Deux condamnations à perpétuité et une à 20 ans de prison

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C’est la peine capitale que le procureur général a requis à l’encontre de chacun des trois inculpés accusés chacun pour sa part, dans le double homicide volontaire avec préméditation et le guet-apens. A B.A., principal accusé, le procureur général a reproché d’avoir supprimé physiquement son rival et son ex-compagne et d’avoir jeté les corps au fond d’un puits.A B.N, d’avoir participé au crime et d’avoir poignardé la 2e victime Z. avant de la précipiter au fond du même puits. A A.A., l’accusation reproche d’avoir incité au crime et d’avoir fait disparaître les traces. Le verdict a été pour B.A. et B.N. la peine de réclusion à perpétuité, pour A.A., la peine retenue est de 20 ans de prison ferme.Les faits de cette affaire que la cour criminelle de Béjaïa a eu à examiner en appel hier, remontent à la fin du mois d’avril 2002 et ont eu pour cadre un établissement clandestin qui fait office d’hôtel café-restaurant qui se situe dans la région entre Akbou et Tazmalt. Et ce n’est que le 6 mai, soit selon toute vraisemblance plus d’une semaine après le drame, que les gendarmes de Boudjellil découvrent les dépouilles mortelles qui surnagent dans les eaux du puits où elles ont été jetées.Le jour du crime B. A., 40 ans au moment des faits, marié, père de 8 enfants, après s’être saoulé dans un bar se rend dans la sorte de motel clandestin pour y passer la nuit et satisfaire éventuellement ses bases impulsions.Dans ce motel qui est aussi un lieu de débauche, selon des indiscrétions entendues à l’audience, il y a des chambres que le gérant loue sans fiches de police à des clients de passage. B. A. remarque la présence du couple K et Z qui occupent une chambre à l’étage. Il les connaît et Z est son ancienne maîtresse. Il va dans leur chambre dont la porte, s’étonne le président, est laissée ouverte. Il est entre 1 h et 2 h du matin quand il tente de séduire et de reprendre son ex-compagne. Elle se refuse à lui. Il la frappe. Son nouveau partenaire K., qui sera la première victime, intervient. Altercation entre les deux hommes. B.A. plante à plusieurs reprises un couteau dans le corps de K. qui décède sur le champ.B. N., deuxième accusé, aide à mettre le corps dans le coffre d’une voiture et à le jeter au fond d’un puits qui se trouve à quelque 5 kilomètres de là.Au retour, ils constatent que Z est toujours là, souffrante. Ils la mettent sur le siège arrière de la voiture, mais au lieu de se diriger vers l’hôpital, ils décident, chemin faisant, de se débarrasser de ce témoin gênant. Ils se rendent une deuxième fois au puits. Et là, selon B. A., c’est B. N. qui achève la victime en la poignardant avant de la pousser au fond du puits.Quant au 3e accusé A. A., gérant du motel, 60 ans et père de 9 enfants, même si le procureur l’accuse de complicité de meurtre et d’incitation au meurtre pour avoir conseillé B. A. et B. N. à se débarrasser de Z, il déclare n’être au courant de rien et il soutient qu’il est sorti à 23 h pour ne revenir que vers 3 h du matin pour mettre en marche la machine à café. A son retour, il reconnaît cependant avoir lavé le sang dans le couloir et jeté à la décharge la couverture imbibée de sang qui se trouve dans la chambre du couple K et Z.La partie civile, après avoir relaté dans le détail les faits du double crime et situé la part de responsabilité de chacun des accusés, s’est employée à souligner la participation active de A. A., qui aurait, selon elle, incité B.A. et B. N. à se débarrasser de Z. qui est un témoin gênant.Dans son réquisitoire qui a duré près de 40 mn, le procureur après s’être longuement étalé sur les blessures qui ont entraîné la mort, sur l’alcool, sur la jalousie, sur l’antagonisme qui régne entre B. A. et K.,sur la préméditation et sur le guet-apens, il termine son intervention en requerrant la tête des trois accusés.Quant à la défense des trois accusés assurée par trois avocats dont maître Mokrane Aït Larbi et maître Laarich, elle a surtout axé sa plaidoirie sur la non-préméditation et l’absence de guet-apens. Maître Aït Larbi a d’ailleurs saisi cette occasion pour faire de longs développements sur la préméditation et le guet-apens. Maître Laarich qui défend A. A. se demande à l’audience en quoi est criminel le fait de laver des tâches de sang et de jeter une couverture tâchée de sang.Après délibération, le verdict qui est la confirmation du premier procès est établi comme suit : de peine réclusion à perpétuité pour B. A. et B. N. et 20 ans de prison pour A. A.

B. Mouhoub

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