La maison de la culture de Béjaïa a abrité lundi, la projection d’un émouvant récital poétique, intitulé A l’ombre des mots, du célèbre poète palestinien Mahmoud Darwich, à l’occasion du deuxième anniversaire de sa mort, intervenue le 9 août 2008
à Huston, aux Etats-Unis.
La voix enregistrée de Darwich, sous-titrée en français, était accompagnée par le non moins célèbre Trio Joubran, trois frères luthistes, ainsi que par un percussionniste de talent, Youcef Hbeisch, tous Palestiens. Aux vibrations enivrantes de la voix du poète disparu, se sont jointes les éblouissantes compositions musicales des luthistes. Le spectacle, d’une heure six minutes, nous subjugue par la profondeur extraordinaire de la voix et la poésie de Darwich, rendues encore plus émouvantes par le son langoureux du luth, couplé à la tonalité dramatique que dégageait les percussions. La déclamation du poème Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie est très révélateur de l’âme de Darwich, chantre de sa terre confisquée. En voici un extrait :
Sur cette terre,
Il y a ce qui mérite vie :
Sur cette terre
Se tient la maîtresse de la terre,
Mère des préludes et des épilogues.
On l’appelait Palestine.
On l’appelle désormais Palestine,
Ma Dame je mérite la vie,
Car tu es ma Dame.
Le Trio Joubran accompagne Mahmoud Darwich depuis 1996 partout dans le monde. Il a une très grande admiration à l’égard du poète dont il a su traduire musicalement «les variations de sa voix, dans la force et la faiblesse, la certitude et le doute, la vie et la mort…», notera le Trio. Le 4 février 2009, A l’ombre des mots, présenté pour la première fois à Ramallah à l’occasion du 40ème jour du décès du poète, a été présenté à nouveau au Parlement Européen à Strasbourg en présence du président du Parlement, Hans-Gert Pöttering et du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Ce spectacle a donné une plus grande célébrité au Trio Joubran qui appartient à une grande famille de luthiers sur plusieurs générations. Samir, l’aîné et leader du Trio, a 37 ans. Le puîné Wissam, 27 ans, est le premier luthiste du monde arabe diplômé de l’institut Stradivari (Italie). Le benjamin, Adnan, a 25 ans. Aujourd’hui, le Trio joue à guichets fermés partout dans le monde : en France, en Europe, au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique latine et enfin dans le monde arabe. En outre, il y a lieu de rendre hommage à Abdenour Hochiche, le président de l’association Project’Heurts, qui a ramené de France le DVD de cet extraordinaire récital poétique qui mérite d’être projeté à nouveau et permettre à un grand nombre d’amateurs de poésie de visionner cet inestimable document.
K. D.