Y a-t-il encore un mécanisme à mettre en œuvre pour empêcher le marché de flamber ? Décidément, rien ne peut arrêter l’envolée des prix des produits alimentaires à la veille de chaque occasion ou fête religieuse. Le citoyen est dans l’obligation de satisfaire aux multiples dépenses qu’imposent de telles évènements, par ailleurs, il se trouve paradoxalement contraint, dans la plupart du temps, à s’endetter pour s’en sortir “dignement”. La capitale du Djurdjura ne déroge pas à la règle. Hier, une virée, dans les différents points de vente et marché nous a permis de constater une terrible flambée des prix. Les fruits et légumes, les plus demandés, détiennent la palme car si habituellement, les ménages peuvent faire l’impasse sur certains produits de luxe, il n’en demeure pas moins que le minimum était garanti, ce qui n’est plus le cas depuis la fin du mois de carême. Pour la première fois depuis des années, le marché a gardé un haut niveau des prix même si la consommation avait sensiblement baissée. On se souvient qu’à la veille de l’Aïd El Adha, le marché a pris une courbe ascendante jusqu’à voir certains produits de large consommation atteindre des prix inabordables. “Je me suis dit qu’après l’Aïd, les prix allaient se stabiliser, quelques semaines après, les choses semblent effectivement se stabiliser dans une logique de hausse. Je ne sais pas quoi faire aujourd’hui. Satisfaire toutes ces dépenses que nous impose une telle occasion où faire face aux charges « obligatoires » avec un salaire de misère ?», nous dit un quadragénaire accosté au niveau du marché couvert du centre-ville de Tizi Ouzou. Il faut dire que les prix affichés sont inabordables pour les petites bourses. “Je me contente du peu. J’essaye de gérer un petit budget car le lendemain de cette fête sera rude dans le cas contraire. Certains disent que nous pouvons désormais s’assurer et surtout se permettre des largesses en matière de dépenses, c’est complètement faux. Les augmentations de salaires ne serviront au final qu’à combler cette hausse effroyable des prix. On nous donne un dinar et on augmente les prix du double c’est-à-dire ce qu’on nous donne par-là on nous le prend de l’autre côté», s’indigne un enseignant, rencontré sur les mêmes lieux. Les commerçants interrogés hier disent qu’ils ne sont pas responsables de cette hausse vertigineuse des prix. “Nous achetons à des prix élevés et nous ne prenons qu’une petite marge de bénéfice», nous dit un jeune marchant de fruits et légumes au niveau du marché du centre-ville. Les prix affiché “défient” toute concurrence. Les carottes et navets sont cédés à 70 DA/kg, la tomate à 80 Da/kg, 100 Da pour la salade verte, 120 Da pour l’haricot vert (rien que ça !) alors que la courgette joue à la star avec pas moins de 100 DA/kg. Parler d’une théorie de régulation dans un marché plutôt un bazar n’est-il pas un vrai paradoxe ? Si les citoyens n’exercent pas une autorégulation en jouant sur la rationalité dans la consommation, le marché continuera à réagir de la même manière à savoir permettre à la spéculation de squatter, en amont, les circuits de distribution et créer à terme une inflation des prix qui sanctionne le citoyen.
A. Z.