Du pain sur la planche pour les agences de voyages

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“L’environnement du tourisme, l’insécurité, la qualité des prestations de services de l’accueil aux adieux, les tarifs appliqués par les opérateurs de l’hôtellerie, sont autant d’écueils qui freinent l’activité touristique dans la wilaya de Béjaïa”, concluent à l’unanimité les responsables des agences de voyages qui se focalisent sur le tourisme balnéaire à défaut de pouvoir séduire le touriste étranger. La plupart d’entre eux sont désormais appelés à trouver d’autres formules et innover dans le domaine pour continuer à intéresser une clientèle qui préfère le produit de l’extérieur au produit local. Pour toutes ces raisons, et devant la concurrence générée par cette nouvelle formule qui est la location chez l’habitant, les agences de voyages n’ont pas d’autres choix que de se concentrer sur les voyages organisés, voyage individuel ou en groupe, qui sont autant de nouveaux procédés auxquels recourent les opérateurs qui activent dans le domaine.

A Béjaia, cette ville aux potentialités touristiques indéniables, les professionnels du tourisme essayent tant bien que mal de redonner à la région son prestige d’antan pour contribuer un tant soit peu à rehausser l’activité dans la wilaya. Les responsables de certaines agences sont unanimes pour dire que l’activité du réceptif n’existe pas. Pour certains, l’affluence des Béjaouis vers ces pays voisins n’a d’égal que l’hésitation des étrangers à venir chez nous. Un avis que partagent la plupart de ces responsables. Ils se contentent le plus souvent, d’orienter leurs clients vers des produits de l’extérieur et de répondre à leurs demandes. Pour certains, la concession des plages de la wilaya, décision prise par la Direction du tourisme qui l’a annoncé lors de la dernière session de l’APW, “n’est pas sans conséquences sur ces organismes de tourisme qui exploitent chaque année ces rivages pour accueillir de nombreuses familles”. Ils expliquent qu’à partir de cet été, les terrains qui longent les plages tout au long de la côte sont devenus une propriété des Domaines. Leur exploitation est désormais soumissionnée, ce qui contraint ces derniers à mettre le paquet en raison des prix exigés par l’administration. Certaines agences qui jusque-là ont favorisé le touriste de la région par les nombreux campements mis à la disposition des familles au niveau d’Aokas, Béni Ksila, Souk El Tenine à des prix raisonnables, sont menacées de mettre la clef sous le paillasson, surtout que ces dernières n’arrivent pas à vendre la destination de Béjaia aux touristes étrangers. C’est ce que tente d’expliquer le gérant de Soummam Tours, M. Lalaoui. Et d’ajouter que cette nouvelle politique de l’Etat qui consiste à soumissionner ces terrains domaniaux, ne les aide guère à développer l’activité bien que l’exceptionnel aspect touristique de la wilaya de Béjaia, qu’elle a hérité de son emplacement stratégique qui longe une côte balnéaire de 140 kilomètres, ne peut qu’aider le gouvernement à tirer profit et développer le secteur qui trouve toutes les peines à démarrer. Dans le même contexte, le gérant de Béjaia Tour, M. Bakouri, ne manque pas de signaler que « les autorités doivent jouer leurs rôles pour que le tourisme soit rehaussé dans la région, surtout que la nature l’a vraiment gâtée par ses sites pittoresques ».

Cependant, et en attendant que la région achève cette traversée du désert, les touristes algériens afflueront de plus en plus vers les agences de voyages qui proposeront d’autres destinations à des prix abordables, et souvent moins coûteuses. En effet, les Béjaouis ont une préférence pour la Tunisie qui casse les prix. Entre ces agences qui affichent des tarifs différents d’un opérateur à un autre, la concurrence est loyale. A 20 000 DA, le touriste peut s’offrir un séjour agréable. A Béjaïa, la majorité des touristes qui sont des hommes d’affaires, commerçants, couples ont une préférence pour la Tunisie. Ce choix est motivé surtout, selon nos interlocuteurs, par l’amélioration des conditions d’accueil et la qualité des services. A cela s’ajoute, les prix abordables qui peuvent aller pour une semaine de 17 000 à 40 000 DA. » Cette destination est suivie de loin par le Maroc, l’Egypte et Malte.

A la question de connaître les raisons de cette fuite vers les pays étrangers, les responsables de ces agences, à l’unanimité, nous convie à établir une comparaison entre ce que possèdent et ce qu’offrent ces pays. A titre comparatif, le touriste, nous dit- on, opte pour les pays voisins car les produits locaux n’offrent que des conditions de confort dérisoires dont sont exclus restauration, et loin de proposer des plages alliant le plan hygiénique et environnemental. S’agissant des catégories sociales recourant aux prestations des agences, nos interlocuteurs estiment qu’il n’y a pas une énorme fracture, dans la mesure où le client a l’embarras du choix. Autrement dit, qu’il peut choisir le standing de son séjour selon ses capacités financières. En cette mi-juillet, aucune agence n’affiche complet pour la simple raison que les touristes guettent la fin des vacances pour bénéficier d’une réduction sur les tarifs appliqués durant les mois de juillet et aout. Quant à l’affluence des touristes vers ces agences, nos interlocuteurs s’accordent à dire que celle-ci reste timide cette année. A l’origine de cette baisse, ils expliquent que quand il s’agit d’un pays voisin comme la Tunisie où les frontières sont ouvertes, les vacanciers préfèrent voyager par leurs propres moyens. Par ailleurs, l’on apprend que pour relancer ce secteur, qui jusque-là, n’a pas réussi à capter l’attention des investisseurs étrangers, les hôteliers et gérants d’agences de voyages se sont organisés en association pour défendre leurs intérêts et contribuer à soigner l’image de la région à l’extérieur.

F. L.

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