La kabylie qui dit non et celle qui dit oui

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Ils ne sont jamais partis de Bouira

L’insécurité et la recrudescence des actes de banditisme : vols, kidnappings et rackets sont certes devenus une hantise pour les citoyens de Kabylie. Depuis un certain 11 juin 2001, lors de la naissance de la plate-forme d’El Kseur et du fameux point n° 4 dans lequel il est demandé “le départ immédiat des brigades de gendarmerie et des renforts de CRS”, la situation sécuritaire dans la région kabyle a connu une dégradation notable.

Le ‘’redéploiement’’ annoncé officiellement est loin de concerner Bouira, puisque les gendarmes depuis quelques temps, ont déjà reconquis le terrain. A vrai dire, hormis les quelques jours de mise en quarantaine, les gendarmes n’ont pas quitté l’ensemble des localités, à l’exception d’El Esnam où cependant d’une manière ou d’une autre ils assuraient discrètement la sécurité. Ce retour des hommes en vert sur le terrain s’est, selon les localités, effectué de manière progressive depuis quelques mois. Cette stratégie de redéploiement ne semble en tout cas pas concerner la wilaya de Bouira même si l’annonce officielle de ce retour fait, les délégués du Mouvement citoyen mettent en garde et ne mâchent pas leurs mots pour se faire entendre.

A Bouira, Abdedou délégué du Mouvement ayant participé au dialogue aârchs- gouvernement s’insurge contre ce qu’il qualifie de provocation. ‘’Le protocole d’accord global signé entre le gouvernement et les aârchs, afin de permettre la mise en œuvre de la totalité des revendications contenues dans la plate-forme d’El Kseur, inclut le départ des brigades de gendarmerie. Cela ne veut pas dire que nous sommes contre la sécurité des citoyens. Bien au contraire, mais pas avec ce corps de sécurité indésirable qu’est la gendarmerie et qui doit être bannie de la région sous peine de provoquer une situation ingérable telle qu’en 2001, voire pire.’’ A en croire le délégué de Bouira, les risques de provocations ne sont pas à écarter et à ce sujet notre interlocuteur déclare : “Nous tenons à alerter l’opinion publique nationale et internationale que l’Etat n’a pas tenu ses engagements et que ce même Etat devra faire face à ses responsabilités quant à d’éventuels dérapages. Nous suivons de très près l’évolution de la situation et lors de notre prochaine rencontre avec les représentants de l’Etat nous allons réitérer nos exigences, les exigences citoyennes, sur ce point qui demeure non appliqué à l’instar des autres revendications de la plate-orme d’El Kseur.’’ Du côté du corps de la Gendarmerie nationale, le ton n’est pas aussi pessimiste que le laisse entendre le délégué des aârchs. Pour Kamel Saha, commandant du groupement de gendarmerie de Bouira qui tenait un point de presse hier, la situation sécuritaire dans son ensemble s’améliore. En arguant le fait que la gendarmerie est présente dans trente communes sur les 45 que compte la wilaya, le taux de couverture est estimé à 66%, tout en soulignant qu’il n’ y a aucune zone non sécurisée.

Hafidh B.

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