Les aviculteurs dans le désarroi

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à la grande satisfaction du consommateur, le prix du poulet de chair a sensiblement baissé. En effet, de 320 DA le kg au début du mois sacré, le poulet évidé est cédé ces derniers jours à 220 DA.

Une aubaine qui n’est pas sans répercussions sur les aviculteurs, qui voient leurs bénéfices s’envoler et qui laissent présager des pertes sèches à court terme. Ainsi, le mois dernier, le poussin était vendu à 150 DA l’unité, en prévision d’une consommation massive de gallinacés au mois de Ramadhan mais l’engouement des aviculteurs était tellement «boulimique» que ces derniers ont produit en surnombre des poulets de chair qui, aujourd’hui, se retrouvent cédés aussi bien dans les boucheries que sur les bas-côtés de la chaussée.

Il faut savoir que le prix du poulet vivant oscille entre 150 et 180 DA le kilo. Les aviculteurs se débarrassent rapidement de leurs marchandises pour éviter la faillite. «Entre l’achat des poussins, de l’aliment de croissance, des vaccins et les heures passées à surveiller les poulaillers, nous vendons quasiment à perte et cela est dû à la multiplication des extras qui investissent dans la filière…», déplore un aviculteur d’Aghbalou.

Il est vrai qu’en dehors des aviculteurs recensés et activant dans la filière de manière légale, beaucoup de personnes, en quête d’un gain rapide et facile, interviennent dans ce circuit, notamment pour faire coïncider leurs productions avec le mois de Ramadhan et les fêtes religieuses. Cependant, l’activité n’est pas sans risque et même le Conseil interprofessionnel de l’aviculture, récemment installé, ne peut correctement établir des prévisions, vu l’imprévisibilité des aviculteurs informels.

On se souvient que l’année dernière, le prix du poulet de chair, au cours du mois de Ramadhan, avait connu des sommets jamais atteints. Des prix qui ont donné des sueurs froides à bien des ménages, en atteignant la barre de 480 DA le kg, juste après l’Aïd El Fitr 2018. Toutefois, selon certains aviculteurs de Bouira, cela risque de se répéter prochainement car, actuellement, le poussin se vend aux alentours de 25 DA et ne trouve pas forcément preneur. «A l’approche de l’Aïd, les sujets de reproduction, les poussins, sont parfois incinérés en l’absence de demande sur le marché…

Ce manque à gagner, pour ne pas dire ces pertes, se répercuteront sur la prochaine saison, où le poussin sera de nouveau inabordable et dépassera allégrement le seuil des 150 DA l’unité. A ce prix, il est évident que le kilo de poulet sera fortement impacté et les tarifs du poulet de chair reprendront leur envol…», indique un membre du Conseil interprofessionnel de l’aviculture. Rajoutons à cela la réticence des importateurs à investir dans l’achat d’œufs à couver, le marché national sera vite dépassé avec une demande supérieure à l’offre.

Avec autant d’incertitudes qui planent sur la filière, de nombreux aviculteurs abandonnent leurs activités et se reconvertissent dans d’autres filières moins risquées financièrement. Il faut dire que la filière avicole, détenue à 90 % par le secteur privé, a connu, en moins d’une décennie, un bond significatif avec une richesse animale considérable de 240 millions de poulets de chair et de dindes. Ce capital demeure toutefois aléatoire et hasardeux pour les professionnels du secteur ayant pourtant reçu des promesses de la part des différents responsables qui se sont succédé à la tête du ministère de l’Agriculture, mais sans suite jusqu’à présent.

Hafidh Bessaoudi

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