“Le salaire d’un député vaut celui de 317 aveugles réunis”

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Sans citer le nom de ces “députés-criminels”, pour reprendre son expression, Tabou a parlé toutefois d’un député de Béjaïa et d’un autre de Tizi-Ouzou qui appartiennent, selon les dires du conférencier, à une même formation politique. “Une formation qui ne cessait de jurer qu’elle ferait tout pour barrer la route au pouvoir des assassins islamistes”, dira Tabou.

Outre cette grave accusation, portée à l’encontre des “élus du peuple”, le premier secrétaire national du FFS n’a pas été tendre avec la composante de l’hémicycle Zighoud-Youcef qu’il accuse, en effet, en termes à peine voilés, d’être à la solde du pouvoir et système. “Nos députés sont chargés d’en haut. Ils n’ont aucune préoccupation populaire. Ils obéissent aux ordres de leurs maîtres et gouverneurs…”, déclare Tabou trouvant anormal que les salaires des députés soient revus à la hausse deux mois à peine avant la révision constitutionnelle.

Pour lui, il n’y a aucun doute que tout a été négocié dans le sens, a-t-il conclu, que la nouvelle Constitution passe en contre-partie de l’augmentation des salaires. Tabou a fait remarquer, par ailleurs, que l’élu du peuple touche aujourd’hui l’équivallent de la mensualité de 317 aveugles, ou d’un budget accordé pour toute une commune comme celle d’Aït Bouaddou par exemple. Pour l’orateur, cette volte-face du député après son élection est à l’image de la trahison de la classe politique représentant l’élite nationale à l’encontre de la population. Cela entre dans le cadre, affirme Tabou, de ce qu’il a appelé la “ théatralisation de la politique” que l’Algérie a vécue depuis l’avènement de l’Indépendance. Selon le conférencier, l’action politique en Algérie est une succession de mises en scène. Pour expliquer son idée, Tabou a passé en revue toutes les dates essentielles du vécu politique du pays de 1962 à la révision récente de la Constitution en passant par les différentes échéances électorales et les autres fronts marquants de l’histoire contemporaine tels que le contrat de Rome, l’arrêt du processus électoral de 1991, le passage au multipartisme 1989. Sur cette dernière étape de l’histoire, Tabou a tenu à mettre en exergue le fait que les deux premiers partis qui ont été agréés sont le FIS et le RCD. “Deux extrêmes”, ironisera-t-il, avant d’expliquer que cette manœuvre était destinée à faire échouer le processus de l’ouverture démocratique proné par la Constitution.

Abordant, la prochaine présidentielles, Tabou dira que celle-ci sera encore une fois fermée.

“Si en 1999, les candidatures étaient ouvertes, la campagne était ouverte, l’élection était fermée, idem pour 2004 ; cette fois tous sera fermé”, dira l’orateur.

Karim Tabou a aussi qualifié cette élection de ligne Morice pendant la guerre, laquelle a permis de séparer les courageux des lâches. Il est clair en fait que le FFS ne se présentera pas à la prochaine échéance électorale. Evoquant la dernière révision électorale, Tabou s’est demandé comment celle-ci a été révisée en un quart d’heure. Dans un autre registre, Tabou a comparé le rôle de l’homme politique à celui d’une mère dans un foyer : “ Celle-ci détecte les angoisses de son enfant qu’elle transmet au chef de famille.” Tabou a terminé son intervention en mettant en garde contre toute tentative,de délocalisation de l’hôpital accordé à la commune des Ouadhias. “Je sais de quoi je parle !” martelera-t-il devant une salle de cinéma clairsemée.

M. O. B.

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