Bilans moral et financier

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Par Ali Boudjelil

Dieu qui fait bien les choses nous demande de terminer le mois de jeûne dans des habits neufs pour embrasser nos proches, nos amis et même le commerçant du coin qui m’a vendu la tomate à 150 dinars le kilo (entre nous, je me suis abstenu de manger le haricot à 250 DA). Je dois dire que cette année, je n’ai pas été insulté ou trop provoqué par les irascibles jeûneurs. Je me félicite aussi de n’avoir dû à aucun moment fustiger du regard le receveur du bus qui tardait à me rendre la monnaie.

Je dois avouer, cependant, que je n’ai pas été tendre avec les faiseurs du feuilleton western spaghetti, dont je salue l’audace et auxquels je reprochais seulement de n’avoir pas osé revoir le Kid de Chaplin avant de réaliser leur film. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma profonde admiration pour Leone. L’immense satisfaction est venue aussi de cet immense élan de solidarité qui a fait que des restaurants Rahma ont ouvert dans de nombreuses localités du pays, alimentés par des bienfaiteurs, jeûneurs et non jeûneurs, et surtout entretenus par de vaillants volontaires.

Quant à la solidarité hirakienne, elle n’a été que belle et merveilleuse. Le peuple a marché le ventre creux parce qu’il ne veut plus voir un seul cacique du pouvoir lui dicter sa feuille de route pour vivre dignement dans cette belle Algérie pour laquelle se sont sacrifiés un million et demi de martyrs, sans compter ceux de 63, 88, de la décennie noire et du printemps de la même couleur. Pour les finances, il y a lieu de relever que des familles nécessiteuses, pour celles qui ont eu la chance d’ouvrir un compte CCP, se sont vu octroyer 6 000 DA. Sachant que dans la seule wilaya de Tizi-Ouzou, il a été dénombré quelque 34 877 familles dans le besoin, on peut affirmer sans risque de se tromper que si l’on multipliait ce nombre par 48, on déduirait facilement ce que les PTT ont engrangé sur le dos des démunis. Cela dit, le mois sacré de la hausse des prix a été doux, climatiquement parlant.

L’autre satisfaction réside dans le fait que des salariés ont été agréablement surpris de toucher leur salaire du mois de juin avant l’heure, sans retenue sur traitement sur d’éventuels congés de maladie qu’aurait accentué ce mois sacré. Je ne vous souhaiterais que d’avoir le bonheur d’offrir à vos enfants ceux qu’un enfant peut attendre de ses parents et à vos parents ce qu’ils peuvent ne pas attendre de leurs enfants.

Même si l’argent ne fait pas le bonheur de ceux qui n’en ont pas, il faut le dépenser pour être heureux. «Ce que tu manges est englouti, ce dont tu fais don te sert et ce que tu laisses est dans les tribunaux», dit le sage. Pour ma part, sincèrement et honnêtement, il n’y a qu’en ce mois de Ramadhan que mon réfrigérateur ne fait pas peur à ma femme. Bonne fête à tous. Saha Aïdkoum. Repose en paix Fekhar !

A. B.

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