«C’est dans le moderne que se situe la création…»

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La poétesse Lilya Sadi parle, dans cet entretien, de son premier recueil Yir akud (Temps maudit) qu’elle vient de mettre sur le marché et du monde poétique en général.

La Dépêche de Kabylie : Vous venez de donner naissance à votre premier recueil de poésie. Un commentaire ?

Lilya Sadi : Je suis très contente bien que, sincèrement, je ne prête pas trop d’attention au taux de ma satisfaction suite à ma première publication. Je me réjouis plutôt de ce que je viens de rendre à ma langue à laquelle je dois tant. Ajoutons à cela que je viens de partager mes pensées et sentiments avec mes futurs lecteurs et lectrices.

À voir son titre «Yir akud» (Temps maudit), le lecteur peut-il se faire une idée de son contenu ?

Pas forcément. En tout cas, cela dépendra bien du retour de ce boomerang qui ira aux fins fonds de ses sentiments, et aussi à sa propre vision au moment de lire les vers. Car, quand on intitule son livre «Temps maudit», il ne faut pas comprendre immédiatement le temps comme étant une notion, bien que cela puisse avoir un rapport plus ou moins solide avec l’époque contemporaine. Une chose est sûre, à travers le titre, on ne peut qu’apercevoir le contenu, aussi hasardeusement soit-il, mais l’essentiel viendra lorsque le lecteur se met à lire les poèmes et sentir la profondeur des sentiments qui y existent.

Vous avez choisi de l’éditer à compte d’auteur. Cela est-il dû aux contraintes que rencontrent certains auteurs dans le monde de l’édition?

Oui. Malheureusement, même avec son propre argent, on rencontre des difficultés partout où on va. Dans notre pays, chaque écrivain a ce dont il souffre en silence. Il y a une réalité qu’il faut dire, la majorité des éditeurs s’entêtent à imposer leur loi aux auteurs. Au final, le pourcentage d’être satisfait du travail qui sera accompli est vraiment minime. En somme, ces pour ces raisons-là que j’ai préféré m’autoéditer.

Vous avez dédié votre recueil à la défunte Kaysa Khalifi. Un mot sur elle, vous qui la connaissiez assez ?

Paix à son âme. Kaysa mérite plus qu’une simple dédicace, plus qu’un hommage. Ce n’est pas parce que je l’ai bien connue ou elle est plus qu’une sœur pour moi, mais parce qu’elle était comme cette fontaine d’où on s’approvisionne tous quand on a soif. Tellement elle était intelligente, j’ai appris tas de choses grâce à elle. Je ne lui rendrais jamais assez la pareille. Ce qu’elle m’a fait de bon ne s’achète pas. D’ailleurs, ce recueil dont on parle, on l’a vérifié ensemble. Oh combien elle était heureuse lorsque j’étais sur le point de le sortir enfin. Même s’elle nous a quittés physiquement, son esprit et son œuvre ne mourront jamais.

Si vous êtes appelée à choisir entre l’ancien et le moderne, pour quel style de poésie opteriez-vous ?

On sait tous que chaque époque a ce qu’elle engendre comme révolutions. Jadis, on vivait une certaine forme de vie, aujourd’hui on a basculé vers une autre. Par ailleurs, si je devrais choisir, comme vous le dites, j’opterais certainement pour le moderne. C’est dans le moderne que se situe la création, la recherche, l’amélioration et tout ce qui concerne la structure du poème, comme la forme, le style, le lexique riche et j’en passe. Dans un récent passage à la radio, vous avez soulevé certaines problématiques que les poètes rencontrent aux festivals de poésie, mais dont peu de gens osent parler… On est tous d’accord que la vie est faite d’obstacles à franchir et de difficultés à surmonter. Cependant, le problème dont on a tant souffert dans certains festivals est purement d’ordre organisationnel. Mais on a tendance à ne pas se lamenter, même quand on constate que quelque chose l’emporte sur le militantisme et l’amour de la poésie.

Quel est votre poète préféré ?

Cette question me plaît dans la mesure où vous avez bien défini le mot poète au singulier. En fait, sans porter atteinte à quiconque, bien que les poètes qui riment sont légion mais ceux qui éduquent sont rares. Donc, mon poète préféré est celui qui me rend les jours plus clairs, en l’occurrence Matoub Lounes, paix à son âme.

Un projet en vue ?

Il y en aura j’espère. Je préfère m’occuper en ce moment de la distribution de mon livre avant de penser à autre chose.

Entretien réalisé par M. K.

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