« Le baril de pétrole à 100 dollars : mythe ou réalité ? » Cette question, plus que jamais d’actualité, a été le thème d’une conférence animée, hier à la Bibliothèque nationale d’El Hamma, par le professeur Christof Ruehl, directeur-adjoint des études économiques du groupe BP (British Petroleum), une des grosse pointure mondiale des questions pétrolières. Cet éminent chercheur en économie a essayer d’éclairer l’assistance, composé de journalistes, d’hommes d’affaires et de cadres de l’énergie, sur les caractéristiques du contexte énergétique international actuel en passant en revue certaines évolutions récentes des marchés mondiaux de l’énergie, en se focalisant notamment sur celui du pétrole. « L’année 2004 a connu une très forte croissance de la consommation d’énergie, la consommation mondiale d’énergie primaire progressent de 4,3% », a-t-il affirmé. Tout en opérant une rétrospective minutieuse des différentes évolutions des marchés énergétiques depuis 40 ans, il n’a pas omis d’examiner les développements et les tendances globales au niveau mondial et d’essayer d’expliquer les raisons des prix très élevés de pétrole, durant les cinq dernières années. Pour Christof Ruehl, plusieurs facteurs sont derrière les incessantes flambées du cours du brut depuis cinq ans. Une demande très élevée boostée par une forte croissance économique mondiale, des capacités de raffinage insuffisantes et disparates selon les pays, des facteurs climatiques tels que les ouragans Ivan et Katrina, qui perturbent fortement le fonctionnement des installations pétrolières s’il ne les met pas hors service… « L’énergie a été tirée par la demande au cours de l’année 2004. La croissance de la consommation d’énergie a été très forte en Chine et également dans le reste du monde, la conjonction de ces deux croissances a été exceptionnelle », résume-t-il. Et d’ajouter que a robustesse de la demande est le résultat d’un rapide développement économique à travers le monde, elle a eu un impact sur toutes les énergies primaires et toutes les régions du globe. Ainsi, en 2004 la consommation mondiale de pétrole a augmenté de 3,4%, soit 2,5 millions de barils/jour en volume. Il s’agit du plus fort taux de croissance depuis 1978. S’appuyant sur une étude comparative s’étalant de 1965 à 2004, sur la consommation des types d’énergies existantes, l’expert arrivera à la conclusion que le pétrole est l’énergie la plus utilisée, devant le charbon, le gaz, l’hydroélectricité et le nucléaire. Le cadre de BP, a, par ailleurs, estimé la durée de vie du pétrole à approximativement 40 ans, contre 65 ans pour le gaz et 164 pour le charbon. Il prévoira aussi que les prix du brut connaitront une relative baisse dans les prochaines années. Mais pour reprendre ses termes, personne ne dispose d’une boule de cristal, pour voir dans l’avenir. Alors ? le pétrole atteindra-t-il ou pas les 100 dollars. C’est une hypothèse assez probable, selon l’orateur. Car si les mêmes facteurs sont réunis dans les prochaines années, comme c’est le cas depuis cinq ans, les prix resteraient à leur plus haut niveau, et peut-être le baril franchira-t-il cette barre « fatidique ». « Les marchés mondiaux de l’énergie se trouvent désormais dans un nouveau contexte, où la justesse des capacités constitue le point de départ. Une légère tendance au ralentissement de la croissance économique et de la croissance de la consommation de pétrole a pu être détectée en 2005, mais sans détente sur le plan des prix du pétrole », conclue l’expert de BP
Elias Ben