L’université de Tizi Ouzou paralysée par le CNES

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Ce taux a été soutenu par les étudiants qui ont déserté les bancs des amphithéâtres ayant mené les enseignants vacataires, non affiliés au CNES, à se trouver baigner dans le mouvement de grève. Néanmoins, la décision de la chambre administrative près le tribunal d’Alger, qui s’est prononcée contre l’illégalité du préavis de grève nationale, a donné lieu à une forme de bataille menée entre la section locale du CNES et le rectorat. En effet, la correspondance envoyée par le coordinateur national du syndicat aux sections locales stipulant que «le CNES affirme et rappelle qu’il ne conteste pas la décision de justice ayant prononcé l’arrêt de la grève nationale», a profité au rectorat de l’université de Tizi Ouzou pour inciter les enseignants grévistes à rejoindre leurs postes de travail. Mais la riposte du CNES local est, on ne peut plus subtile, puisqu’il considère que son mouvement de grève fait suite à un préavis local. «Les sections CNES à travers tout le territoire national ont décidé de faire valoir le droit de grève à l’échelle locale, suite au dépôt de préavis de grève locaux», lit-on dans un communiqué rendu public par le CNES de Tizi Ouzou. Une manière de signifier à la tutelle que le débrayage est légal et ne souffre d’aucune illégitimité. Ce qui implique que la décision du tribunal d’Alger ne peut être appliquée contre les sections locales du syndicat. D’ailleurs, sur les 43 sections du CNES, implantées à l’échelle nationale, seule celle de Biskra a fait l’objet de citation au tribunal de la même ville, avons-nous appris au près du coordinateur local, M. Abdelmalek Rahmani. Réagissant à l’encontre des affiches, collées hier par le rectorat, rappelant aux étudiants et enseignants que «les activités pédagogiques (cours, TD, TP, et examens», prévus durant la semaine du débrayage «se dérouleront normalement», le CNES local estime que «ce genre d’affiches est une manière de s’immiscer dans le déroulement de la grève consacrée par la constitution» et de renchérir : «ce n’est pas au recteur ni à ses collaborateurs de dicter la conduite aux enseignants grévistes»Selon M. Rahmani, le débrayage qui se poursuit jusqu’à jeudi, n’a pas été déclenché suivant le préavis de grève national mais il fait suite à un prévis local, dont nous détenons une copie. Celle-ci stipule, en effet, «suite au procès-verbal du vote secret ayant eu lieu le 24 janvier 2006 lors de l’assemblée générale des adhérents de la section syndicale de Tizi Ouzou, relative à la grève (…), le coordinateur local du CNES de Tizi Ouzou a procédé au dépôt du préavis de grève en date du 15 février 2006…». Le document en question a été ainsi déposé, selon les dates portées sur l’accusé de réception en date du 15 février dernier. A en croire notre interlocuteur, la sortie du recteur a fait suite à une «interprétation manipulatrice» de la correspondance de la coordination locale transmise au ministère de la tutelle. «C’est révoltant de voir un recteur comme celui de Tizi Ouzou s’adresser aux enseignants grévistes au lieu d’inviter la section locale pour débattre du préavis de grève qui lui a été transmis dans les délais impartis par la loi», dira-t-il encore. Le CNES local considère ainsi que «le tapage médiatique autour d’un semblant appel du CNES national à l’arrêt de la grève et à la reprise des activités pédagogiques n’est qu’une manœuvre de plus orchestrée par la tutelle et relayée par les chefs d’établissements pour tenter de casser notre mouvement de grève et de cacher leur incapacité criarde à faire face à notre mobilisation et à notre détermination». Allusion faite à la lecture de la correspondance du coordinateur national au journal télévisé d’avant hier. A signaler que le débrayage des enseignants du supérieur, adhérents du CNES local de Tizi Ouzou au nombre de 600 sur les 1000 qui exercent à l’université Mouloud-Mammeri, se poursuivra jusqu’à jeudi. Ceux-ci n’excluent pas de recourir à la même action si les portes du dialogue demeurent fermées. Ils réclament entre autre, la démocratisation de la gestion de l’université en procédant à l’élection des doyens et des présidents d’universités et la défense des libertés syndicales et d’exercer le droit à la grève. Le CNES local rappelle enfin que la grève est conforme aux textes et à la réglementation et est un droit. Il appelle ainsi tous les enseignants à exercer ce droit et à le défendre.

M. A.T.

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