La poétesse Lyasmin Gidir ou Aldjia Manan de son vrai nom, est née en 1924 à Tala-Khelil. Lyasmin a vécu les deux guerres (39-45) et (1954-62) au village.
Comme toutes ses paires, elle a chanté d’abord les izlan, les berceuses, les chants du travail, pour ensuite passer à un autre genre moins gai que celui de la poésie de guerre.
Elle est l’exemple type de femmes qui ont des prédispositions à la production de la poésie villageoise. Lorsque la guerre de Libération (1954-62) éclata, elle délaissa donc ces chants joyeux et se donna uniquement aux chants de guerre. Ainsi, en réponse à l’oppression des militaires français à l’encontre des villageois, Lyasmin et toutes ses paires ont composé un nombre de poèmes relatant la vie dans le village, les différents accrochages et batailles avec des détails saisissants.
Lyasmin Gidir, qui était témoin de la misère des années 1940 et des atrocités de la guerre de Libération a consigné ces moments difficiles dans de nombreux poèmes. Ainsi, la guerre, la misère, le favoritisme étaient les thèmes de sa poésie.
A taya leesker
A taya taya leesker
A taya d ubrid n Taecac
Tilawin iffe$-itent leeqel
Lhant d u$ebbi n ccac
Kunwi a yirgazen n lweqta
Kif tellam kif ulac.
Voici, les soldats
Voici, les soldats
Les voici, sur la route de Tachach
Les femmes prirent peur
Elles cachaient leurs biens
Vous, les hommes d’aujourd’hui
Votre présence est insignifiante
Tiyita n tewwura
Fef wesmi bdan tiyita n tewwura
Trekbe$ tawla
Ye$li-d $ef medden yezmi
Si lme$reb ulac tuff$a
Ula $er berra
Ula d lemba texsi
Tanaerit a lawliya
Ad tekfu lgirra
Ad nu$al am zikenni.
Le jour où on frappait aux portes
Le jour où on frappait aux portes
Nous tremblions de peur
Les gens étaient malheureux
Du coucher du soleil, on ne sort pas
Même au devant de la porte
Et les lumières étaient toutes éteintes
Saints, nous vous implorons
Que la guerre finisse
Et que la paix revienne
Lzzayer
Lzzayer tejra elayen
Ëubben-tt Imaziren
Yerna teççur d lfakya
Wid-ak is_an imextafen
Lla kennun a tetten
Yerna _acen fi raha
Nekni s wid-ak wezzilen
Nettawi lewhi s wallen
Nettraju ma ad-d-i$li kra
L’Algérie
L’Algérie, cet arbre haut
Que ses habitants aiment
Est pleine de fruits
Ceux qui ont les bras longs
Se servent et mangent
En vivant en paix
Nous, aux bras courts
Figés, nous regardons
Si quelque chose tombe
Ramdane Lasheb