Avec une population de plus 30 mille habitants, Ath Rached et Ath Leqsar sont désormais deux communes en croissance importante. Cependant, les infrastructures ne semblent pas aller de pair avec les besoins accrus de cette population. En effet, les habitants ne cessent de revendiquer des autorités d’améliorer leur quotidien de plus en plus difficile. La commune d’Ath Rached, avec ses 14 villages, n’arrive toujours pas à offrir «un SMIG d’une vie décente aux habitants», nous dira Saïd, un enseignant retraité. Absence d’AEP, de réseaux d’assainissement et éclairage public, routes et chaussées impraticables, manque de transport, établissements scolaires détériorés…etc, voilà la situation de ces deux localités. Les centaines de jeunes diplômés et d’autres plus nombreux, chômeurs, ne savent plus à quel port se destiner. Le manque cruel, voir l’absence, de structure pouvant les tirer de la terrible ornière qu’ils vivent, les maintient dans une oisiveté étouffante. A Ath Rached, la commune n’est toujours pas dotée d’un lycée, et le seul stade communal n’est plus praticable ; un centre culturel construit à Assif Lekhmis n’a jamais fonctionné et la bibliothèque de la commune vient d’ouvrir ses portes depuis seulement quelques jours avec des moyens timides. Seule la salle omnisport essaye de fonctionner «à contre courant». A Ath Leqsar, la bibliothèque construite à coup de sommes, dit-on, faramineuses, aurait même fait récemment objet de vol de climatiseurs et autres meubles. Elle est toujours fermée. Le CSP réalisé au chef-lieu souffre du manque de moyens et il n’est tenu «en vie» que par la volonté de son personnel. Tandis que le centre culturel, de l’avis même de certains responsables, il n’est qu’une structure fantôme. Voilà dans quelles conditions évoluent des centaines de jeunes, tous âges confondus. Des talents dans des domaines du sport, de la musique et autres sont innombrables dans ces deux communes. Mais, «au fil du temps, le désespoir et le découragement finissent par tuer dans l’œuf toutes ces énergies», regrette Kaci, animateur du mouvement associatif dans les années 1990. Aujourd’hui, «il ne serait pas étonnant que des dizaines de jeunes se tournent vers d’autres voies pour finir par glisser sur d’autres terrains», regrette notre interlocuteur. «En effet, même au temps de l’apogée de l’islamisme armé une certaine ambiance de débat politique et d’animation culturelle était maintenue ici dans nos communes. Aujourd’hui, l’essoufflement du mouvement associatif, le manque terrible d’infrastructures et les nombreux problèmes dans lesquels vit notre jeunesse se conjuguent lamentablement pour laisser ce terrain au bon vouloir des uns comme à la percée d’autres», ajoute Yahia, enseignant de français en retraite. Les conséquences sont apparentes au grand jour. La morosité et l’absence de structuration sur le domaine associatif, poussent les jeunes à se cantonner tout au long de la journée dans les cafétérias comme seuls endroits pour les distraire de cette situation cauchemardesque. Pis encore, la toxicomanie est devenue monnaie courante même dans les villages les plus enclavés. Il va de soi que cette situation ne manque pas de susciter l’incompréhension de nombreux jeunes quant à «la duplicité» qui caractérise la gestion de projets de structures locales. «Comment se fait-il qu’on ne cesse de chanter des politiques allant en faveur des jeunes, tandis qu’on ne construit pas des établissements à vocation culturelle et sportive pouvant favoriser des espaces d’épanouissement et de créativité», se demande Samir, un diplômé chômeur. «Avoir l’agrément pour créer une association culturelle, relève de l’impossible», ajoute Samir. Alors que ce terrain est devenu un «désert culturel, certains ont su en profiter pour enchaîner la jeunesse derrière leurs conceptions incompatibles avec l’épanouissement de cette masse juvénile», dira à son tour, Abdenour, fonctionnaire. «Alors que des autorités prodiguent généreusement des moyens inouïs pour construire dans chaque village des structures qui ne peuvent en aucun cas soulager le marasme des villageois. L’absence d’AEP, de centres de soins, de stades de proximité et autres structures de jeunes contraste avec leurs promesses d’être l’écoute et au besoin de la jeunesse», déclare encore Abdenour.
L. M.
