Confusion dans la maison FFS

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En pleine crise politique et à la veille d’échéance décisive pour le pays, le plus vieux parti d’opposition, le FFS, n’arrive plus à garder son statut de formation politique d’avant-garde populaire et de médiateur.

Ce constat, établi depuis plusieurs années déjà, ne cesse de se confirmer depuis le 22 février dernier, date du début du mouvement de protestation populaire contre le système en place et l’option du cinquième mandat.

Si les militants du FFS répondent présents sur le terrain de la contestation, la direction officielle du parti semble prise dans autre engrenage, plutôt interne. Le parti est souvent absent des débats et de la scène politique d’une manière générale, particulièrement en cette période. Les déclarations contradictoires, de la direction du parti d’un côté, et de ses élus et des militants de base de l’autre, confirment la crise profonde qui touche le FFS.

Vendredi dernier à Alger, et alors que des millions d’Algériens s’apprêtaient à marcher pour réclamer un changement démocratique, les membres du conseil national, les cadres et les élus du FFS, se livraient une bataille au siège national. Une majorité de militants cadres et élus membres du conseil national avaient convoqué, sans l’aval de la direction, un conseil national extraordinaire, pour débattre de la situation politique du pays et organique du parti.

Malgré une grande opposition de la direction du parti chapeautée par le député de Boumerdès, Ali Laskri, le conseil national s’est finalement tenu et un débat houleux s’en est suivi marqué par même des actes de violence physiques. La décision de retrait des parlementaires du FFS rendue publique la veille par la direction du parti n’a finalement pas été suivie d’effet. Les concernés ont rejeté la décision catégoriquement.

C’est dire que le fossé est large entre la direction et ses cadres parlementaires. Avant-hier, à la fin du conseil national provoqué par les deux tiers de la composante, finalement, seule la décision du remplacement du premier secrétaire Mohammed Hadj Djilani, par l’actuel P/APW de Béjaïa Mehenni Haddadou a été adoptée.

Ce dernier a été chargé exclusivement d’organiser une deuxième session du conseil national, au cours de laquelle les militants du FFS débâteront de plusieurs dossiers : le retrait des députés et des sénateurs, les propositions que le FFS devrait adopter pour une sortie de la crise politique, et surtout la date de la tenue du prochain congrès ordinaire.

A Bouira, les militants du vieux parti de l’opposition sont partagés. En effet et en raison des nombreux problèmes qui secouent la fédération du parti à Bouira, le conseil fédéral prévu pour le mois de septembre dernier, n’a toujours pas été convoqué. Les militants, les élus et les cadres locaux ont, pour rappel, réclamé la dissolution de l’actuel bureau fédéral et la convocation d’un congrès fédéral juste après la tenue du congrès national extraordinaire, comme le stipulent les statuts du parti.

Une demande rejetée par le désormais ex-premier secrétaire national, Mohammed Hadj-Djillani, ce qui a déclenché l’ire des militants et des élus, dont certains ont même boycotté les primaires pour l’élection du candidat du FFS aux sénatoriales à Bouira. Les militants et les élus, avec lesquels nous nous sommes entretenus hier, ont dit partager le même constat que les observateurs de la scène politique.

Pour eux, le FFS ne joue plus son rôle de leader politique, à cause des nombreuses crises qui secouent le parti depuis 2005 : «De Hafidh Yaha à Djamel Zenati, le FFS a perdu tous ses fils et ses militants. La crise est très profonde et elle ne finira pas avec le changement d’un premier secrétaire. Aujourd’hui, même les anciens de 63 sont oubliés et marginalisés !

Ce que nous réclamons, c’est la convocation d’un congrès élargi et réconciliateur ou personne ne devrait être exclu. Les démarches abusives, le manque de transparence et de communication, les combines et les injustices des directions successives ont fait perdre au FFS sa force de proposition et même sa crédibilité», nous dira un élu à l’APC d’Ath-Rached, tout en soulignant que les militants du FFS «n’obéissent désormais plus» aux directives et orientations du parti : «Nous ne comprenons plus rien des déclarations du parti !

Nous ne savons pas réellement si la direction adhère à la démarche du peuple ou à celle du pouvoir ?! En tout cas, les militants convaincus n’ont pas attendu les orientations de la direction, car ils sont déjà sur le terrain et ils participent et encadrent les manifestations pacifiques des Algériens», a-t-il ajouté. Un avis qui n’est pas partagé par d’autres militants, notamment le groupe d’élus de l’APW de Bouira, dont certains n’ont pas hésité à dénoncer «un coup de force» contre l’actuelle direction du parti.

Oussama Khitouche

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