Après avoir édité Une gerbe d’avis, le jeune poète Djamel Messaoudène vient de sortir un deuxième recueil de poésie intitulé La voix des pleurs. Dans cet entretien, il parle de son style particulier et sa conception de la poésie moderne.
La Dépêche de Kabylie : Pourquoi «La voix des pleurs» ?
Djamel Messaoudène : C’est de la poésie sentimentale. Ce sont surtout des poèmes où l’en ressent beaucoup de tristesse mêlée à de la compassion et de la tendresse en même temps. D’ailleurs, il ne suffit que de le parcourir pour ressentir ces sentiments.
Pourquoi choisissez-vous ce genre littéraire ?
Eh bien, tout d’abord, cela me permet de faire sortir tous les sentiments que je ressens, puis j’ai beaucoup de liberté d’expression et de composer. Dès que l’inspiration me vient, je peux écrire deux, voire trois pages. C’est celle-là la différence avec par exemple la poésie en vers. D’ailleurs, le lecteur croira que ce sont des nouvelles, mais au fur et à mesure qu’il avance dans sa lecture, il se rend compte que c’est de la poésie.
Tout comme dans votre premier recueil, vous avez recouru à la poésie en prose. N’est-ce pas ?
C’est vrai. Mais là aussi, dans ces poèmes, il y a de la rime. La différence avec les autres poètes est que ce sont des vers longs qui prennent parfois trois lignes où l’on ressent tout de même les mêmes sonorités. Par exemple dans «L’Énigme d’amour» à la page 12, dans le premier vers, on lit : «Si seulement ton apparence, qui a envoûté mes sens, engendré une forte attirance et des sentiments intenses, immenses, juste à la sortie de l’enfance, je pourrai t’oublier, t’éloigner, te dévier, de mes sentiers…» Vous remarquez qu’on entend deux sonorités différentes. Et cela est repris dans toutes les lignes jusqu’à la fin. C’est ce qui me différencie des autres poètes. D’ailleurs, certains qui écrivent en vers me demandent des conseils pour leur corriger la rime, mais je n’y arrive pas. Ce n’est pas mon genre.
Pourquoi dites-vous poésie sentimentale ? Or, parfois on ressent de la tristesse…
Ce sont tous des sentiments. Le sentiment d’un jour peut changer la vie pour toujours. Cela explique tout. D’ailleurs, dans mes dédicaces, je suis clair quand j’écris : «À tous les cœurs frappés de déception, voire d’une sorte de malédiction, dans le boulevard d’affection ; à toutes les âmes privées d’ambition, de satisfaction, après avoir aimé avec abnégation, ferveur et sans modération ; à toutes les personnes pleines d’émotions, qui éprouvent de la compassion et révèlent une certaine compréhension envers leur pitoyable condition !» On ne peut plus être clair que ça. Le lecteur est averti.
De combien de poèmes se compose votre nouveau recueil ?
Au total, il y en a une quinzaine. Vous allez remarquer que c’est une suite. On peut dire même que c’est toute une vie en commençant déjà par «Le premier jour», suivi de «L’énigme de l’amour», puis «L’éloignement». D’autres titres sont aussi révélateurs les uns que les autres, comme «Les amères surprises», «Le désespoir», «La morosité», «Le regret», «Le dur échec», «La pitié», «La jalousie d’amour»… Déjà, les titres expriment des frustrations, des amours ratés, de la pitié. C’est de la poésie sentimentale.
Justement, est-ce que vous avez eu des frustrations ou vous en êtes seulement témoin ?
Un poète est très sensible. Pour moi, pour certaines personnes, évoquer au cours de la vie la tendresse, l’amour ou l’idolâtrie, c’est faire allusion au fleuve tranquille ou à la plaine très fertile où la vie est agréablement dénuée de virages. Alors que pour d’autres, qu’ils soient des hommes ou des femmes, le magique domaine sentimental est semblable à une mer abyssale et dénote souvent l’absence du régal, voire même une source de mal et de déceptions brutales et de larmes sans point final. C’est à méditer.
D’autres projets d’écriture ?
Pour le moment, le deuxième tome de «La gerbe d’avis» sera bientôt sur les étals. Je suis aussi sur un troisième ouvrage. Celui-ci comportera beaucoup de photographies du patrimoine berbère et de paysages kabyles que j’adore beaucoup parce que je suis un montagnard qui vit en plein Djurdjura accompagnées de textes. Il est en cours. N’était la défection du photographe, je l’aurai déjà terminé.
On vous laisse le soin de conclure…
Encore une fois, je dirai que la vie n’est pas rose pour tout le monde. Je dédie ce recueil à toutes les personnes qui se retrouveront dans les dédicaces à la page 7. J’espère que je ne décevrai pas mes lecteurs ni vos lecteurs.
Entretien réalisé par Amar Ouramdane