Les “qui tue qui ?” rejoints par les “repentis”

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Par Idir Benyounes:

La montée en puissance, ces derniers temps, de la terreur terroriste doublée du phénomène, sans cesse grandissant, du banditisme, mène tout droit la Kabylie vers le label, peu enviable, de “no man’s land“. La situation d’aujourd’hui ne saurait s’accommoder d’une analyse sommaire et superficielle, nombre de facteurs a contribué au pourrissement. Comment peut-on expliquer la passivité d’une région face à l’hydre intégriste, elle qui a été la pionnière dans la résistance citoyenne face au terrorisme islamiste? L’héroïque position du village d‘Igoujdal nous parait bien loin, comme le sont les différentes marches et grèves générales dénonçant et condamnant l’intégrisme et ses bras armés. Les forces politiques, supposées peser dans la région, ont tout simplement tourné le dos aux dangers et ont choisi de s’investir dans des querelles de clochers et de chiffonniers. Ainsi le FFS et le RCD ont passé le clair de leur temps à se crépir le chignon autour d’APW inefficaces et inopérantes. Le parti de Saïd Sadi, jadis à la tête du combat pour la république et contre l’intégrisme, doute, aujourd’hui, de la mort d’un garde communal à Akfadou, assumant, par le biais d’un communiqué de son conseil communal, l’immorale question du “qui tue qui ?“. En politique, la haine n’est pas seulement un kérosène mais provoque immanquablement une cécité durable. Ainsi, la haine tardive du docteur de Bouteflika, l’amène à abandonner les combats les plus nobles au profit d’intrigues et de glissements identitaires que ses militants – ce qui en reste – n’arrivent plus à assumer. Quant au FFS, sa position n’a pratiquement pas changé vis à vis de l’intégrisme. Il considère toujours que l’islamisme est soluble dans la démocratie, et ce malgré la démonstration par 200 000 morts. Ainsi, non seulement la lutte contre l’islamisme n’est pas dans son programme d’action, mais celui-ci constitue un allié de taille dans la déstabilisation du système. FFS et RCD s’inscrivent dans une course effrénée à qui mieux-mieux paraîtra le plus anti Bouteflika, mais en même temps, qui va paraître plus kabyle que l’autre, creuset électoral oblige, et l’apparition du MAK n’est pas fait pour arranger les choses. Ce dernier pousse les deux partis traditionnels à assumer pleinement leur kabylité et abandonner leur” bluff national”. S’agissant du FLN et du RND, force est de constater qu’ils n’ont aucune influence sur l’opinion et la population, au regard de la composante de leurs directions respectives.

Si le paysage politique traditionnel est ce qu’il est, il n’en demeure pas moins qu’une majorité silencieuse, non pas par choix ou par lâcheté existe et attend de nouvelles structures aptes à porter l’idéal républicain et assumer clairement le combat contre l’obscurantisme.

La situation en Kabylie se complique d’avantage par la suspicion, distillée et revendiquée par les forces politiques implantées dans la région, concernant une volonté du pouvoir à pousser au pourrissement. Malgré les efforts déployés par l’Etat dans le rétablissement de la situation sécuritaire, les martyrs qui tombent encore sous les balles, les bombes des terroristes et les revendications de l’AQMI, les” qui tue qui ?” d’hier, rejoints par les repentis d’aujourd’hui, continuent leur campagne.

Les patriotes de ce pays se doivent de prendre le taureau par les cornes et refuser que la Kabylie ne sombre, petit à petit, dans les méandres du pourrissement et de la banalisation d’une situation qui risque d’hypothéquer l’avenir national et notre destinée commune. La Kabylie, berceau de la lutte armée contre le colonialisme et fer de lance contre l’intégrisme et le terrorisme, ne saurait abdiquer face au défi de la renaissance de ses valeurs fondatrices. Elle trouvera assez de forces, dans chacun de nous, pour la remettre sur pieds et qu’elle puisse redevenir la locomotive de la démocratie et de la République.

I. Ben.

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