Béjaïa : Un environnement des plus dégradés

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“Croire que la surabondance et l’entassement de produits est synonyme de développement est vraiment une fumisterie” H.Tahar diplômé en hôtellerie ne mâche pas ses mots, il est outré par l’état lamentable de l’environnement et par le manquement aux règles d’hygiène constaté à travers toute la wilaya, aussi bien dans les villes que dans les villages. “Ce n’est pas parce qu’on a un ordinateur et un portable ou un autre gadget, qu’on peut se dire développé. Non, non, l’essentiel nous manque. Et l’essentiel dans le cas qui nous préoccupe touche à l’environnement et à l’hygiène ! C’est la débâcle. Notre cadre de vie est devenu un dépotoir à ciel ouvert !  » Ajoute-t-il en laissant échappé un grognement de dépit. Il n’est pas le seul à réagir ainsi. Tout le monde se lamente de l’état de dégradation de notre environnement même les étrangers de passage ne manquent de nous le faire remarquer  » vous avez un beau pays, mais il est très sale  » nous déclare un Français venu passer des vacances avec ses amis algériens. S’il est vrai que ce serait un luxe de parler encore chez nous de développement durable et d’autres concepts en débat actuellement dans beaucoup de pays, il serait quand même criminel, de ne pas prendre en charge et en urgence cette pollution généralisée du cadre de vie. Le chef-lieu de wilaya qui pourtant était déjà une métropole au moyen-âge, censé être la vitrine de la région, n’échappe pas au  » zvelisme  » ambiant. Certains de ses quartiers exhibent un aspect tellement hideux qu’on se croirait dans un de ces favelas de l’Amérique latine. Gravats, sachets, détritus de toutes sortes jonchent le sol sans que personne ne lève le petit doigt. La propreté la protection de l’environnement, le respect des règles de l’hygiène ne semblent pas intéresser grand monde. La population aussi bien ses responsables ne se soucient guère des problèmes de l’environnement. A part les inlassables constats et les quelques grognements de mécontentement, rien de sérieux n’est entrepris pour changer la situation. Les citoyens conditionnés qu’ils sont et devant l’absence de l’Etat, jettent partout leurs ordures ménagères sauf là où il faut. L’image des bacs à ordures, restés affreusement vides, alors qu’aux alentours immédiats, des montagnes d’ordures s’entassent, fait maintenant partie de notre paysage. L’absence des bons reflexes citoyens ajouté à la mollesse et à la permissivité de l’Etat fait que ce secteur est devenu un foutoir où l’on ne fait qu’à sa tête. Un responsable de village bien inspiré a déclaré à ce sujet que ce ne sont pas les décharges qui sont sauvages mais plutôt les gens ! Des commerces au vu et au su de tout le monde participent à cette course à la pollution et au non respect des regèles de l’hygiène et ils n’encourent, aucun châtiment. Des produits avec mention « A ne pas exposer au soleil », sont laissés pendant toute la journée au « chaud » : du pain, pastèques, raisins, eau minérale et autres denrées sont exposés à même les trottoirs, au soleil, à la poussière, au gaz d’échappement… partout dans la wilaya et cela, au nez des autorités sans être inquiétée.

Des restaurants et des fast-foods, servent une alimentation douteuse, au mépris des règles de l’hygiène sans qu’ils ne soient tourmentés. Les intoxications alimentaires sont légion. Farid, un transporteur, habitué des fast-foods nous dit à ce sujet  » j’ai mangé un casse-croûte viande hachée dans un fast-food et toute la nuit, je l’ai passée à vomir toutes mes tripes ». Et avec tout cela, on entend encore, des responsables seriner à longueur de discours sur le développement, le bien-être et la santé des citoyens.

Menad B.

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