Les habitants de la ville de Tizi-Ouzou ont été brutalement arrachés à leur sommeil, hier au petit matin. L’heure indiquait 4h8mn exactement lorsque la déflagration a provoqué un énorme vacarme entendu jusqu’à une vingtaine de kilomètres à la ronde. Un Kamikaze venait de se faire exploser en fonçant sur le célibatorium de la police, implanté en plein centre ville, à bord d’un véhicule bourré d’explosifs.
Bilan : 33 bléssés dont des policiers et des civils parmi lesquels figurent quatre Chinois
Tizi-Ouzou a été secoué avant-hier à l’aube par un attentat kamikaze. Bilan : 33 blessés dont 12 policiers et 4 ressortissants chinois.
A première vue, on aurait cru à un apocalypse tant la déflagration a causé des dégâts matériels énormes, tout autour de l’ex-caserne de la gendarmerie nationale du chef-lieu de wilaya, lieu ciblé par l’attaque. A vrai dire et selon toute vraisemblance, c’est cette même caserne, occupée depuis les événements du Printemps noir par la police, qui a été ciblée par le kamikaze, roulant à bord d’une Toyota hilux. Un véhicule volé quelques heures auparavant à un villageois du côté de Thakhoukht. Sans la vigilance des policiers en faction, le bilan aurait certainement été plus lourd. Des sources sécuritaires affirment, en effet, que le kamikaze a été tué avant de se faire exploser. «Les policiers ont certainement détecté la bombe, c’est pour ça qu’ils ont tiré sur le véhicule, tuant ainsi le conducteur avant que celui-ci n’arrive à destination», précisent nos sources. Des témoins interrogés sur place hier affirment qu’ils ont entendu des coups de feu peu avant l’explosion. Il était alors 04h07mn. L’explosion était si assourdissante qu’elle a été entendue de Mekla, de Larbaâ Nath Irathen, mais aussi de Beni Douala, de Fréha et de Tizi Rached. «C’était comme si cela s’est passé juste à côté», a confirmé un habitant de Tizi Rached. «J’avais cru à un tremblement de terre», avoua un autre de Mekla. Puisque l’explosion a été entendue à une trentaine de kilomètres à la ronde, que dire alors du centre-ville de Tizi-Ouzou et de son périmètre immédiat. En plus des 33 blessés, la déflagration a également provoqué un choc énorme au sein de la population locale ainsi que des dégâts matériels importants. Le mur de l’enceinte de la caserne, donnant sur la rue Lamali Ahmed a été complètement soufflé. Les commerces et les habitations environnants avaient les vitres éclatées. Une parfumerie située juste à côté de l’endroit a été quant à elle, complètement calcinée. Sur le lieu de l’attentat, un grand cratère est visible de loin. «C’est là- bas que cela s’est passé», dit un jeune à son camarade. «J’habite du côté de la gare routière. En arrivant ici juste après l’attentat, on a trouvé des restes de chair humaine du terroriste parsemés. Le moteur de la voiture piégée a été récupéré dans un magasin situé à une cinquantaine de mètres du lieu de l’explosion», ajoutera un autre jeune. Il est 10 heures, ce dimanche et Tizi grouille inhabituellement de monde, notamment à l’endroit de l’attentat qui restera à tout jamais dans les annales de la ville des genêts. Chacun y allait de son propre commentaire, mais tout le monde s’accordait à dire, que le pire a été évité de justesse. «Imaginez si le terroriste avait réussi à foncer sur sa cible, à savoir la caserne ?», se demanda un sexagénaire. Il est vrai que vu l’importance de la déflagration qui peut en dire long sur la décharge aussi importante utilisée, le bilan aurait été plus catastrophique. Mais toujours est-il que 33 blessés est un bilan qui est loin d’être insignifiant. Cela, nonobstant les dégâts matériels occasionnés. Et dire que la sûreté de wilaya a annoncé à l’occasion du ramadhan un dispositif sécuritaire spécial. On n’est jamais prudent et le terrorisme nous apprend une fois de plus qu’il frappe souvent là où on l’attend le moins. La région n’oubliera sans doute pas de sitôt cette journée meurtrière. Notons qu’en milieu d’après-midi, on dénombrait 18 blessés encore en observation au niveau du CHU Nedir Mohamed.
M.O.B