Avec le temps, les oueds des hauteurs de l’Akfadou et des autres bourgades limitrophes deviennent des espaces pour les eaux usées et les ordures. Des espaces à éviter.
L’eau qui coule des sources représente l’une des richesses de cette région montagneuse. Il est vrai que ces sources de vie ne sont pas aussi importantes que celles des pays nordiques. Toutefois, leur présence est d’une très grande importance pour la flore et la faune, idem pour l’homme. Ici, l’eau du robinet est à savourer. D’ailleurs, certains habitants de la région se sont fait un gagne-pain en vendant de l’eau pour ceux qui souffrent de la mauvaise qualité du précieux liquide, c’est le cas de la ville de Sidi Aïch.
Chaque jour, de nombreuses personnes achètent l’eau de source des hautes collines des Ath Mensour. Une eau d’une réputation ancestrale, dans la région. Son histoire est longue. Jadis, les rivières abritaient des moulins qui fonctionnaient à l’aide de la pression des eaux. L’orge, l’olive et autres denrées se faisaient moudre par des pierres rondes. C’était un autre temps, où le travail de la terre faisait vivre, sans avoir recours aux autres métiers.
Les anciens de cette région se souviennent et gardent encore la nostalgie du bon vieux temps. Pour les femmes, c’est de très beaux moments qui se sont effrités. Autrefois, ces lieux étaient leur carrefour. Elles y venaient pour se laver et laver le linge. C’était comme un hammam où l’utile se joint à l’agréable, dans une atmosphère de fête. Maintenant, tout est fini. «Avec le temps va, tout s’en va», chantait Léo Ferré. Et oui, nulle chose ne demeure dans cette existence. On se contente de se souvenir de la beauté des meilleurs moments pour tenter de poursuivre son chemin.
Auparavant, avec l’avènement de la chaleur, les gens se retrouvent tout près de l’eau qui coule en mélodies. A l’ombre, la fraîcheur offre un climat merveilleux. Toutefois, cet havre de paix fait, désormais, partie d’un temps qui ne se conjugue point, ou presque. D’abord, ces espaces sont envahis par les eaux usées, au point où même ceux qui passent par là ont du mal à supporter les désagréments des mauvaises odeurs. Le changement de mode de vie a permis aux montagnards d’avoir un quotidien plus serein mais au détriment de l’environnement.
Il y a aussi les décharges d’ordures qui nuisent à ces beaux espaces. Outre les déchets des citoyens, il y a toutes les «saletés» des ateliers et des garages de maintenance de voitures. En effet, toute cette pagaille donne naissance à une réelle pollution. Parfois on se demande où on est. Il y a de cela 15 ans, des poissons vivaient dans ces eaux. Les gosses qui fréquentaient les parages en gardent à ce jour de très bons souvenirs. C’était le lieu de jeu et de détente. C’était aussi une piscine à ciel ouvert. Les bambins se permettaient de nager, à leur manière, sans aucun souci.
Actuellement, leur ancien fief est devenu un lieu désagréable, où on peut attraper les maladies les plus dangereuses. Certains garçons qui s’aventurent encore pour «conquérir» Ighezrawen; comme on les appelle communément, ne s’en sortent pas indemnes. C’est ainsi que s’achève l’histoire de l’eau qui coule. Le devenir de ces coins oubliés ne s’annonce guère florissant. Avec le rythme démesuré de la vie de chaque jour, le pire est à craindre. Peut-être qu’il est encore temps d’agir pour que l’environnement soit enfin une préoccupation urgente.
Ali Remzi
