Les partis politiques à l’affût

Partager

Le moins que l’on puisse dire sur l’actualité politique en Kabylie, c’est que les regards sont braqués sur les sièges des APC et APW. Le débat se focalise à tous les niveaux sur la résolution d’Ahmed Ouyahia de dissoudre les assemblées locales. Un décret présidentiel est annoncé pour couronner cet accord conclu avec les archs.La déroute gagne tous les élus, dès lors qu’ils jugent qu’à tout moment, ils seront éjectés des sièges qu’ils détiennent. Si pour le RND de Tizi Ouzou, les choses se présentent un peu plus clairement et déjà dans certaines municipalités l’exécution de la décision est déjà en cours, il faut préciser que le parti ne s’embarrasse pas trop de cette destitution, seulement 15 élus à l’échelle de toutes les assemblées y siègent. Le retrait pourrait constituer une délivrance pour ces élus dont le poids politique est presque insignifiant dans les délibérations.En ce sens, le RND à la wilaya de Tizi Ouzou chercherait une aubaine pour rebondir et se faire une place honorable dans l’échiquier politique local. C’est du moins le parfum dégagé lors de la commémoration du 8e anniversaire de leur parti à Tizi Ouzou, désormais le conseil de wilaya est restructuré avec un nouveau responsable régional, après la disparition tragique de M. Mouazer. Dans la maison FLN, où la situation est un peu plus complexe, près de 100 élus attendent que leur sort soit définitivement fixé. A l’annonce de la destitution, certains élus FLN brandiront la menace de ne pas obtempérer à la décision de leur direction nationale. Avec 5 P/APC, 15 élus APW, plus d’une centaine qui siège dans les différentes assemblées, la tâche sera difficile pour M. Belkhadem d’opérer sans bruit la mesure politique prise par le chef du gouvernement sur orientation du président de la République.La sortie de Belkhadem avant-hier, à travers sa conférence de presse, où il a réitéré son appel au retrait de ses élus en Kabylie, comporte un tant soit peu un souci politique en leur suggérant d’être ou bien reconduits dans les prochaines joutes électorales, ou alors avoir la charge et l’entière responsabilité d’établir des listes électorales. Ce clin d’œil cache mal la reconnaissance à ses élus qui ont répondu au parti dans des conditions difficiles, d’aller aux élections du 10 octobre 2002.Le FLN de Tizi Ouzou, surtout chez les élus, est une véritable mosaïque politique que les rendez-vous importants n’ont pu clarifier et trancher les paradoxes. Le courant redresseur de Belkhadem a été en perte de vitesse devant les partisans de Benflis, dont le Mouhafedh Arbouche dirige la caravane. Au 8e congrès de ce parti, tenu il y a moins de deux mois, près de cent congressistes ont représenté Tizi Ouzou, pour seulement faire passer un militant au conseil national et la wilaya a failli ne pas figurer dans la direction nationale. Le forcing a pu hisser Slimane Kenouche au comité central du parti, seul à représenter la région. Tandis que les 9 députés de la wilaya issus du scrutin du 30 mai, tous, prêtent allégeance au clan Arbouche, on ne sait pas si la discipline partisane va prévaloir chez les 100 élus FLN, pour leur retrait comme acte politique ou bien la désobéissance, ce qui de fait les placerait dans le verdict de l’exclusion du parti. C’est le Front des forces socialistes (FFS) qui se retrouve dans une position des plus inconfortables, voire gravement isolé. Ce parti d’opposition, qui n’est jamais du goût de l’Alliance présidentielle, s’oppose farouchement à l’idée de dissolution des assemblées, car dans toute cette affaire, il sera le grand perdant. Ce n’est pas fortuit si Hocine Aït Ahmed, qui s’est prononcé sur l’affaire, n’a pas été tendre avec le chef du gouvernement en qualifiant de « coup d’Etat » l’accord conclu avec les archs le FFS refuse de quitter les assemblées.D’abord, sa participation le 10 octobre aux élections a réservé un sérieux camouflet au parti, la population s’est comportée violemment vis-à-vis des militants de ce parti et des élus au point qu’un courant s’est formé dans la structure derrière Djeddaï.Pendant l’exercice de leur mandat, depuis 2002, sur un total de 67 municipalités, seulement une trentaine sont sous les couleurs du FFS. Des cas de levée de couverture politique aux maires ont été enregistrés en sus de la démission de beaucoup d’élus, pour avoir été contre les maires. Le FFS, qui a pris part aux élections du 10 octobre dans la précipitation politique, négligeant des paramètres stratégiques, est ainsi lancé dans un tunnel d’où la sortie n’est guère une opération aisée.Le FFS est sérieusement piégé et par la décision du gouvernement et par sa propre logique. Rendre le mandat actuel et prendre part aux partielles prochaines sera une mécanique fatale au parti d’Aït Ahmed. Il ne peut indéfiniment s’opposer au retrait, le décret présidentiel acculera le parti jusqu’aux derniers retranchements et finira par se ranger derrière le FLN et le RND.Très risquée, la démarche qu’aura le FFS, s’il venait à prendre part aux partielles. Il aura en face une population qui se ssouvient du 10 octobre, si bien que la région a fini par considérer absurde le rejet des élections, en mesurant l’importance du gâchis des localités restées sans maire depuis 4 ans, où tous les chantiers sont à l’arrêt et aucun plan de développement n’est ni pensé ni concrétisé.La Kabylie aura affaire à un personnel politique tout frais et les partielles en chantier verront réduits de la carte ceux qui se targuent du tutorat politique sur la région. Il y aura un retour en force du FLN et du RND qui affûtent leurs armes pour rebondir et des listes indépendantes aussi dominant.Le RCD, dont la crise interne court toujours tant le parti accuse un retard de trois ans pour tenir son congrès, est plus préoccupé à éteindre le feu qu’à se livrer, démuni de forces à une compétition où il se sait perdant d’avance.

Khaled Zahem

Partager