“Je ne reconnais comme syndicat que l’UGTA”

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La particularité de cet événement réside dans le fait que le président de la République ainsi que son gouvernement y ont pris part et ont partagé la fête avec les syndicalistes à la Maison du peuple. Une initiative inédite, sachant que depuis l’avènement du multipartisme, c’est la première fois que le premier magistrat du pays prononce un discours devant un parterre de syndicalistes. Un discours qui se veut très confortant pour les adhérents de l’UGTA. ’’Nous sommes tous des syndicalistes’’, a lancé le n°1 du pays, tout en rendant un vibrant hommage aux leaders de la lutte syndicale, passant de Aïssat Idir à Abdelhak Benhamouda. Mieux encore, le président de la République est allé plus loin en déclarant : ’’Nous ne reconnaissons aucun syndicat en dehors de l’UGTA’’. Ce parrainage va inéluctablement renforcer les troupes de Sidi Saïd, secrétaire général de ladite organisation, qui n’ont pas caché leur soutien au Président. Ceci dit, les syndicats qui se disent autonomes sont mis en cause puisque ils ne sont pas reconnus comme partenaires sociaux. L’invité de l’UGTA a mis de plus de trois heures pour présenter les grands agrégats de son programme, sans omettre de citer ’’la réalité économique et politique du pays’’. Outre les questions relatives à l’amnistie générale et au foncier agricole, la privatisation, ce fantôme qui hantait les travailleurs, a pris la part du lion du discours présidentiel. Tout en saluant la position de l’UGTA quant au projet de loi sur les hydrocarbures, le Président a expliqué aux travailleurs qu’il n’existe pas d’autre alternative. La privatisation constitue à ses yeux la seule issue pour contrer la crise économique que vit le pays. Il a ainsi favorisé et prôné le partenariat. Preuve à l’appui, l’orateur a cité l’exemple du complexe sidérurgique d’El Hadjar, repris par un groupe indien, qui a réalisé des résultats satisfaisants. Les travailleurs se sont vu, une fois de plus, rassurés que les réformes ne soient en aucun cas appliquées contre leurs intérêts. Pour ceux qui crient au bradage, M.Bouteflika a coupé court aux ’’spéculations’’ en répondant, sur un ton déterminé que ’’personne ne veut brader et aucun ne pourra d’ailleurs le faire car le patrimoine national appartient au peuple et aux chouhada’’. D’après le Président, cette étape de privatisation est incontournable eu égard aux mutations économiques que se soit sur le plan national, qu’international. ’’Nous sommes dans l’obligation de suivre l’ère de la mondialisation, sinon nous risquons d’avoir le même sort que l’Irak’’, a-t-il dit. Sur le projet de loi sur les hydrocarbures pour lequel l’UGTA a déjà donné son ’’OK’’, le président souligne qu’il n’est plus possible de lui apporter des changements.’’Vous êtes devant le fait accompli, car ce projet a été adopté hier (avant-hier NDLR) par le conseil des ministres’’. Le Président soutien ce projet tout en affichant son optimisme : ’’ Nous allons réussir’’, a-t-il dit. A ce titre, il n’a pas écarté la révision de la Constitution. ’’Et si la loi ne nous permet pas de faire passer ces amendements, nous allons la changer car cette loi n’est tout de même pas le Coran’’, atteste le Président. Avant de fermer ce dossier, ce dernier a tenu à rassurer que la souveraineté nationale ne sera en aucun cas bradée. Evoquant la crise économique, l’hôte de la plus ancienne organisation syndicale a, toutefois, responsabilisé les travailleurs qui, selon lui, ne travaillent pas assez. C’est pourquoi, il les a exhortés à fournir plus d’efforts en persévérant efficacement dans leur travail. La baisse du taux de chômage constitue le cheval de bataille du gouvernement. Selon le Président, ce dernier a baissé de 13% par apport à 1999. Foncier agricole : Mise en garde du Président

Le foncier agricole, un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, a été également évoqué par le Président. Ce dernier n’a pas mâché ses mots en déclarant que tous ceux qui sont impliqués dans le bradage du foncier seront sévèrement punis. D’après le Président, la majorité des terres vendues ont été léguées à des hauts responsables de l’Etat. ’’Eux aussi, ils vont être poursuivis’’, a mis en garde l’orateur de la cérémonie. Et d’enchaîner : ’’Tous ceux qui restitueront les biens de l’Etat seront protégés.’’

Amnistie générale : ’’Je ne peux pas pardonner à la place des autres.’’ Concernant l’amnistie générale, dont les tenants et les aboutissants ne sont pas encore clairs, le président de la République a souligné qu’il ’’ne pourra pardonner à la place des autres.’’ Toujours sur la même lancée, il a ajouté : ’’Je n’ai pas le courage d’évoquer ce sujet tant que les larmes ne sont pas encore séchées’’ : ’’Je le ferai au moment opportun’’, a-t-il déclaré en soulignant que le nombre des victimes frôle les 150 000. En attendant, le Président a dans ce sens mis l’accent sur la nécessité de conforter la réconciliation nationale mais surtout ’’la réconciliation avec soi-même’’. Pour finir, M. Bouteflika a fait savoir que : ’’Notre objectif est d’établir une charte de citoyenneté et de réaliser un pacte économique et social.’’

Wassila Ould Hamouda

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