Une union et deux amours

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Voilà un mot qui lui colle à la peau comme les couches-culottes aux fesses roses des bébés.Bref, le “être” avec tout ce que cela suppose comme petits bonheurs, et lui sont deux parallèles qui ne se rencontrent que pour s’entrechoquer puis s’entredéchirer comme dans les amours interdites et impossibles du torero et de la prostituée que Brel a immortalisé à Orly, un dimanche avec ou sans Becault.Pourtant, il a “tout” pour être heureux. Une femme qu’il a aimée, qu’il aime et qu’il aimera, jure-t-il et trois enfants adorables.…Mais voilà que là où a priori il est interdit de palpiter là où seule dit-on, la déchéance humaine trouve ses marques, la vie l’a paradoxalement intéressé. Là et sans crier gare, il a trouvé un petit quelque chose d’indéfinissable mais sûrement d’humain chez ces femmes que l’ordre établi sous l’impulsion des objecteurs de conscience a décidé de qualifier de prostituées, de putes et de bnat lehram. Des mots qu’il a tout de suite vomis, mots que seul les petites gens coincées entre la salat el djoumouaâ et les jupons de leur femme vocifèrent à la face des “victimes innocentes”, pense-t-il. Mais bon. C’est l’éternel ronron objecteur que les prêcheurs pantouflards bien au chaud à l’intérieur de leur cage dorée hissen à tout bout de champ pour charger leurs…pêcheurs.Là-bas, de l’autre côté de minuit et de l’ordre social, il a rencontré l’autre femme, celle qui ne ressemble ni à sa mère n à sa légitime. Cette autre femme lui semblait, dira-t-il dans un moment de troubles émotionnels, être encore plus femme que sa génitrice et sa compagne.Ne cherchez pas en surface ce qui ne se trouve qu’en profondeur. Vous n’y trouverez rien qui puisse expliquer ce qui, au premier abord, semble être un paradoxe.Elle a 21 ans à peine. Elle a beau se donner des airs d’une prostituée pure et dure, sa frimousse de femme inachevée et son regard fuyant quelques éclairs de vérité la trahissent. Le premier regard lui a suffi pour “aimer” la Lakhloukha, c’est ainsi qu’il l’appelle. A ce sujet, il expliquera qu’il y a des situations qui génèrent des états d’âme que les dictionnaires ne peuvent traduire. D’où la nécessité d’inventer un mot qui échappe au contrôle de l’ordre établi.Il affirme qu’il n’est pas forcément un démolisseur de l’ordre social, il s’est juste efforcé de regarder dans cette boîte sa Lakhloukha comme un être humain. Du coup, il a été surpris, puis envahi par un sentiment qu’il réserve uniquement à ma femme. Oui, il aime sa femme. Son amour pour elle ne souffre d’aucun doute. Elle aussi l’adore.“Ma femme ? Je l’adore! La Lakhloulkha ? Je ne devrais pas”, raisonne-t-il. Comment en est-il arrivé à aimer, en plus de sa femme, une prostituée ?Il ne se l’explique pas. Pour préserver son premier amour, le seul qui compte, jure-t-il, il a décidé de ne plus jamais remettre les pieds dans cette boîte où il avait rencontré un amour interdit.

T.O.A.

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