Deux journées évocation à la mémoire de Slimane Azem

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C’est hier qu’ont été lancées, à la Maison de la Culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, « Les journées évocation à la mémoire de Slimane Azem », l’un des plus grands piliers de la chanson et de la culture kabyles.

Et ce en présence de plusieurs figures artistiques amazighes, notamment Mohamed et Saïd Hilmi, Karim Abranis, Rabah Ouferhat…qui ont tenu à exprimer leur fierté d’assister à cet événement commémorant un aussi grand homme tel que Slimane Azem. Mohamed Hilmi, son ami de toujours, dira au cours de son intervention, que « peu de mots ne peuvent illustrer un aussi grand homme. C’était une source de vie. Muni d’une sagesse suprême, il savait choisir ses paroles afin de pénétrer le cœur des gens qui n’avaient d’autres choix que de l’admirer ». Ceci avant d’ajouter : « il adorait son pays qu’il n’a cessé de chanter. Et il soufrait de l’exil qu’on lui a imposé ». Ceci avant de préciser que « par l’ingratitude et la méchanceté de certains, qu’on ne connaît pas à ce jour, il a été privé du retours vers son pays, l’Algérie ». Par ailleurs, et pour l’anecdote, Saïd Hilmi parle du jour où Dda Slimane, qu’il avoue avoir côtoyé mais pas connu comme il aurait voulu, lui a donné la peur de sa vie. « On s’est rencontrés en France, après être restés une longue période sans nous voir. Je lui ai demandé comment il allait et il a répondu qu’il venait d’avoir les résultats d’un examen médical, et qu’il était atteint d’une maladie incurable. Avant de lui indiquer que sa principale maladie était le fait « d’être Kabyle jusque dans le sang ». Dda Slimane Azem, chanteur et comédien, grand homme et artiste prodige qui a su trouver la formule pour se faire aimer par les grands et les petits, garde intact l’impact de son répertoire musical sur les diverses générations. Slimane Azem est né le 19 septembre 1918 à Agwni Gueghran où il passe son enfance. En 1937, il part en France. Parce qu’il s’est retrouvé comme tous les émigrées de l’époque, à mener une existence des plus précaires, il s’initie à la chanson, en amateur, au grand bonheur de ses amis. Il trouva, alors, un moyen pour oublier, un tant soit peu, la tristesse et la misère qu’il endurait, jusqu’au jour où il est repéré par le compositeur Mohamed Kamel, qui deviendra par la suite son acolyte et meilleur compagnon, tout de suite séduit par sa voix. Une étoile venait, ainsi, de naître. A son actif, un fabuleux répertoire d’œuvres, à caractère ancestral et tirées du patrimoine, et aussi inspiré de son exode qu’il n’a jamais pu accepter. C’est ainsi qu’il chantera l’émigration dans, notamment, « A Muh, A Muh », l’amour dans « Nek Akoud kem », en duo avec Bahia Farah. Mais il était aussi chanteur comédien, en temoignent «Yennugh Wargaz T mettuth », « A ya âbbud », et chanteur caricaturiste dans « Lful Di Bawen », une chanson phare dans laquelle il n’hésitera pas à pointer du doigt, avec courage, les pouvoirs qui font dans la division, ainsi que bien d’autres œuvres qui sont toujours considérées comme des modèle d’identification pour de nombreux artistes et poètes. Il est décédé le 28 janvier 1983 à Moissac (en France) où il est enterré. Par ailleurs, et en cette occasion qui se veut un hommage au grand chantre Slimane Azem, on a déploré l’absence de sa famille. A ce sujet, les organisateurs assurent qu’« on a pris attache avec eux, et on s’est déplacés spécialement afin de les inviter, mais, malheureusement, personne ne s’est déplacé jusqu’à présent ».

T. Ch.

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