Abdelwahab Abdjaoui, ce monument du chaâbi

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Il était l'un des noms les plus en vue de la chanson chaâbie d'expression kabyle. Il s'agit d’Abdelwahab Abdjaoui, qui nous a quittés il y a 5 ans, un certain 7 janvier 2012, à l'âge de 87 ans, des suites d'une longue maladie.

Abdelwahab Abdjaoui a été révélé au grand public avec la chanson culte « Ah a belyazit » chanté en duo avec un autre monstre sacré du chaâbi kabyle, Cheikh Sadek Abdjaoui en l’occurrence. Cette chanson, réalisée en 1946, a eu un succès fulgurant avec une mélodie harmonieuse et surtout un texte bien élaboré, où les deux chanteurs interprétaient de manière humoristique et surtout empreinte de beaucoup de sens, l’histoire du « chien, du chacal et du coq », un conte inspiré du terroir kabyle. Abdelwahab Abdjaoui, de son vrai nom Rachid Baouche, naquit vers 1925 à Béjaïa. Il a entamé sa carrière artistique sous la direction de son compère de toujours Cheikh Sadek Abdjaoui, lequel l’a intégré, à partir des années 1940, dans son orchestre musical qui animait des chants à la station radiophonique de Béjaïa. Étant artistiquement fait l’un pour l’autres, les deux monuments du chaâbi algérien enregistrèrent des centaines de chansons en kabyle et en arabe tout au long de leur longue carrière, truffée de succès indéniables. Abdelwahab a effectué, également, des enregistrements en duo avec d’autres artistes de renommée, à l’image de Cheikh Amokrane Agaoua, Cheikh El Mouhoub et El Ghazi. Il a aussi à son actif une autre chanson qui n’est pas des moindres, « A bu taâmamt d-uqendur » qui a eu aussi un succès retentissant parmi son large auditoire. Dans cette chanson, l’artiste relate le retour des émigrés vers leur pays après un long exil loin de leurs familles et amis. Ayant un patriotisme à fleur de peau, notre artiste s’est distingué également avec des chansons engagées et patriotiques, qui ne laissaient aucun répit pour le colonialisme. Cela lui a valu de gros soucis avec l’administration coloniale de l’époque. L’auteur de la merveilleuse Ah a belyazit décédera dans la journée du 7 janvier 2012, laissant derrière lui une œuvre inestimable avec à la clé des centaines de chansons interprétées pour une bonne partie avec l’autre géant du chaâbi Cheikh Sadek Abdjaoui.

Syphax Y.

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