Tizi-Hibel, un village relevant de la commune d’Aït Mahmoud, situé à 20 km de la wilaya de Tizi-Ouzou, compte près de 3000 habitants, formé de deux hameaux (Tizi-Hibel et Agounni-Arous) et s’étend sur une superficie de 870 km, en outre, Tizi-Hibel, village natal du célèbre écrivain à l’image de Mouloud Feraoun et de Fadhma Ath Mansour Amrouche, conteuse, gardienne des traditions, dont les enfants Jean et Marguerite Taous Amrouche, tous deux écrivains ont recueilli et traduit en Français.
Tizi-Hibel, est un village de forte émigration vers la France depuis le début de XXe siècle, actuellement, ce sont quelque 300 familles d’environ 1500 personnes qui sont installées définitivement. En 1987, les Tizi-Hibeliens se sont regroupés au sein de l’association à laquelle ils ont donné le nom du village.
Jusqu’à une époque récente, la question des déchets ne se posait pas à Tizi-Hibel, il en était d’ailleurs ainsi partout dans les villages de Kabylie. L’évolution de ces trente dernières années a bouleversé la donne, les changements de mode de vie et de consommation, la généralisation de nouveaux équipements et matériaux, l’emprise de besoins nouveaux, ont profondément changé la société villageoise qui n’a pas su ou pu préserver l’harmonie d’antan, avec le temps, celle-ci, s’est rompue, la nature devient le respectable de toutes sorte de résidus. » Notre dépotoir a pris le nom du site qu’il a pollué :Tawcict : Il y a encore une vingtaine d’années Tawcict était un des plus beaux sites panoramiques de la région », dira un citoyen.
Le terrain borde le principal axe routier relié à Agouni Arous. Il est formé d’une aire de quelques ares qui descend en forte pente vers une ravine en contrebas du village, une végétation dense et verdoyante et quelques frênes plantés ça et là agrémentaient alors le paysage. Quelques familles du voisinage jetaient alors à cet endroit leurs détritus ménagers. Sans grandes conséquences, le terrain absorbant naturellement le peu de déchets organiques qu’il recevait. Mais avec le temps, d’autres s’y sont ajoutés et finalement, le laxisme des propriétaires qui ont laissé faire, tout le village s’y est mis, transformant Tawcict en chancre béant planté au milieu du village.
Il est vrai que la plupart des villageois déplorent cette situation, Ils s’en remettent sans illusions d’ailleurs, aux autorités locales pour trouver une solution. Une benne a bien été installée sur lieux à une certaine époque, le camion de la commune devait régulièrement l’enlever pour la vider, cette situation a été relativement viable si les enlèvements étaient réguliers et le camion avait continué son œuvre, au bout de quelques temps la benne fut enlevée et Tawcict prit le relais. Depuis, le village est à la recherche d’une solution. L’association Tizi-Hibel, qui regroupe en France les ressortissants originaires du village, s’est sentie concentrée, elle s’est mobilisée sur cette question.
Les initiatives de l’Association Tizi-Hibel
Depuis sa création en 1987, l’association a en effet placé au centre de ses préoccupations « le modale » problème du traitement des déchets ménagers dudit village, la transformation au fil du temps de Tawcict en un immense dépotoir à ciel ouvert, insalubre et nauséabonde, est devenue de plus en plus inquiétante, il s’agit d’un lieu-centre de la contrée, et pire encore, situé à proximité d’une école, de commerces ainsi que d’habitations. Devant l’incapacité des autorités locales de prendre en charge ce problème, la difficulté de trouver une solution du côté les villageois, l’association a été amenée à prendre une série d’initiatives en partenariat avec le comité de village, cette situation a conduit celui-ci à prendre en charge la construction d’un mur de soutènement à cet endroit, quant à la deuxième action, elle consiste à organiser le tri et le traitement des déchets accumulés. Ce projet a fait l’objet d’une étude complète de faisabilité autant technique que financière les habitants du village et l’association Tizi-Hibel ont apporté leur soutien et leur contribution. Le projet était en phase de réalisation, mais le terrain fortement pentu où se déversaient les déchets, n’a pas supporté les travaux, fragilisé qu’il était par les multiples galeries creusées par les rongeurs qui infestaient les lieux. C’est pour ces raisons que, l’association Tizi-Hibel s’est orientée vers un nouveau projet.
Le projet en cours de réalisation
Le projet repose sur l’idée d’évacuer complètement la décharge de Tawcict et de lui substituer une décharge contrôlée en un endroit extérieur du village, plusieurs facteurs rendent impérative la réalisation dudit projet. Tawcict est à l’origine d’une augmentation significative de pathologies liées à la pollution, à la fumée et aux gaz toxiques et à la prolifération de rongeurs et même de plusieurs maladies.
Le terrain bordant le dépotoir continue de s’affaisser, il gagne dangereusement la route qui donne accès aux deux bourgades limitrophes, à savoir Agouni Arous et Tagragra qui sont menacés d’enclavement. Les habitants continuent d’y jeter leurs déchets. La situation perdure, s’éternise et inquiète.
Mouloud Zerbout