La “santé” du secteur en question !

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Malgré les efforts consentis pour garantir au citoyen l’accès aux soins avec surtout la sauvegarde de la gratuité des soins, dans le secteur public comme acquis social, il n’en demeure pas moins que le secteur de la santé peine encore à satisfaire la demande dans un contexte particulier caractérisé par un manque criard en matière d’infrastructures conjugué à un manque en moyens humains.

Ce dernier facteur se fait sentir surtout dans le paramédical, situation aggravée par le départ de plusieurs hospitaliers vers d’autres cieux, le Canada en particulier. Tizi Ouzou ne fait pas l’exception puisque la capitale du Djurdjura cumule un manque d’infrastructures face à une évolution démographique, qui a eu pour conséquence une impressionnante évolution des besoins en matière de prestation qui a fait, on le comprend bien, le bonheur du secteur privé. Ce dernier a vu son chiffre d’affaires grimper en un laps de temps en gagnant une importante part du marché. Le facteur démographique pèsera donc sur les capacités de prise en charge de ces besoins en matière de soins, des insuffisances compliquées par la densité de la population, la plus forte à l’échelle nationale, le secteur couvre à Tizi Ouzou un besoin de population estimé à 1,2 million d’habitants. C’est bien évidemment le centre hospitalo-universitaire Nedir-Mohamed, qui est la parfaite illustration de cette terrible pression née de la très forte demande. Créé en 1984, le Chu de Tizi Ouzou est doté d’une capacité de 1 033 lits couvrants les besoins de quatre wilayas soit près de 4 millions d’habitants. Selon un rapport présenté lors de la dernière session de l’APW, cette capacité d’accueil du CHU Nedir donne un ratio de un lit pour 3 900 âmes ce qui représente un déséquilibre flagrant en matière de couverture sanitaire. Cette pression est surtout perceptible dans le service des urgences médicales où un nombre important de patients transitent et n’y trouvent même pas de places. Une visite sur les lieux permet de constater que des patients, à défaut de places disponibles, sont installés à même le sol dans les couloirs. Un centre de tri ne sera pas de trop pour gérer au mieux le flux de malades et réhabiliter le Chu Nedir dans sa vocation initiale. Cette structure sanitaire, la plus importante dans la wilaya, est, pour reprendre les termes du rapport, complètement dépassée, exigu&euml,; inextensible, et ne peut plus répondre aux exigences de l’heure tant sur le plan thérapeutique que pédagogique. Il y a aussi, et c’est là le paradoxe, sa localisation au centre-ville qui rend l’accès difficile. Combien d’ambulances se sont retrouvées bloquées dans d’incommensurables bouchons de la rue Lamali ?

Vivement un 2e centre hospitalo-universitaire !

La réalisation d’un deuxième CHU ne sera pas de trop pour Tizi Ouzou. Dans ce sillage, les élus à l’Apw font remarquer que malgré les incessantes demandes, “le projet n’a pas été retenu dans le plan quinquennal 2010-2014, pourtant même une assiette a été réservée», tient-on à préciser.

Du côté de la direction de la santé il est mentionné qu’un projet portant l’étude et la réalisation d’un centre hospitalo-universitaire d’une capacité de 2 000 lits à implanter au sein de la Nouvelle-ville de Oued Falli, est retenu dans le cadre d’une “vision prospective à moyen terme”. Autre manque infrastructurel relevé par les élus, les salles de soins. Le rapport fait état, en effet, de l’existence de 268 salles de soins pour 1 513 villages soit une salle de soins pour 4 200 habitants. Une salle de soins pour six villages en Kabylie représente un handicap pour cette localité quand on connaît les difficultés du relief dans la région. Ces difficultés s’accentuent surtout en période hivernale et du grand froid où se déplacer au village voisin pour une injection représente un véritable défi à relever pour les citoyens du troisième âge. Des villages demeurent encore sans salle de soins malgré les demandes formulées à maintes reprises aux autorités locales. A Tizi N’tleta, par exemple, l’un des quartiers les plus pauvres, Tassoukit en l’occurrence, revendique une salle de soins qui prémunira les habitants des déplacements vers d’autres localités. Pour ce qui est des polycliniques, la wilaya de Tizi Ouzou compte 57 établissements du genre, soit une polyclinique pour 20 000 habitants. Le rapport de la commission sociale et de la santé à L’Apw précise toutefois que sur les 57 polycliniques recensées “14 sont des centres de soins”. Alors que trois polycliniques seront bientôt réceptionnées à Tizi Ouzou (nouvelle-ville), Irdjen et Tizi Ghennif, 18 autres polycliniques seront dotées d’un appareil radiologique 500Ma avec développement automatique, à l’image de Tizi N’tleta, Bouzguene, Akbil, Maâtkas et Frikat entre autres. Trois établissements publics hospitaliers (EPH) sont inscrits dans le cadre du prochain plan quinquennal au profit de trois daïras à savoir les Ouadhias, Ouacifs et Ouaguenoun.

Un centre anti cancer (CAC) 140 lits à Draâ Ben Khedda

Le directeur de la santé indiquera que dans le cadre du programme neuf, notifié pour 2010, il est retenu l’étude et la réalisation de deux hôpitaux d’une capacité de 60 lits aux Ouacifs et Ouaguenoun.

Le programme notifié pour l’année en cours ne fait donc pas référence à l’hôpital des Ouadhias “les EPH sont en nombre de sept comptabilisant 1124 lits soit un lit pour 1000 habitants. Parmi ces EPH certains sont récents tels que ceux d’Azazga, Larbaâ Nath Irathen, Draâ El Mizan mais sous exploités faute de moyens humains et matériels d’autres sont des établissements datant de l’ère coloniale tels que Azeffoun, Tigzirt, Aïn El Hammam complètement inadaptés aux exigences de l’heure bien que des aménagements aient été effectués dans certains établissements,” lit-on sur ledit rapport. La pression de la demande affecte également d’autres services et structures de santé à Tizi Ouzou. C’est le cas de le dire en particulier pour l’EHS Sebihi, spécialisé dans la gynéco-obstétrique, doté d’une capacité de 82 lits soit un lit pour 50 000 habitants. Le travail accompli par le personnel est à féliciter surtout avec les conditions dans lesquelles l’établissement évolue, caractérisées par une énorme demande qu’il ne peut satisfaire, ce qui crée parfois des tensions. Aussi, l’EHS Fernane-Hanafi, spécialisé en psychiatrie, doté d’une capacité de 330 lits et qui fait face aux besoins de quatre wilayas car en plus de Tizi Ouzou, l’établissement reçoit les patients des régions de Boumerdès, Béjaïa et Bouira. Selon la direction de la santé la wilaya de Tizi Ouzou connaîtra d’autres dotations infrastructurelles à l’image d’un centre de transfusion sanguine dont la réception est prévue pour la fin de l’année en cours. En matière de projets structurants, il y a lieu de retenir la réalisation de l’établissement hospitalier spécialisé de 80 lits implanté à Draâ Ben Khedda et le centre anti cancer (CAC) 140 lits dans la même commune. Deux structures qui feront, selon la direction de la santé “un pôle d’excellence” quant à la daïra d’Azeffoun, elle sera dotée d’un hôpital réalisé sur le “fonds Saoudien de développement”.

Omar Zeghni

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