Nadia Matoub réagit

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Dans son numéro 1569, en date du 30 juillet 07, votre journal a consacré un dossier à l’affaire inhérente à l’assassinat de mon compagnon de vie Matoub.

Tout en vous remerciant pour tout l’intérêt que vous portez à l’exigence de vérité et de justice que réclame toute la Kabylie, je me permets de réagir à la partie mensongère du document de la gendarmerie publié par vos soins.

Je réaffirme que ces précisions s’imposent derechef, nonobstant le fait qu’elles constituent le socle de mon témoignage depuis cet attentat ayant coûté la vie à mon mari Lwennas.

Je vous remercie donc de publier ma présente mise au point, conformément aux dispositions légales, dans les mêmes formes initialement utilisées pour votre dossier. Avec mes remerciements.

“Après avoir pris connaissance du “Télégramme de départ” rédigé par le commandant d’escadron de la Gendarmerie nationale de Tizi-Ouzou, envoyé au commandant de la brigade de ladite ville, publié dans l’édition du 30 juillet 2007 de votre journal je suis en devoir d’apporter les précisions suivantes :

1. Comme je ne cesse de le marteler depuis mon premier témoignage après l’attentat, dans la voiture se trouvaient Lwennas, moi et mes deux petites sœur, Farida et Warda en l’occurrence. Il n’a jamais été question de la présence de Fatma avec nous. C’est une certitude que rien ni personne ne pourront remettre en cause ;

2. Ma sœur Warda, sur la présence de laquelle “on” tente de jeter de la suspicion, est celle qui est en mesure de reconnaître plusieurs assassins de Lwennas ;

3. Lwennas, qui possédait plusieurs armes à feu, n’avait dans la voiture, le jour de l’assassinat, que sa kalachnikov et son pistolet avec lesquels il a riposté jusqu’à dernier souffle.

Ces précisions faites, je suis en droit de me poser certaines questions que la situation et la nouvelle donne imposent :

l Par quel enchantent un document interne de la gendarmerie, donc par définition non public, datant du 25 juin 98, se retrouve sur la place publique 9 ans après ?

l Si ce document existe depuis cette date, avec la possibilité de le divulguer, pourquoi avoir mis autant d’années à le rendre public, si réellement le devoir de vérité était la motivation principale de ses auteurs ?

l Quelles explications donner au fait qu’un document rédigé sous le sceau d’un corps constitué soit le vecteur d’informations mensongères, alors que tout le corps médical et tous ceux qui se sont rendus à notre chevet, quelques heures après l’attentat, aient constaté de visu l’identité de mes sœurs blessées, Farida et Warda, comme je ne cesse de le dire depuis 98 ?

l Même si l’instruction a été bâclée, ce qui n’est point étonnant venant de la part d’une justice inféodée au pouvoir, pourquoi veut-on occulter le fait que mes sœurs et moi ayons été auditionnées par le juge d’instruction près le tribunal de Tizi-Ouzou, alors que nos auditions sont portées sur des P-V officiels et donc consultables à souhait pour toutes les parties ?

Je suis donc en droit de tirer les conclusions que ce document impose à ma conscience : certaines personnes (peut-être même certains cercles) tentent de brouiller les pistes dans l’espoir de m’empêcher de porter haut et fort la revendication de vérité et de justice sur l’assassinat de l’amour de ma vie : Lwennas.

Pour toutes et tous, une seule réaffirmation, un seul engagement : le devoir de mémoire, de vérité et de justice est et restera mon sacerdoce.

Nulle turpitude ne serait me détourner de cet objet de cap !”

Nadia Matoub

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