femme de terrain qui ne baisse jamais les bras aussi facilement. En plus de l’ambulance qui servira à transporter prochainement les handicapés qui désirent faire des examens, des scanner ou des visites médicales auprès de médecins spécialistes, Naima compte ouvrir prochainement un atelier de confection dans lequel de jeunes handicapées pourront recevoir des cours de couture. Pour notre interlocutrice, l’important est de soustraire les personnes handicapées au milieu famillal afin qu’elles puissent mieux s’épanouir et s’intégrer dans la société. Pour cela, elle n’hésite pas à se déplacer dans les villages les plus reculés de la wilaya pour convaincre les parents d’enfants handicapés de laisser une chance à leurs progénitures. “Vous savez les mentalités sont encore archaïques et il est difficile de convaincre un père de famille de laisser sa fille handicapée sortir. Les parents ont toujours peur du qu’en-dira-t-on”.
Il n’est pas moins facile de faire parler Naima de sa vie de femme qu’elle consacre ou qu’elle sacrifie, c’est selon, au bien être quotidien des handicapés. En lui parlant du 8 mars, elle nous confie “Ah ! C’est demain la journée de la femme ! J’oublie chaque année cette date. Vous savez je suis toujours occupée le 8 mars car nous travaillons pour la réussite du 14 mars, la journée nationale des handicapés. C’est une frange de la société qui attend beaucoup de nous, mais je souhaite une bonne fête à toutes les femmes surtout aux handicapées qui sont chaque jour confrontées à de multiples problèmes”.
Hafidh B.