Le crédit pour boucler les fins de mois

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Smicards, travailleurs précarisés, chômeurs de longue durée…tous ont, peu ou prou, besoin de recourir à un paiement différé de leurs achats quotidiens.

«La maison ne fait pas de crédit», avertit un commerçant d’alimentation générale d’Akbou, sur une pancarte accrochée bien en vue sur la devanture de son magasin. «C’est si facile de vendre à crédit, le recouvrement en revanche, c’est loin d’être évident. J’enai fais l’amère expérience», soutient-il. Et au gérant d’une boutique de fringues de faire chorus : «Le crédit a vécu. Je préfère me contenter de petites recettes que de voir grand en courant le risque d’essuyer des pertes sèches ». D’autres commerçants en revanche, et ils sont de plus en plus nombreux, nous expliquent que la vente à crédit est une mœurs bien intégrée dans leurs rapports avec la clientèle. «La suppression du crédit équivaut à mettre la clef sous le paillasson. Il vaut mieux supporter les mauvais payeurs et composer avec eux que de risquer de perdre des clients, qui seraient naturellement amenés à se tourner vers les boutiques qui consentent le crédit», nous dira le propriétaire d’une superette de Sidi Aïch. Et ce n’est, sans doute pas, la demande de crédit qui fait défaut. La criseéconomique ayant précipité dans la pauvreté et la précarité de larges pans de la société le crédit est devenu une nécessité dictée par l’impératif de survie. Smicards, travailleurs précarisés, chômeurs de longue durée…tous ont, peu ou prou, besoin de recourir à un paiement différé de leurs achats quotidiens. «Tout a augmenté. La nourriture, l’habillement, le loyer… L’inflation est telle que quelle que soit la revalorisation consentie aux salariés, ils ne rattraperont jamais le renchérissement du coût de la vie», constate, amer, un fonctionnaire d’El Kseur. «Ma pension de retraite de 11 000 DA couvre à peineune dizaine de jours. Le reste du temps, je me débrouille comme je peux, en vendant du menu fretin. En dépit de cela, le crédit s’avère un passage obligé pour boucler les fins de mois», affirme, quant à lui, un sexagénaire de Tazmalt. D’aucuns, à l’image de ce veilleur de nuit d’Ouzellaguen, se sont improvisés taxieurs clandestins. «C’est une activité parallèle que j’exerce depuis plus de cinq ans. Une manière comme une autre de faire face aux fins de mois difficiles et de rembourser les crédits contractés», confesse-t-il. Et d’enchaîner : «Par rapport aux infortunés quidams qui sont contraints de farfouiller dans les décharges publiques ou de tendre la main, je m’estime chanceux, même s’il m’arrive souvent d’être insolvable devant la facture».

N. Maouche

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