Une coutume séculaire toujours vivace

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Le calendrier agraire amazigh en usage depuis des millénaires en Afrique du Nord, est fondé sur la périodicité des saisons. Il est dérivé du calendrier julien établi en 41 avant J.-C. par Jules César, empereur romain, puis rectifié au XVIe siècle par une équipe d’astronomes du pape Grégoire XIII.

Ainsi, pour rattraper le retard de 12 jours causé par les années bissextiles (années de 366 jours dont le millésime est divisible par 4), le pape ordonna que le jeudi 4 octobre 1582 fut immédiatement suivi du vendredi 15 octobre 1582. C’est ce qui explique que le Nouvel An berbère coïncide avec le 12 janvier du calendrier universel. Le 1er yennayer est accueilli avec faste, car il signe avant tout l’ouverture sur une ère nouvelle qu’on espère opulente et paisible. Des rites sacrificiels sont observés. Des oiseaux de basse-cour, des chapons de préférence, sont immolés. Ils serviront à agrémenter de succulents repas qu’on déguste dans la convivialité et la bonne humeur.

Pour marquer son étroite communion avec la nature avec laquelle on cohabite en bonne intelligence, on organise des prières rituelles au cours desquelles on implore la bénédiction des dieux protecteurs de la nature et on conjure les esprits malfaisants. Les saisons débutent avec trois semaines d’avance sur le calendrier grégorien. Ainsi, “tafsut” (le printemps) démarre le 28 février, “anebdu” (l’été) le 30 mai, “lekhrif” (l’automne) le 30 août et “cetwa” (l’hiver) le 28 novembre. Le calendrier est caractérisé par deux périodes de 40 jours chacune : l’une en hiver “lyali”, idéale pour la campagne oléicole et débutant le 25 décembre pour prendre fin le 2 février. L’autre période de 40 jours appelée “smayem” débute le 2 juin. Elle correspond à la période des grosses chaleurs et signe le coup d’envoi de la campagne de moisson-battage. En définitive, les périodes de ce calendrier agraire expriment toutes un rapport entre la nature du climat et l’activité agricole correspondante. Elles permettent un meilleur suivi des récoltes et la préservation de la végétation. De nos jours, la célébration de la fête de Yennayer est toujours vivace, mais le calendrier agraire, pourtant réfèrent civilisationnel et partie intégrante de la culture berbère, est lui, tombé en obsolescence.

N. Maouche

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